Penser sans entraves
Annie Leclerc, écrivaine
En 1974, avec Parole de femme, le féminisme faisait un pas de côté. Annie Leclerc s’y préoccupait davantage de revaloriser tout ce qui s’attache traditionnellement au féminin, et qui lui semblait précieux non seulement pour les femmes mais pour la société tout entière, que de s’emparer des prérogatives des hommes. Détestant les machos, elle revendiquait certes la liberté d’avoir accès, autant qu’un homme, à tout ce qui compte - la pensée, par exemple : elle est enseignante de philosophie. Mais elle se méfiait des bouffonneries vaines du carriérisme et du pouvoir, auxquelles elle préférait les joies obscures du quotidien. Récemment réédité, ce coup d’éclat d’une femme « entichée de vie » est plus que jamais d’actualité, au moment où le travail suscite des souffrances de plus en plus grandes et où le piège du carriérisme se referme sur les femmes comme sur les hommes. C’est aussi cette foi tenace dans la vie et ce goût de la réflexion sans concession qui ont animé Annie Leclerc, plus intéressée par ce qu’il y a à comprendre que par les jugements péremptoires, lors de ses quinze années d’atelier d’écriture en prison. Elle vient de les raconter dans un livre tranquillement subversif, d’une sagacité imparable : L’enfant, le prisonnier. Rencontre.
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