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HAMMOUR , LE "ROHMAN" Feuilleton littéraire sur Bellaciao ! 
Préface et 1er épisode (à suivre !…)

Bonjour !...  Bellaciao vous offre une nouveauté : un feuilleton littéraire, à publication hebdomadaire, chaque Dimanche soir...

(Les éditeurs intéressés peuvent contacter Bellaciao qui transmettront à l’auteur…)

HAMMOUR , LE "ROHMAN", par Sirieix

« Je conteste qu’une chose aussi inutile que la souffrance puisse donner des droits quels qu’ils soient, à qui que ce soit, sur quoi que ce soit. »
(L’Arrache Cœur, Boris Vian, deuxième partie, chap. III)

de Zaza la Hyène et Bellaciao

Préfhommage

Il y a mille manières de faire passer un message intemporel et universel.

Il y a mille façons de dénoncer la bêtise, et les suicides collectifs auxquels conduisent le manque de réflexion et le manque de coeur.

Il y a également mille moyens de dire et de montrer à ceux que vous aimez, quelle est l’étendue de votre attachement. De votre « Hammour ».

Sirieix nous livre un premier roman qui n’en est pas un (d’ailleurs, c’est un « rohman »), un livre digne de Vian dont, il est, à l’évidence, l’héritier en droite ligne, celui que l’on n’attendait plus.

Ici, pervench’mollahs et autres monstruosités géniales n’ont rien à envier aux trumeaux et à la foire aux vieux de « l’Arrache-Cœur ». Mais en version anarchisante et politique.

« Hammour », que vous allez découvrir progressivement (bandes de veinards !), en le « feuilletonnant », le dégustant, avec angoisse, attente, avidité, de semaine en semaine, sur ce site, est un roman, non pas de science-fiction, mais une pure œuvre surréaliste, qui nous renvoie l’image condensée de notre monde en plein visage, de manière hyperréaliste.

Pour jouir (et nous employons le terme au sens strict), pour jouir de ce magnifique « rohman », la condition « sine qua non » est d’accepter de faire tomber tout les préjugés que l’ont peut avoir sur ce que doit être une œuvre littéraire.

Il faudra aussi accepter d’apprendre, au fil des lignes, un nouveau langage, (qui ne saurait se résumer à une succession de néologismes mais au contraire est une création répondant à certaines règles) – parfois, il vous faudra dire le mot à haute voix pour en saisir la jubilatoire facétie – vous aurez peut être l’air un peu con devant votre ordinateur ou couché à côté de votre chéri ou de votre femme, mais « waow » quel pied quand votre cortex aura imprimé le sirieix !

Il faudra enfin accepter de vous projeter aussi et de jouer le jeu de la catharsis (car le roman est à la limite du scénario de film).

Alors, si vous entrez ainsi dans l’œuvre, c’est-à-dire, en vous laissant entrer également par elle, vous allez RIRE – rire comme des tordus, des bossus, des baleines.

Vous allez rire à en avoir mal –

Mal aux mâchoires. Et mal au cœur.

Rapidement, ce rire vous fera venir les larmes aux yeux, parce qu’il vous aura révélé avec doigté mais sans pitié, la méchante absurdité de notre monde et la part que nous prenons à la perpétuer…

On ne peut lire ce magnifique « Rohman » sans avoir la gorge serrée de plaisir et d’émotions.

Son courage, c’est notre lâcheté.

Nous le relisons souvent, ou par passages, (et c’est pas peu dire) – par besoin, maintenant que le tunnel glauque dans lequel nous errions déjà passablement vient de s’obscurcir et de se rétrécir davantage.

Il y a longtemps, à dire vrai, que nous n’avions pas pris un tel direct littéraire.

Vous apprécierez au passage la très belle peinture politico -psychologique de certains personnages « historiques », comme cette épouvantable Septicemia, ou ce Président qui pourrait être Hongrois (hongrois même qu’il l’est d’ailleurs…).

Là (ce rohman ayant été écrit en 2005), Sirieix a carrément fait œuvre de visionnaire – ce qui prouve qu’il est bien un poète et « à l’égal des dieux » donc.

Sans doute, parfois, vous serez agacés par l’obsession symétrique d’Hugo et certains atermoiements, puis, progressivement, vous le comprendrez et vous regretterez de ne pas lui ressembler juste un peu plus.

Nous vous laissons à présent pour de longues semaines en compagnie d’Elyah, de Vernon, d’Hugo Vagzet et des autres, et nous finissons cette préfhommage en vous transmettant un message de l’auteur :

« Je veux bien qu’on me découpe, qu’on me pioche, qu’on me copie, qu’on me zmzise... Mais s’il vous plaît, n’oubliez pas, lorsque vous vous servez de mon texte , volontairement en accès libre et gratuit, de citer, tout simplement, le titre du roman et le nom de l’auteur : ‘Hammour – rohman, par Sirieix’. Merci »

Accrochez-vous, c’est parti…

Zaza la Hyène et Bellaciao


HAMMOUR
Première partie
-Symétrie-

"Hé ! Qu’est-ce qui explose dans ma nasse ?
Des galaxies qui passent ?
Et je râle ! Et je crache ! Et je râle !
Et je crache plus loin que le lointain
J’ai le cœur qui dépeint la symphonie du temps..."
Cap’taine Décamps

Ω : L’aiguille à la bouche

Il préférait désormais l’écran de son ordinateur à la lumière du jour.

L’ouverture des volets n’était plus qu’un vague rituel parmi tant d’autres, qui n’influerait en rien sur le cours d’une journée dont quoiqu’il advienne il ignorerait date, temps et sens. Il se leva encore tout habillé de la veille et taxa machinalement l’aiguille des heures à son réveil : il en avait besoin pour touiller son café.

Téléguidé par quelques brumes familières, il s’activa autour du distribugaz en fredonnant, du lynx au larynx, « Le fond de l’air effraye ».

La décision comme quoi il caillait trop pour se laver tomba à breuvage mi-bu. Il renonça d’autant plus volontiers à ses ablutions qu’il concevait mal l’idée de se doucher avec en main une tasse où ferait trempette du métal thaywanais.

Il s’acquitta donc de ses diktats biologiques et alla pour entamer son quotidien d’écrivaillades lorsque, d’un regard encore copieusement chassieux, il repéra deux minuscules digichiffres qui semblaient le narguer à tribord toute de la barre-à-brac de l’écran.

Il écarta à priori tous les subterfuges informatiques d’usage – auxquels, decoubertinades ou pas, il aurait de toute façon eu beaucoup de mal à recourir – et décida d’affronter ces pixels moqueurs à la loyale.

Girurchien, il découpa un petit bout de scotch noir et le plaqua de façon à épargner la portion égrenant les minutes.

Il avait un certain sens de la Justice.

Et surtout, de la Symétrie...

Hugo était une nature faussement optimiste sur le retour, tantôt pointilleuse, tantôt abdicataire, toujours encline aux introspections surprise.

Il avait connu maintes éclipses dévitalisantes, mais s’en était toujours accommodé, histoire de négocier au mieux ces laborieuses reconstructions de soi que l’on sait être aussi inéluctables qu’agaçantes.

« Chicanes de vie », nommait-t-il ces instants tannés...

Le deuxième café avait un petit arrière-goût de ferraille qui ne lui déplaisait point. Il en espérait quelques ailes pour une fantaisie qu’il jugeait dernièrement trop fantassine, trop liée à ces matrices de médiocrité dont il avait fait large étal de par le passé, et qui avaient tour à tour fait de lui un médiocre zicos, un pompiste médiocreux, un peinturlureur médiocrisant, un barman médiocrispé et ainsi de fuite.

Sa géode privée reflétait de même un panorama loin d’être imprenable : il avait été à plusieurs reprises un kompagnon vraisemblablement médiocre – sinon comment expliquer brièveté et faible intensité de ses amours passés ? –, ainsi qu’un kamarade certes attachant mais trop décalé, laissant confluer en un chichissime pool d’amis non troppo quelques êtres triés au gré d’ondoyants critères.

À présent il tentait de retranscrire, en quelques brefs récits plats et malingres, un vécu qu’il se refusait paradoxalement à considérer comme tel, et devenir peut-être ainsi ce génial écrivain médiocre que le Tout-Suburbya semblait si bien faire semblant d’attendre...

Il en était là de ses sirotements aigris-métal lorsque le portable vibra dans la poche de son falzahr, à même la spermosphère droite…

(A suivre)


De : Zaza la Hyène et Bellaciao
dimanche 28 octobre 2007

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Publié dans LANGUES DU MONDE

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