GENICA BACZYNSKI et RÉGIS DEBRAY
jeudi 22 février 2007

de Régis Debray, écrivain et philosophe
Indifférence des paumés. Goguenardise des rupins. Dépeçage du marché en lobbies, communautés et minorités. Ciblage de souffrances à consoler, avec panels échantillonnés. Le vote comme transaction entre un vendeur et un consommateur. Marketing et clientélisme sonnent l’arrivée d’une transatlantique élective dont le lancement en France remonte aux années Valéry Giscard d’Estaing. Un ultime cran d’arrêt à faire sauter : le spot payant, et nous serons à bon port. Aux normes. En Amérique.
D’où l’ingrat dilemme du vieil Européen habitué aux volumineuses brochures, débats d’idées, choix de société et autres lunes trompeuses mais gratuites : passer le tee-shirt du supporteur ou bien relire Flavius Josèphe dans son transat. Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités ? Soit. Mais, quand la réalité devient virtuelle, la posture substance et la réclame programme, la politique pour de bon devient apolitique : un sport professionnel, parmi d’autres. L’enjeu de ce mercato ? La poursuite du jeu. Après deux siècles de messianisme laïque (de la prise de la Bastille à l’écroulement du mur de Berlin), voici le retour en douce de l’éternel retour, non plus celui des saisons mais des matchs à date fixe. Lire la suite - Commenter l'article
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jeudi 22 février 2007

de Genica Baczynski
Trois employés d’un département d’études de chez Renault se sont suicidés en quelques mois. Trois anonymes. Trois hommes qui ont considéré qu’ils souffraient d’un déficit d’existence et qui malgré les amitiés et les affections que leur dispensaient leurs proches ont considéré que la vie était trop difficile, pour ne pas dire insupportable.
Le dernier d’entre eux a laissé une lettre à sa femme. Il y accusait l’entreprise qui l’employait ou le maltraitait. C’est ainsi. Aujourd’hui, où l’on vend le servage sous une forme à peine améliorée, où l’on programme une extension de l’exploitation, où l’on soumet tout un peuple de travailleurs à des lois économiques aussi absurdes qu’arbitraires.
Il n’y aurait pas à chercher très loin, chez Marx, par exemple, pour comprendre qu’un système aveugle et sourd exige chaque fois davantage des individus qu’il emploie et qu’il finit, d’une manière ou l’autre, par coloniser leur esprit. Que penser d’une époque où l’on constate que le suicide n’a cessé de croître depuis des décennies ? Lire la suite - Commenter l'article
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