Les postiers français en grève
AFP - 14.11.2006 12:18
Les postiers français en grève
contre la libéralisation du courrier

La grève nationale était suivie mardi à 11h00, par 14,7% des postiers, selon la direction, et entre 30% et 40% du personnel, selon les syndicats.
"L'appel à la grève pour la journée du 14 novembre 2006, lancé par CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO et Sud est suivi, selon les premières estimations, par environ 14,7% du personnel de La Poste", a indiqué une porte-parole du groupe.
Elle a ajouté que ce chiffre prend en compte "les équipes de nuit et celles du matin". Il est presque similaire au taux donné par la direction au terme de la grève d'octobre 2005 qui protestait contre les réorganisations et les salaires.
Elle a également précisé que "moins de 1% des bureaux de postes étaient fermés mardi" sur environ 13.000 bureaux de postes en France.
"Les services sont assurés quasiment normalement pour l'ensemble des clients de La Poste", a-t-elle souligné.
Premier syndicat de l'entreprise, la CGT a indiqué de son côté que "30 à 40% des postiers suivaient le mouvement social mardi".
"Avec un postier sur trois en grève, la journée du 14 novembre est fortement suivie. Ce chiffre est comparable à la grève du 4 octobre 2005 qui bénéficiait de la dynamique de la mobilisation de l’ensemble du secteur public", a renchéri Sud-PTT, le deuxième syndicat du groupe public postal français.
Plusieurs manifestations sont prévues en régions. A Paris, une manifestation unitaire doit défiler entre la Place d'Italie (XIIIe) et Bercy (XIIe). Les syndicats, qui ont adressé vendredi au ministre de l'industrie, François Loos, une demande d'entretien, espèrent être reçus.
Les syndicats exigent du gouvernement qu'il s'oppose aux "oukases" de la Commission européenne, qui a présenté en octobre un projet de libéralisation totale du courrier, comprenant l'ouverture à la concurrence du courrier ordinaire d'ici 2009.
En octobre, le Pdg de La Poste, Jean-Paul Bailly, s'est dit favorable à l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché postal en France à condition que ceux-ci "prennent en charge une partie des missions de service public" afin que celui-ci reste de qualité.
Unanimes contre le projet de directive européenne, les syndicats entendent en profiter pour avancer chacun des revendications spécifiques restées jusqu'ici sans effet.
La CGT, Sud, FO, CFTC et CFE-CGC protestent contre la remise en cause par Bruxelles de la distribution du livret A, du régime spécial des retraites des postiers, et de la garantie financière illimitée assurée par l'Etat, et vont insister sur la sauvegarde de l'emploi et la dégradation du service public. "Tout est lié à cette libéralisation dictée par la Commission européenne", justifie Régis Blanchot, secrétaire fédéral de Sud-PTT.
La CFDT réclame en sus la revalorisation des "compléments-Poste", suppléments de salaires accordés aux salariés de La Poste dans certaines conditions, et l'ouverture de négociations locales sur les conditions de travail.
Opposée à la grève, l'Unsa (3% des suffrages aux dernières élections représentatives) a indiqué qu'elle ne pouvait "accepter de suivre un mot d'ordre fourre-tout qui prend prétexte" de la directive de Bruxelles "pour remettre en cause divers projets de La Poste, en faisant fi des négociations engagées avec elle pour que le personnel y trouve son compte".