Victoire pour deux bagagistes de laéroport de Roissy
Victoire pour deux bagagistes de l’aéroport de Roissy
Justice . le tribunal de Cergy-Pontoise a suspendu deux décisions du préfet de Seine-Saint-Denis de retirer les badges permettant l’accès à l’aéroport.
Décision en demi-teinte pour les bagagistes musulmans de Roissy privés de badges depuis plusieurs semaines par le préfet de Seine-Saint-Denis. Alors que sept d’entre eux avaient saisi vendredi dernier en référé le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, celui-ci a décidé hier de suspendre la décision du préfet pour deux d’entre eux, qui vont donc récupérer leurs badges et devraient pouvoir recommencer à travailler sur la plate-forme aéroportuaire. Mais il a rejeté la demande des cinq autres, « en l’état de l’instruction et eu égard aux nécessités de contrôle renforcé de la sécurité dans les zones réservées des aérodromes ». Pour eux, l’affaire sera examinée au fond, mais la procédure prendra plusieurs mois.
« Je suis soulagé, heureux », a déclaré M. Seddiki, employé de CBS (filtrage des bagages), l’un des deux qui vont récupérer leur habilitation, et pour qui le juge des référés a estimé qu’il ne ressortait pas de l’instruction « que l’accès du requérant à la zone réservée constitue une menace ». Pour l’un des cinq rejetés, le tribunal pense au contraire que son « comportement et ses relations peuvent représenter une menace potentielle pour la sûreté aéroportuaire ». Ces décisions s’appuient sur les notes de l’UCLAT (Unité de coordination de la lutte antiterroriste) regroupant des informations transmises par différents services de renseignements à propos de chaque salarié. Au cours de l’audience, les avocats des bagagistes avaient souligné les imprécisions et erreurs contenues dans ces notes, et le caractère parfois très lointain des relations avec des islamistes reprochées aux employés, sans compter qu’un islamiste radical n’est pas nécessairement terroriste !
Forte de cette victoire sur deux dossiers, la CGT a annoncé « la poursuite de la mobilisation des salariés et un mouvement d’ampleur avant la fin de l’année » sur l’aéroport. De son côté la CFDT a dit s’en tenir à des actions en justice.
Par ailleurs, le syndicat CGT de Chronopost a tourné avec un journaliste de Reuters une vidéo démontrant qu’il serait très facile de faire rentrer des explosifs dans la zone réservée de l’aéroport. « Cela montre que ce n’est pas une question de personnes, c’est une question de dirigeants qui ne font pas appliquer les règles de sûreté aéroportuaires », a déclaré Haziz Faddel, délégué syndical de Chronopost, où plusieurs employés musulmans travaillant depuis des années se sont vus retirer leurs badges.
Fanny Doumayrou - http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-11-16/2006-11-16-840413