BAYROU a été ministre dÉdouard Balladur en 1993, et soutient ce dernier à lélection présidentielle de 1995 avec Nicolas Sarkozy.
Face à l’offensive de la droite et de l’extrême droite, les électeurs attendent de la gauche des propositions antilibérales, de nature à répondre à leurs attentes.
Après cinq ans d’un gouvernement de droite qui, avec diligence, a appliqué le projet du MEDEF et franchi toutes les lignes jaunes pour imposer une politique ultra-
sécuritaire, la gauche était presque assurée d’une victoire.
Atout supplémentaire, avec le référendum du 29 mai, la victoire contre le CPE, l’explosion de colère de la banlieue, le débat politique retrouvait des couleurs. Des milliers de jeunes s’inscrivaient sur les listes électorales. Cet état d’esprit n’a pas changé.
Toutes les enquêtes d’opinion indiquent que les questions qui touchent la vie quotidienne et notamment l’emploi, le pouvoir d’achat, la protection sociale, les droits politiques et sociaux, restent aux premiers rangs des préoccupations. Au point de marginaliser les thèmes idéologiques cultivés par la droite, de l’insécurité à l’immigration, qui avaient pris le dessus lors de l’élection présidentielle de 2002.
L’élection intéresse, une grande exigence de débat sur les programmes se manifeste.
Pourtant la campagne ne reflète en rien cet état ddémocratique. Dans cette sorte de course de petits chevaux étalonnée par des sondages en rafales à laquelle on assiste, un scénario imprévu se dessine : un candidat de droite, François Bayrou, se présente en favori.
Les débats de contenus s’effacent et le choix proposé aux électeurs de gauche semble de plus en plus limité à une seule question : comment éviter l’élection de Nicolas Sarkozy ? En réalité, la campagne donne lieu à une offensive de la droite contre toute idée de transformer la société.
La gauche a du mal a lui résister. Qu’est-ce qui peut la relever ?
UN PIÈGE INSTITUTIONNEL
En premier lieu, il s’agit de mettre à jour le piège du système institutionnel avec en son coeur l’élection présidentielle. Il montre son incapacité à répondre aux besoins démocratiques quand les citoyens aspirent à un débat politique de contenu.
Le quinquennat et l’inversion du calendrier, qui fait procéder d’abord à la présidentielle et ensuite aux législatives, ont poussé le système en farce démocratique.
On élit un homme ou une femme, ni une politique, ni une majorité. Et ce sera cette personnalité à qui, ensuite, il faudra donner une majorité pour qu’elle applique sa politique ! Celui qui se fond le mieux dans ces institutions est finalement François Bayrou. Il se revendique sans programme, hors du système, sans majorité constituée d’avance. Voter pour lui c’est signer un chèque en blanc.
Hors ce chèque serait donné à un politicien de droite ultralibéral. Il a été ministre d’Édouard Balladur en 1993, et soutient ce dernier à l’élection présidentielle de 1995 avec Nicolas Sarkozy. Il est ministre d’Alain Juppé dans ses deux gouvernements jusqu’en 1997. Il a fusionné le CDS dont il était président avec le parti social-démocrate d’André Santini et le mouvement Démocratie Libérale d’Alain Madelin. Depuis 2002, il vote les lois Fillon sur les retraites et tous les budgets UMP sauf le dernier, fait campagne en faveur du TCE. Au coeur de son projet, la suppression de la dette publique revient pratiquement à réduire à néant le rôle de l’État. C’est le projet ultra libéral par excellence. Tous les élus UDF le sont conjointement avec l’UMP et l’investiture du parti de Nicolas Sarkozy.
RELEVER LE GANT DE LA GAUCHE
La gauche résiste mal à cette offensive de la droite et de ses deux candidats, parce que la candidate du PS, qui est présentée par les médias comme portant les couleurs de la gauche, incarne la gauche du renoncement. C’est ce qui a déjà conduit à l’échec en 2002.
Marie-George Buffet veut « relever le gant de la gauche », « reprendre le flambeau ». Des calculs politiciens - la recherche d’une recomposition passant par un effacement du PCF - ont empêché la gauche alternative de se rassembler sur une candidature, et ça pèse.
Mais des citoyens, des élus, des syndicalistes, des acteurs de la culture, des militants engagés dans des pratiques diverses, se déclarent aujourd’hui convaincus que le projet et les propositions de la candidate de la gauche populaire répondent aux attentes. Ils n’ont aucune raison de le taire, de renoncer à leur choix. La campagne et le bulletin de vote Marie-George Buffet sont indispensables pour contrer l’offensive de la droite et servir une victoire de la gauche.
Olivier MAYER, l'Humanité 15 mars 2007