Nicole Borvo - Sénatrice de Paris - "Les électrices et les électeurs votent toujours « utile ». Et quand vraiment rien ne paraît lêtre, ils sabstiennent. Mais quest-ce qui est utile, et pour q
Au second tour, la seule chose utile à faire pour le monde du travail, pour toutes celles et tous ceux qui n’ont pas de grandes fortunes ou des revenus exorbitants, c’est évidemment de voter sans hésiter ni marchander pour le ou la candidat-e de gauche afin de se donner toutes les chances de battre la droite. Y mettre des conditions est dangereux : il serait irresponsable de contribuer à faire élire un candidat de droite, a fortiori d’une droite aussi ultra libérale et menaçante que celle de N. Sarkozy.
Au premier tour, il s’agit de dire ce que l’on veut, de se prononcer pour une politique. Certains, pourtant, craignent la répétition du 21 avril 2002 et se demandent s’il ne serait pas plus sûr de voter Royal dès le premier tour. Mais la situation n’a rien à voir. Ce qui dominait dans l’électorat populaire, en 2002, c’était la déception à l’égard de la « gauche plurielle ». D’où l’importance de l’abstention et du vote de protestation et de colère. Ce qui marque à gauche l’élection de 2007, au contraire, est le danger de la droite et la nécessité de la battre. Pourtant aujourd’hui, la gauche n’est pas « au mieux » pour le faire.
S’il est donc décisif de rendre clair le fait que 2007 n’est pas 2002 et que l’on peut se saisir sans crainte du premier tour pour choisir une politique, cela ne suffit pas. Encore faut-il convaincre que ce vote du premier tour servira à quelque chose, c’est-à-dire sera utile pour faire gagner la gauche, et aura des conséquences réelles sur la politique qu’elle mettra en œuvre au pouvoir.
Ce qu’attend notre peuple, depuis très longtemps, c’est une gauche qui tienne enfin ses promesses de progrès social et de justice, une gauche qui fasse donc autre chose que ce qu’elle a fait jusqu’à maintenant. Rappelons-nous : le seul fait que Jospin ait affirmé son « droit d’inventaire » à l’égard de la politique de F. Mitterrand, donc sa volonté d’y apporter au moins des corrections, avait créé un espoir qui s’est finalement traduit par la victoire de la gauche en 1997. Malheureusement, cette promesse n’a pas non plus été tenue, et la déception répétée a eu les conséquences que l’on sait.
Pour gagner en 2007, il faut donc que la gauche fasse renaître l’espoir d’une politique enfin nouvelle, c’est-à-dire rompant avec le libéralisme. Manifestement, cela ne viendra pas spontanément de S. Royal. Le « trou d’air » de sa campagne n’est pas une question de circonstances. Il est la conséquence d’une orientation politique La candidate socialiste assume le « social-libéralisme » du PS et confirme logiquement son « oui » au traité constitutionnel européen. Et elle en rajoute, par exemple en parlant « ordre » tandis que Sarkozy parle « social ». Résultat, Bayrou a le vent en poupe.
Pour faire gagner la gauche, il faut redresser le tir. Il faut que la gauche ait un projet de gauche. Le vote pour Marie-George Buffet est le seul qui aura cette signification : il exprimera sans ambiguïté que la gauche doit se rassembler sur un programme de justice et d’efficacité sociale et qu’elle doit se doter d’un gouvernement et d’une majorité déterminés à l’appliquer. Il est donc à la disposition de toutes celles et tous ceux, quelles que soient leurs sensibilité à gauche, qui veulent la justice sociale et le progrès, qui veulent que l’intérêt général prévale sur le CAC-40. Cela concerne la gauche qui a voté non le 29 mai 2005, et plus généralement les millions de nos concitoyens qui ont besoin que la gauche réussisse. Ce vote dira donc qu’il faut avoir le courage de se donner les moyens de cette réussite : de grandes réformes de la fiscalité, des prélèvements sociaux et du crédit, une 6ème République pour donner plus de pouvoirs aux citoyens et aux salariés, et l’engagement résolu de la France, notamment en Europe, pour commencer sérieusement à desserrer les fameuses « contraintes internationales ». Il dira la volonté de réussir dès 2007, et dans la durée.
Plus ce vote pour Marie-george Buffet sera important au premier tour, plus il sera décisif pour la suite. En confirmant le choix du « non » le 29 mai 2005, majoritaire dans toute la gauche, il constituera un véritable événement politique : une rébellion électorale et populaire contre la dérive social-libérale de la gauche. Aucune force de gauche ne pourrait ignorer un tel événement. Et aucun gouvernement de gauche ne pourrait gouverner sans en tenir compte. C’est en créant ainsi une situation nouvelle à gauche qu’il ouvrira l’espoir d’une alternative, condition de la mobilisation et de la victoire au second tour.
Nicole Borvo,
sénatrice de Paris, Présidente du Groupe CRC.
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