Le programme nucléaire iranien remonte à 1974. Il comportait bel et bien une dimension militaire, mais nul n’y trouvait à redire puisqu’il s’agissait de contrer l’URSS.

Publié le par R.B

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[...] C’est dans ce contexte chargé que l’Iran a voulu se doter de l’arme nucléaire dès l’époque du Shah. Les Américains y étaient favorables, pour dissuader une éventuelle attaque soviétique sur la frontière nord du pays, qui se trouvait être, avec son prolongement afghan, la seule ligne de défense occidentale au contact de l’URSS non garantie par le nucléaire.

Ce fut la France qui se chargea, avec l’usine Eurodif, de fournir aux dirigeants iraniens de l’époque les moyens techniques initiaux. Par ailleurs, l’Iran entrait alors auprès de la France dans le capital d’Eurodif, un consortium européen d’enrichissement de l’uranium, et obtenait le droit de prélever 10 % de la production, à des fins civiles, de l’usine de Pierrelatte (qui à elle seule devait couvrir un tiers des besoins mondiaux). Parallèlement, l’Iran a prêté 1 milliard de dollars à la France, par le canal du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Le remboursement de cette somme devait commencer dès la mise en service d’Eurodif, c’est-à-dire en 1981. [...]

[...] Les États-Unis, malgré le bluff des rodomontades, n’ont ni les moyens militaires, ni les moyens politiques (la stabilité de l’Irak serait en jeu), ni même les moyens financiers de la riposte : un simple blocage ponctuel du Golfe persique entraînerait un doublement du prix du brut et une chute en vrille du dollar. Engagés en Irak, en Afghanistan, dans plusieurs pays d’Afrique, en Indonésie et aux Philippines, les États-Unis ne peuvent aujourd’hui conduire une guerre terrestre contre l’Iran. Quant au régime islamiste de l’Iran, pour éviter cette guerre terrestre, il a décidé de fixer militairement les États-Unis en Irak. En témoignent les opérations qui se traduisent par l’encerclement, voire le bombardement de villes irakiennes. [...]

[...] Les principaux dirigeants iraniens et en particulier l’actuelle faction au pouvoir sont convaincus que « l’Amérique est coincée » à cause du fiasco irakien ; de la menace que représenterait pour les États-Unis un engagement massif des populations chi’ites du pays dans l’insurrection au côté des sunnites ; de la rapidité de la détérioration de la situation en Afghanistan ; du chaos en Palestine ; de la permanence de la menace terroriste que soulignent les récents attentats d’Égypte et la réapparition de Ben Laden ; de la crainte de l’utilisation de l’arme pétrolière ; du coût de plus en plus élevés des opération militaires lancées par Bush ; de l’évolution de l’opinion publique aux États-Unis même.

On pourrait y ajouter l’exaspération de l’antiaméricanisme dans le monde entier, le refus de la Chine et de la Russie, liées économiquement et militairement à l’Iran, de cautionner une intervention armée à laquelle même Tony Blair est opposé ; les défaites successives dans leurs pays respectifs des dirigeants politiques occidentaux qui ont cautionné l’intervention en Irak (l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Norvège et le Japon, etc.) ; la flambée des prix du pétrole qui enrichit tous les adversaires ou concurrents des États-Unis ; et finalement le basculement de quasiment toute l’Amérique latine. Pour toutes ces raisons donc les États-Unis ne peuvent pas prendre le risque d’un conflit de plus. [...]

[...] Officiellement, les États historiques de l’Union européenne (UE) voudraient empêcher les mollahs de disposer d’une bombe nucléaire islamique. Mais plus concrètement, ils voudraient reprendre aux Russes le marché des fournitures nucléaires iraniennes. Dans le rôle du challenger, ils doivent se montrer plus amicaux que les Russes : c’est pourquoi ils peuvent difficilement exiger plus que la suspension des activités nucléaires. Désormais, l’envie de reprendre ce marché très lucratif aux Russes vient se greffer aux actuels et très importants intérêts européens en Iran. [...]

[...] l’Allemagne et la France ont aussi cherché à contrebalancer le bellicisme américain en préconisant des « négociations » et même le gouvernement britannique a déclaré qu’il « n’y a pas d’option militaire » dans cette crise. [...]

[...] Ni la Russie cliente, ni la Chine, qui cherche à sécuriser son approvisionnement en hydrocarbures iraniens, n’hésiteront à faire usage de leur veto au Conseil de sécurité afin de protéger les arrières de Téhéran. [...]

[...] Le ministère russe des affaires étrangères a publié un communiqué selon lequel chaque pays est libre de coopérer avec le pays de son choix, chaque pays doit avoir le droit de décider de la façon et des conditions de sa coopération avec un autre pays. [...]

[...] Enfin, l’impérialisme états-unien a multiplié des bases militaires en Asie centrale, pratiquant un encerclement stratégique de la Chine et visant à contrôler les ressources pétrolifères à la fois contre la Russie et la Chine. Les États-Unis poursuivent une politique d’endiguement de la Chine, en renforçant les liens militaires avec le Japon et en livrant à l’Inde (un pays qui n’a pas signé le Traité de Non-prolifération Nucléaire et qui dispose d’un important arsenal nucléaire) des technologies nucléaires très avancées pour faire contrepoids à la Chine. [...]

[...] Le régime des mollahs sait qu’il peut éviter de « céder » et quand même multiplier les provocations car il se dit qu’il pourra de toutes les manières signer in extremis (avec l’UE ou avec la Russie) pour « empêcher l’escalade » ou pour « sauver la paix ». En revanche, les occidentaux savent qu’ils peuvent laisser la crise s’amplifier car à tout moment ils ont les moyens de bombarder l’Iran et de détruire ses installations... s’ils le jugent nécessaire. [...]

[...] Aujourd’hui, il est certain que régime islamique désire se procurer secrètement la bombe nucléaire comme Israël. Par contre le but du régime iranien n’est pas de détruire Israël comme le camp des va-t-en guerre le prétend. Depuis des années l’Iran a renoncé au mythe de la Révolution islamique dans le monde musulman pour privilégier les intérêts de la classe au pouvoir, la seule préoccupation du régime.


 

 

 

 

Publié dans THÉORIE - PRAXIS

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