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Publié le par RBBR

Manière de voir 96 DÉCEMBRE 2007 - JANVIER 2008


Divertissement, consommation, management

LA FABRIQUE DU CONFORMISME

En vente en kiosque : 7 euros


___________ s o m m a i r e _________________


http://www.monde-diplomatique.fr/mav/96/

Numéro coordonné par Mona Chollet

* Le moral des ménages
Mona Chollet
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/96/CHOLLET/15358

I. CAPTIVER LES MASSES

« A Hollywood, tout est propre. Ils ne jettent pas
leurs ordures, ils en font des émissions de télévision. »
Cette boutade d’un personnage de Woody Allen dit
bien, à sa manière, l’amertume de ceux qui n’ont pas
renoncé au rêve d’un art émancipateur, lorsqu’ils
constatent la puissance dévastatrice dont peut se
charger la culture de masse. Intervenue au début du
XXe siècle, l’extension aux oeuvres de l’esprit du mode
de production industriel a représenté un bouleversement
majeur.

Si, dans les marges de ce système, des formes
originales subsistent ou s’inventent, cette culture
globalisée est elle-même diverse et traversée de
contradictions. Une oeuvre de fiction ne se prête à la
standardisation que jusqu’à un certain point. La
stratégie hollywoodienne visant à ratisser le plus
large possible a ainsi abouti à des productions d’une
telle fadeur qu’elle a provoqué la fuite des
scénaristes les plus talentueux vers la télévision,
pour laquelle ils ont imaginé des séries d’une
indéniable qualité. Les individus constituant les
rouages de cette machine conservent une marge de
manoeuvre qui peut les amener aussi bien à cautionner le
nivellement par le bas qu’à y déposer les oeufs de
coucou d’une vraie créativité.

Les ambitions hégémoniques de cette industrie appellent
des analyses lucides ; mais sa pénétration dans toutes
les sphères de la société ne permet plus de se
satisfaire d’une position « de surplomb ». Pour faire
mouche, la critique doit se fonder sur une connaissance
en profondeur de son fonctionnement, comme des
pratiques auxquelles elle donne lieu.

* Art et argent, histoire d’une soumission
Armand Mattelart

* Le désir asphyxié, ou comment l’industrie culturelle
détruit l’individu
Bernard Stiegler

* La « culture Disney » à l’assaut de l’Europe
Yves Eudes

* Un cinéma à deux vitesses
Carlos Pardo

* La science-fiction à hauteur d’époque
Valerio Evangelisti

* MTV, la chaîne musicale qui zappe toute seule
Y. E.

* Les écrans du mépris
Martin Winckler

* Laboratoire russe pour un théâtre public
Béatrice Picon-Vallin


II. SÉDUIRE LE CLIENT

Tel le chat au sourire étincelant d’« Alice au pays
des merveilles », la figure tutélaire de M. Silvio
Berlusconi, bien avant de se mêler de politique,
régnait sur l’univers de la consommation. En Italie, sa
société Fininvest a longtemps possédé à la fois les
grands magasins Standa et les chaînes privées qui
invitaient le téléspectateur à s’y ruer. En même temps
qu’une évasion du quotidien, l’industrie du
divertissement vend des attitudes, des valeurs, des
modes de vie... et leurs symboles consommables. Au sein
de l’Union européenne, la directive « Télévision sans
frontières » devrait généraliser dès 2008 le « placement
de produits », déjà courant aux Etats-Unis,
qui consiste à rendre bien visible, contre
rémunération, la marque d’un objet dans un film ou un
feuilleton.

La consanguinité du cinéma et de la publicité remonte
au film réalisé par les frères Lumière pour un
champagne, en 1904. De nombreux réalisateurs se sont
prêtés à l’exercice du spot publicitaire sans avoir le
sentiment de se renier. Cependant, l’idéologie de la
consommation, son univers aseptisé, manipulateur et
mensonger, sa façon de plier à sa logique toutes les
activités humaines, de détruire le caractère propre des
villes comme de leurs abords pour les saturer
d’enseignes clinquantes et interchangeables, font
naître une certaine exaspération. La portée des
critiques est atténuée par les médias, qui dépendent de
leurs annonceurs, et par les pouvoirs publics, plus
empressés à défendre les intérêts des industriels que
ceux de leurs administrés. Cette contestation oblige
néanmoins le système à ruser pour tenter de la contenir
et de la récupérer.

* Spectateur et publicité, un mariage forcé
François Brune

* Publicis, héraut de la mondialisation heureuse
Marie Bénilde

* Les enfants en première ligne
M. B.

* Vraie et fausse gratuité
Jean-Louis Sagot-Duvauroux


* Consommateurs sous influence : l’irrésistible
perversion du besoin
Franck Mazoyer

* Restaurants rapides pour société sans classes
Rick Fantasia

* Rébellion en solde au centre commercial
Thomas Frank

* L’« antipub », marché porteur
F. B.

* De la résistance des choses peintes
John Berger


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latine, femmes, mondialisation, médias, Etats-Unis, crises
du Proche-Orient, etc. Il offre aussi au lecteur tous les
éléments indispensables (chronologies, cartes,
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III. MOTIVER LE TRAVAILLEUR

Forcené au point d’en être légèrement inquiétant,
l’optimisme de rigueur dans l’univers de la
consommation se retrouve dans l’entreprise. On ne
consomme pas pour assurer sa subsistance, mais pour
communier dans le mythe d’un progrès incessant et
providentiel, pour afficher les signes du bonheur et de
la réussite ; on ne saisit pas une offre d’emploi par
nécessité, mais pour prendre part à une « grande
aventure », « se réaliser », « se dépasser ». Né des
recherches d’Elton Mayo dans les années 1930, le
management participatif, à travers les « boîtes à idées »
et autres « cercles de qualité », cherche à enrôler
jusqu’au tréfonds des individus au service du dessein
patronal, et leur interdit de conserver la moindre
distance critique vis-à-vis de leur gagne-pain – une
mutation qui, lorsqu’elle se généralise, dans les
années 1980, plonge les syndicats dans un désarroi
durable.

Alors même qu’ils peuvent être licenciés du jour au
lendemain, les salariés sont donc invités à
s’identifier totalement à l’entreprise. Plus les
richesses créées désertent leurs poches, et plus la
culture interne nie les intérêts divergents, voire
antagonistes, du capital et du travail, pour mettre en
scène la poursuite exaltante d’un but commun. Plus le
travail se fait rare, précaire, pénible et mal payé,
plus il est censé combler à lui seul toutes les
aspirations existentielles des individus. Mais la peur
du chômage – et, peut-être, l’absence d’idéal
alternatif – limite les possibilités de rébellion. Elle
dispense aussi les employeurs de précautions excessives :
la surveillance – optimisée par les nouvelles
technologies –, les entretiens inquisiteurs, les
règlements tatillons, laissent souvent leurs cibles
sans illusions sur leurs réelles possibilités
d’« épanouissement » dans ce contexte.

* La tentation du « loft management »
Stéphane Haefliger

* Joyeuse surexploitation aux Etats-Unis
Ibrahim Warde

* Repenser la place du travail
Jacques Robin

* Léon Tolstoï, consultant en entreprise
Christian Salmon

* Ouvriers sous surveillance
Benjamin Coriat

* Des salariés pris au piège du consensus
Danièle Linhart et Robert Linhart

* Les syndicalistes français face à la logique
participative
Maurice Najman

* L’utopie au miroir de décembre 1995
Edgar Roskis

* Un nouvel ordre
Herbert Marcuse


BIOGRAPHIES

Gilles Deleuze. Le théoricien des sociétés de contrôle (O. P.)
Theodor Adorno. Le père de l’école de Francfort (O. P.)
Asa Griggs Candler. Au nom de Dieu et de Coca-Cola (M. C.)
Edward L. Bernays. L’inventeur du marketing (M. C.)
George Elton Mayo. Le psychologue de la motivation (M. C.)
Daniel Goleman. Le culturiste émotionnel (M. C.)


ICONOGRAPHIE

Sauf mention contraire, les photographies qui
illustrent ce numéro sont de Dolorès Marat.


INFOGRAPHIES

Cécile Marin

Des groupes multimédias omniprésents
Six mastodontes de la publicité


DANS LES LIVRES


* « Les Sentiments du capitalisme », d’Eva Illouz
L’ère des psychologues

* « L’Ecran et le Zoo », d’Olivier Razac
Téléréalité : l’art du dressage

* « Propagandes silencieuses », d’Ignacio Ramonet
En contrebande

* « La Société de consommation », de Jean Baudrillard
Attendre que le bonheur se pose

* « Les Boîtes », de René Péron
Zola même fut conquis...

* « Non-Lieux », de Marc Augé
Perdus dans l’« espace »

* « United Emmerdements of New Order »,
de Jean-Charles Massera
« L’imaginaire d’un cadre comme votre mari »

* « Produisez, consentez ! », d’Etienne Rodin
Le mode d’emploi du cerveau


DOCUMENTATION

Olivier Pironet

Essais
Sur la Toile


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