"José Bové renonce à linvestiture antilibérale"
http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-11-25/2006-11-25-841014 [ Source ]
Des obstacles surmontables
Avec le retrait de la candidature de José Bové, annoncé par lettre aux collectifs unitaires, le processus de désignation du candidat de la gauche antilibérale connaît un nouveau soubresaut. On sait depuis l’origine de ce processus que cette désignation peut être le point d’achoppement de la démarche engagée. La personnalisation des institutions est un obstacle sur la route de forces qui parient sur une unité respectueuse de la diversité des sensibilités qui la composent. À deux semaines de la réunion nationale des collectifs des 9 et 10 décembre, chargée d’arrêter un choix pour pouvoir enfin entrer en campagne, la question la plus importante est de savoir si cette décision du leader paysan risque ou non de faire capoter l’aboutissement attendu. Il faut évidemment espérer le contraire, car l’entrée en campagne de la gauche antilibérale est non seulement de plus en plus nécessaire après la désignation de Ségolène Royal, mais de plus en plus attendue.
De ce point de vue, les attendus de la lettre de José Bové, selon lesquels « les forces de division l’ont provisoirement emporté sur les forces de l’unité », argument qui fonde sa décision de ne plus briguer l’investiture, risquent de surprendre bon nombre de membres des collectifs locaux. Sur le terrain, l’heure est plutôt à l’élargissement. Les meetings et autres initiatives publiques connaissent des succès prometteurs. L’évolution de la situation à gauche incite à amplifier le rassemblement entrepris. L’encouragement apporté par le socialiste Jean-Luc Mélenchon lors du meeting unitaire de Montpellier, l’appel lancé en début de semaine par Marie-George Buffet aux femmes et aux hommes de gauche vont dans ce sens. Enfin, la percée électorale des antilibéraux néerlandais, sur la lancée de leur propre victoire du « non » lors du référendum sur le traité constitutionnel européen, montre que le sillon creusé ces deux dernières années peut se révéler fécond. Renoncer aujourd’hui serait incompréhensible.
D’ailleurs, dans la construction collective du rassemblement, la volonté unitaire a toujours jusqu’ici levé les obstacles. Une stratégie, visant à gauche une majorité politique de rupture avec le libéralisme, et un programme ont été adoptés. Et c’est sur ces bases que le débat de candidatures se mène. Les collectifs ne cherchent pas une candidature providentielle, mais une femme ou un homme capable de déployer en leur nom une ambition et une démarche. Aucun nom en débat ne pouvant les incarner à lui seul, le principe d’un collectif de porte-parole représentatif de la diversité du rassemblement est déjà acté par tous. C’est aussi pourquoi le processus de désignation s’attache un peu partout à trancher ce débat de candidatures en rassemblant tout le monde pour la suite, au-delà du choix de tel ou tel.
Sauf à donner crédit à l’idée qu’une candidature issue de parti est par nature disqualifiée pour rassembler - ce qui, on le sait, fait partie des opinions en présence - d’un seul l’examen sans préalable des candidatures apparaît désormais capable de franchir le cap dans l’unité. Le renvoi dos à dos des responsabilités de la LCR et du PCF ne peut convaincre. Les actes parlent d’eux-mêmes. La LCR assume son cavalier seul en le justifiant par son désaccord explicite avec la stratégie et le programme adoptés. Le PCF, quant à lui, est tout entier mobilisé sur cette démarche. José Bové s’est engagé dans une impasse en plaidant sa candidature au nom de ce parallèle imaginaire. Poursuivre dans cette voie serait aller dans le mur.
À l’évidence, conduire à terme le processus dans les collectifs locaux est une garantie pour aboutir avec succès.
Dramatiser le choix de la candidature pour en imposer une ou en refuser une autre conduirait à l’échec. Un nom va se dégager et l’unité devra prévaloir pour construire, autour de la stratégie commune, du programme adopté et du nom retenu, une campagne réellement collective.
Pour l’heure, le débat continue. Formons le voeu qu’il se conclue positivement et dans la sérénité les 9 et 10 décembre. Le temps presse.