*CARRÉ ROUGE* - L’année du "degré zéro de la politique" pourrait-elle être "l’An un" d’une reconstruction politique ? *FRANÇOIS CHESNAIS*

Publié le par RBBR

 


Carré rouge
Le socialisme est le seul but qu'une intelligence
contemporaine puisse s'assigner
(Siniavsky devant ses juges)
Carre Rouge

L’année du "degré zéro de la politique" pourrait-elle être "l’An un" d’une reconstruction politique ?

mercredi 11 avril 2007

Chez des centaines de militants et de militantes de l’extrême gauche et de la gauche anti-capitaliste, « encartés » ou non, le sentiment qui domine en France en ce mois de mars 2007 est que le degré zéro de la politique a été atteint. Ce sentiment est fait d’un ensemble de constats :

• Constat qu’à l’occasion des élections présidentielles les salarié(e) s et les couches les plus politisées de la jeunesse ne pourront choisir qu’entre les deux termes d’une alternative : utiliser leur bulletin de vote pour barrer la route à des hommes de droite et interdire en particulier au plus dangereux d’entre eux d’accéder à la totalité des leviers du pouvoir d’État, ou alors s’abstenir.

• Constat de l’éclatement de l’unité des organisations membres et des porte-parole de la « gauche du non », notamment celle regroupée dans les comités unitaires, et prise de conscience du degré auquel cette unité était factice au niveau des « États-majors ».

• Constat ensuite, plus grave encore pour beaucoup de militants et de salariés, que la confiance, certainement entachée de nombreux points d’interrogation, mais quand même bien réelle, qu’un très grand nombre d’entre eux a accordée aux organisations d’extrême gauche lors du vote de 2002, a été déçue, de sorte que, pour beaucoup de militants et de salariés, il est devenu très difficile de répéter ce vote.

• A ces deux derniers constats est venu s’ajouter, jour après jour, un étonnement gêné face au degré auquel les candidats qui prétendent parler au nom des salariés et de secteurs de la jeunesse et, au-delà de ceux-ci, à tous les dominés et les laissés-pour-compte, se sont coulés dans le moule des institutions de la Ve République. Ils ont accepté les conditions, les normes établies par les médias relatives à la « participation au débat politique » et se sont pliés à la rhétorique politique du « discours crédible ».

• Constat enfin du degré auquel leurs discours, à peine infléchis par quelques paragraphes dans leurs « propositions », sont « franco-français », enfermés dans des débats purement internes, dans une vision étroitement « nationale ».

Le sentiment d’avoir ainsi atteint en 2007 le degré zéro de la politique peut-il ouvrir la voie à la formulation par un regroupement initial de militants et de militantes qui se fixeraient cette tâche commune, de l’exigence que les bases d’un processus de reconstruction politique soient jetées ? L’année 2007 peut-elle être un point de départ dans cette voie, ou s’avérera-t-elle n’avoir été qu’une simple étape dans une plongée encore plus profonde vers le bas ? C’est dans l’espoir (espoir très, très mesuré au regard de l’expérience) que la première hypothèse l’emporte que cet article est écrit.

Se réapproprier « les fondamentaux » de l’engagement politique révolutionnaire

Bien que l’expression « les fondamentaux » fasse très « mode », je l’emploierai quand même pour désigner quelques grands blocs d’idées qui pourraient être réappropriés et reformulés par tous ceux qui voudraient continuer à utiliser, sans le galvauder, le mot « révolutionnaire » dans un sigle ou dans un programme. D’autres que moi auront une liste différente, ou ne s’exprimeront pas de la même façon sur les éléments que j’énumère, mais c’est précisément de cela qu’il s’agirait de commencer à parler ensemble. Les « fondamentaux » que je vois sont les suivants.

• L’horizon décisif de l’engagement politique, celui qui vient ensuite éclairer l’activité militante sous toutes ses facettes, mais qui est le seul qui mérite l’appellation « révolutionnaire », est celui de l’émancipation sociale, synonyme d’émancipation humaine, dans le travail, mais aussi dans l’ensemble des sphères de la vie sociale. C’est cet objectif que les révolutionnaires du 19e et du début du 20e siècle assignaient au socialisme ou au communisme.

• Cette émancipation sociale ne peut être que « l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Il s’agit d’un combat qui engage les salariés, les exploités et les dominés en tant qu’êtres sociaux, mais aussi dans leur individualité. Si l’émancipation sociale ne peut être que « l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », l’action militante a pour fonction essentielle de renforcer par tous les moyens les processus par lesquels les salariés, les exploités et les dominés prennent en charge leur destin, s’approprient leurs combats. L’action militante ne consiste pas à « parler au nom des salariés et des exploités » et de les représenter dans le champ politique, fût-ce avec les meilleures intentions du monde et « mieux » que les autres formations.

La politique n’est pas réductible au mouvement social. Elle a un champ propre, celui où il faut dégager 1/ les conditions politiques institutionnelles « étatiques » pour l’élaboration et la mise en œuvre par « les travailleurs eux-mêmes », des mesures qui donneraient chair au mouvement de la « révolution permanente » menant vers l’émancipation humaine [1], et 2/ le processus politique et le type d’action susceptibles de préparer ces conditions.

• En ce qui concerne ce second aspect, le premier pas de toute stratégie de lutte pour la constitution des moyens politiques « étatiques » de l’émancipation consiste à placer, moyennant un travail approprié, un type déterminé de question au cœur de la réflexion et du débat politique des salariés : « Qui peut le mieux gouverner la société dans l’intérêt du plus grand nombre et des plus vulnérables de ses membres : Des représentants de la bourgeoisie, ou un gouvernement formé par les salariés, les exploités et les dominés ? Comment ce pouvoir, ce gouvernement de la majorité peut-il être organisé ? » Il se trouve que, dans le cas de la France, le moment atteint dans la crise de fonctionnement de la Ve République et le rejet profond de ses institutions qui se développe dans de larges couches de l’électorat créent la possibilité de poser ces questions sous la forme de questions immédiates auxquelles la solution devient urgente.

• Le combat pour l’émancipation humaine ne peut pas être fondé sur des analyses, des appréciations ni même des priorités quant aux questions à régler, qui resteraient enfermées dans un cadre national, pas plus qu’il ne peut être gagné en demeurant dans ce cadre. Il en a été ainsi dès le début du combat contre le capitalisme. La mondialisation du capital, la situation d’extrême urgence provoquée par le changement climatique et les autres dimensions de la crise environnementale multiforme, et les formes contemporaines de la guerre imposent une formulation des questions de caractère « programmatique » dans laquelle « l’international » n’est pas un simple ajout, une pure fioriture. Lorsqu’on est en France, le chaînon fondamental de cette perspective a pour nom les États-Unis socialistes et démocratiques d’Europe ou autre formulation « populaire » de ce terme.

Reprenons ces points de façon un peu plus développée.

Redéfinir le contenu et l’horizon de l’émancipation sociale dans les conditions actuelles

En juin 2003, en plein combat des enseignants et des salariés de la Fonction publique contre la réforme Fillon-Raffarin des retraites, Michel Rocard a publié dans Le Monde un article où il expliquait qu’un gouvernement du Parti socialiste ferait peu ou prou la même politique, non seulement pour les motifs économiques et démographiques avancés habituellement, mais parce que « le capitalisme a gagné ».

Les candidats de la gauche « anti-libérale », mais aussi de l’extrême gauche, ne sont-ils pas eux aussi influencés par cette appréciation ? Ne la partagent-ils pas tous un peu, pour certains même beaucoup ? À la lecture du « programme anti-libéral » des comités du 29 mai, on a le sentiment que c’est sûrement le cas de ceux qui l’ont rédigé, même si le trait « d’horizon indépassable du capitalisme » a été accentué sous la pression du PCF. La même chose est vraie pour le Manifeste, un peu plus radical dans le ton, qu’Attac a préparé avec des difficultés accentuées par les contre-coups de la fraude électorale interne de juin 2006. Mais les trois organisations « d’extrême gauche » ne sont-elles pas également gagnées par le doute ? Les campagnes qu’elles mènent paraissent être marquées, chacune à sa manière, par un singulier manque de certitude sur la question de savoir si le capitalisme a gagné ou non, si le mot « révolution » a pour leurs dirigeants un sens autre qu’une vague référence pour les situer « plus à gauche » que les autres formations. C’est ce manque de certitude qui les paralyse face à cette fameuse « opinion publique » construite par les grands groupes de médias. C’est lui qui les conduit à s’y adapter, à accepter l’idée qu’il faut tenir un « discours crédible », celui qui sera « à gauche » mais à l’intérieur d’un terrain soigneusement délimité par les forces économiques et sociales dominantes. Le manque de certitude quant à la possibilité de réaliser un socialisme vrai, le communisme, est inévitable. Nous le partageons aussi à Carré Rouge. Dans le Manifeste du parti communiste Marx et Engels ont placé la barre très haut. Il s’agissait pour eux de montrer que « les propositions théoriques des communistes ne reposent nullement sur des idées, des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde ». Celles-ci doivent être « l’expression globale des conditions réelles d’une lutte des classes existante, d’un mouvement historique évoluant lui-même sous nos yeux » [2]. Il est évident que cette démonstration ne peut pas être considérée comme ayant été faite une fois pour toutes. Contrairement à ce que pensent encore la plupart des courants « d’avant-garde », tenants d’un marxisme desséché, stérile et sectaire, la démonstration doit constamment être refaite. Surtout lorsqu’on vit un moment historique de changement radical de période du capitalisme comme des conditions de la lutte des classes.

Plutôt que de s’engager dans des formes de Bade Godesberg rampant, il faut travailler pour y voir plus clair. C’est pourquoi les militantes et les militants de quelques collectifs, dont Carré Rouge, ont décidé de mettre leurs capacités en commun pour mener un travail à caractère théorique et politique sous l’intitulé « penser le communisme aujourd’hui » [3]. Le document qui propose ce travail commun est sur notre site (carre-rouge.org). Chacun peut le télécharger et le lire, et il ne peut être question de le paraphraser ici. Je voudrais seulement citer deux paragraphes du début du document.

« [...] L’effort collectif pour (re) penser le communisme aujourd’hui et en montrer l’actualité et la nécessité [est un] objectif [qui] mérite que l’on mette entre parenthèses (ou que l’on accepte au moins de faire passer au second plan) les divergences qui peuvent exister entre celles et ceux qui veulent s’attacher à cette tâche, pour la mener sans prétention mais avec la conscience des nécessités de la situation. »

« L’activité militante quotidienne, concrète, que chacun développe ne peut qu’enrichir les débats, les échanges et les élaborations. Il est cependant devenu urgent de consacrer une partie de son temps et de son énergie à cette tâche politico-théorique, de façon à redonner à ceux et celles qui militent depuis des années la perspective indispensable du communisme, et surtout à pouvoir la transmettre aux nouvelles générations. Les luttes “quotidiennes”, dès qu’elles sont un tant soit peu importantes (et elles tendent aujourd’hui à l’être toutes !) portent en elles une aspiration à une “autre société”, à un “au-delà” du système capitaliste ; elles s’efforcent plus ou moins consciemment de “jeter un pont” vers cette autre société. C’est les amputer, et peut-être les désarmer, que de ne pas travailler à définir le point vers lequel doit être jeté ce “pont” ».

Le Non au référendum et le CPE : l’actualité de l’émancipation comme « œuvre des travailleurs eux-mêmes »

La phrase « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » est l’une de celles qui n’ont été citées que pour être oubliées et souvent même bafouées de façon éhontée. Ce qui a dominé constamment dans le mouvement ouvrier a été, et demeure, le « substitutisme », quand ce n’est, bien pire encore, la construction de positions de domination par rapport à ceux au nom desquels on prétend parler, et dont les premiers pas sont des formes de fonctionnement interne elles-mêmes marquées par ces traits. Les organisations révolutionnaires ont souvent reproduit le « substitutisme ». Dans le cas des organisations trotskistes, celui-ci a pris la forme de la théorisation de « l’avant-garde », qui a marqué certaines d’entre elles plus que d’autres, mais à laquelle aucune n’a échappé. Mais ce n’est pas seulement la théorie du parti « d’avant-garde » qui nourrit le substitutisme. Comme ce fut le cas précédemment pour les partis sociaux-démocrates ou socialistes, comme pour les partis communistes, l’insertion toujours plus profonde des organisations d’extrême gauche dans la société bourgeoise et ses institutions a influencé leur pratique et leur pensée. Cela n’a pas nécessairement été théorisé, mais s’est accompagné souvent d’une baisse de la formation politique des militants. En matière politique, la démocratie parlementaire postule la représentation des salariés, mais jamais leur intervention directe, sauf sous la forme d’effractions (la grève, la manifestation). Le recul de la formation des militants aidant, cette interprétation de la démocratie a été acceptée par les organisations d’extrême gauche. Elle a pris la forme d’une aspiration, certains diront d’une prétention, à « mieux représenter » les salariés et les dominés que les « partis ouvriers traditionnels », au risque d’être entraînés dans la même voie que ceux-ci. Dans le cas de la France, le point d’aboutissement est la participation systématique aux élections présidentielles, dont le principe n’est plus mis en discussion dans les organisations, même si cela signifie prendre part « au jeu de l’incarnation, de la personnalisation » dont André Bellon a rappelé qu’elle est l’un des traits constitutifs de la Ve République (j’y reviens plus loin). Au cours des dernières décennies, de façon parallèle, le substitutisme a été puissamment renforcé par l’appartenance de militants influents de certaines organisations trotskistes à des appareils syndicaux (FO, SNES, FSU, une partie des syndicats Sud), convaincus, sinon imbus de la légitimité de leur droit à « représenter les salariés » et très hostiles à tout « spontanéisme ».

Se défaire du substitutisme n’est pas chose aisée. Cela fait des mois que nous en parlons d’une manière ou une autre dans les réunions de Carré Rouge. Le Manifeste du Parti communiste lui ouvre une porte lorsqu’au début du chapitre II, il attribue aux communistes des qualités particulières, celle d’être « dans la pratique la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres », celle d’avoir « théoriquement, [sur] le reste du prolétariat l’avantage d’une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien ». La tradition trotskiste, dont de nombreux militants et militantes du collectif sont issus, a été marquée par une tension très forte, venant de Trotsky lui-même, entre la confiance mise dans le mouvement propre des travailleurs et le rôle prééminent de la « direction révolutionnaire ». Aujourd’hui, il faut la résoudre en faveur du premier terme. Cela ne signifie pas que les organisations politiques n’ont pas de rôle à jouer, mais il n’est pas celui de « direction révolutionnaire ». Nous vivons un moment historique où il est devenu impossible de définir, comme le Programme de Transition l’a fait, la « crise de l’humanité » comme étant celle de « la direction révolutionnaire du prolétariat ». Cette crise ne peut être résolue que par le prolétariat (les salariés, les exploités, les dominés) comme un tout. Ce sont ceux qui subissent les effets du capitalisme le plus fortement, et c’est aussi seulement d’eux que peut venir la réponse, non en vertu de quelque trait messianique, mais parce qu’ils sont la majorité de la société, sans laquelle aucune transformation ne peut se faire. Les militants en sont une composante, en mesure d’accomplir le type de tâches esquissées plus loin, mais rien de plus. Nous sommes dans une conjoncture historique où rien ne peut plus se dégager de positif politiquement en deçà de l’ouverture d’un processus dans lequel, pour parler comme Trotsky, « les masses brisent les palissades qui les séparent de l’arène politique, renversent leurs représentants traditionnels et, en intervenant ainsi, créent une position de départ pour un nouveau régime » [4]. On peut préférer un autre terme à celui de « nouveau régime » utilisé par Trotsky, et parler comme Castoriadis « de point de départ d’un processus “d’auto-instititution” ou de “ré-institution” de la société » [5], d’un moment « constituant » au sens le plus fort du terme, qui se prolongerait au moyen de mécanismes politiques de débat continu et de contrôle de celles et de ceux auxquels des éléments de pouvoir seraient délégués. De même, dans une autre phrase du même texte, où Trotsky parle de « l’irruption des masses dans le domaine où se règlent leurs propres destinées », il faudrait ajouter, de façon à chasser le substitutisme, « pour les régler elles-mêmes ». Ce sont des mots que ni la formation intellectuelle et politique de Trotsky, ni le moment où il a écrit L’histoire de la révolution russe, ne lui permettaient d’écrire, mais que l’expérience historique et la situation actuelle nous obligent, nous, d’ajouter [6].

Revenons à la France de 2007. La position que je soumets à la discussion est que l’enjeu décisif de la lutte des classes réside dans la transformation d’expressions embryonnaires ou partielles d’auto-organisation, en une volonté centralisée de les porter au plan politique, de façon qu’elles puissent se muer en combat pour l’auto-émancipation. Dans cette perspective, l’action militante serait comprise comme ayant pour fonction non de parler « au nom » des salariés, des exploités et des dominés dans l’arène politique, fût-ce avec les meilleures intentions du monde, mais de s’adresser à eux pour leur dire « telle ou telle mesure (par exemple le refus de continuer à supporter le poids de la dette, et donc la décision d’en proclamer le moratoire, ce qui vaut son abrogation, ou encore la réappropriation, dans l’intérêt de l’écrasante majorité des citoyens, des entreprises de Service public qui ont été privatisées) est à la fois nécessaire et légitime pour telles et telles raisons, mais il n’y a que vous qui puissiez l’imposer au moyen de votre propre intervention, une intervention directe ».

La fécondité possible d’une telle approche me paraît avoir été déjà corroborée quelque peu par des combats récents. Si le Non l’a emporté dans la campagne du référendum contre le TCE, c’est bien parce qu’une partie des militants qui se sont jetés dans la campagne, et même que certains dirigeants ont prononcé des paroles qui appelaient les salariés et les jeunes les plus politisés à prendre en main eux-mêmes le combat contre la Constitution européenne, leur disant que la victoire du Non dépendait d’eux. Ensuite, il y a eu en 2006 inversion du processus, réaffirmation par les directions politiques de leurs « privilèges », mais également résistance de tous ceux parmi les militants qui ont compris l’importance de l’auto-organisation politique. D’autant plus que 2006 a vu une nouvelle « expérience in vivo ». Car le fondement de la victoire des étudiants sur la question du CPE a bien été la prise de conscience de milliers d’entre eux que c’était d’eux, et de personne d’autre au départ, que l’abrogation de la loi Villepin dépendait. Dans les quelques sites de production (par exemple Nestlé à Marseille) où des annonces de fermeture ont été combattues et ont abouti, non pas à un « meilleur plan social » mais au maintien du site, la clef de la réussite a également été la prise en charge de la lutte par les travailleurs eux-mêmes.

On aura compris que je ne tiens pas un discours « anti-orga ». Il y a plusieurs choses importantes qu’une organisation politique peut apporter aux travailleurs, justifiant ainsi son existence : préparer et diffuser sur telle ou telle question importante des argumentaires qui aident à fortifier la conviction des salariés et des exploités qu’il faut engager ou poursuivre le combat (hiérarchiser l’importance des questions devient dans cette approche une question « stratégique » majeure) ; populariser les revendications de secteurs déterminés des travailleurs et aider à leur diffusion et à leur généralisation ; défendre des combats contre les attaques véhiculées par les médias dès que les choses se tendent ; et bien entendu former théoriquement ses propres militants, en sachant que cela les aidera à en former d’autres, et pas simplement pour les « encarter ». Mais le plus important est de mener avec persévérance un travail consistant à appuyer tout ce qui peut fortifier chez les salariés et les exploités le mouvement vers leur propre intervention et la prise en main par eux-mêmes du contrôle des luttes qu’ils engagent.

Lors des grèves, c’est donc aider à la formation de comités de grève et à leur centralisation, et défendre les comités existants contre ceux qui voudraient les déposséder, sinon les dissoudre. Dans les moments qui précèdent l’action, c’est faire tout ce qui peut contribuer à achever de convaincre les travailleurs que beaucoup de choses, sinon tout, dépendent d’eux et d’eux seuls. Cela prend une importance particulière lorsque les travailleurs sont sonnés par l’annonce d’une décision de fermeture et marquent un temps d’hésitation. Aider les travailleurs aujourd’hui, c’est d’abord dire tout haut ce que beaucoup d’entre eux pensent, à savoir que la décision qui les frappe traduit l’irresponsabilité sociale et souvent même l’incompétence manifeste des dirigeants. Celles-ci sont particulièrement claires dans le cas des licenciements chez Airbus, de sorte que la question qui continue à se poser et qui peut toujours être énoncée est la suivante : « l’entreprise Airbus ne doit-elle pas être gérée par les salariés, ingénieurs, techniciens, ouvriers qui connaissent les problèmes de première main, plutôt que par des dirigeants au service des actionnaires ? ». Aider les travailleurs, c’est leur dire ensuite que personne ne peut agir efficacement qu’eux-mêmes : « Toutes sortes de solutions sont envisageables, mais seule votre intervention directe peut empêcher les licenciements ; d’autres salariés et des citoyens très nombreux pourront se joindre à vous, mais au départ tout repose sur vous ». On peut sûrement formuler cela bien mieux, mais c’est cela qu’il faut savoir exprimer.

Le moment de la Ve République permet de soulever la question du gouvernement

La question du gouvernement peut être posée dans différentes circonstances et de différentes manières. Dans certaines circonstances, c’est le mot d’ordre « à bas tel gouvernement » qui la concentre, dans d’autres elle prend la forme d’une pédagogie particulière qui peut ouvrir plus tard sur une dynamique qui exigera bien davantage. Je soumets donc à la discussion que c’est sous cette seconde forme qu’il est possible de soulever la question du gouvernement en France aujourd’hui. Dans les périodes électorales, au moment où dans un pays donné le débat, aussi faussé soit-il, porte par la force des choses sur les questions du type : « quel gouvernement faut-il au pays et pour faire quelle politique dans l’intérêt de qui ? », c’est vers le problème du pouvoir dans la société que la réflexion des salariés et de la jeunesse peut être orientée. Les questions qui peuvent être posées sont d’abord les suivantes : « Qui peut le mieux gouverner la société dans l’intérêt du plus grand nombre et des plus vulnérables de ses membres ? Comment un gouvernement agissant dans l’intérêt de la majorité des citoyens peut-il et doit-il être organisé ? Ne faut-il pas que ce soit les travailleurs qui prennent les choses en main, et que la société et ses formes de gouvernement soit réorganisées au profit de tous les exploités et de tous les dominés ? ». Mais la question la plus importante de toutes est celle-ci : « Vous êtes la majorité, vous subissez jour après jour les conséquences des politiques néfastes. Qui d’autre que vous peut agir pour que naissent des formes d’institutions où les décisions soient prises conformément aux intérêts de la majorité ? »

Or il se trouve que, dans le cas de la France, le moment atteint dans la crise de fonctionnement de la Ve République et le rejet profond de ses institutions qui se développe dans de larges couches de l’électorat, créent la possibilité de poser ces questions sous la forme de questions immédiates dont la solution devient urgente. Le fait que les institutions de la Ve République aient été taillées sur mesure pour de Gaulle, et que chaque successeur en ait montré, chacun à sa manière, les failles ; le fait que la bourgeoisie française, et donc le pays tout entier doivent faire face à une conjonction entre les transformations de l’économie mondiale (la pression de la mondialisation du capital) et des processus de dégénérescence des partis politiques majoritaires et de leur personnel ; le fait surtout que ceux-ci et les institutions elles-mêmes fassent l’objet d’un début de rejet explicite, tout cela donne à la question « N’y a-t-il pas une autre façon de gouverner, ne peut-on pas se doter d’autres institutions ? » une acuité et une actualité particulières. La question du rejet populaire est évidemment cruciale. Un collectif tel que Carré Rouge a très, très peu d’antennes dans les quartiers et les banlieues qui lui permettent d’apprécier de première main les courants d’opinion chez les salariés et les dominés. Nous dépendons des enquêtes de terrain des sociologues et des enquêtes d’opinion des instituts de sondage les plus sérieux dans leurs méthodes de travail. Nous n’avons pas honte de le reconnaître. Nous ne sommes pas les seuls. Même le journal Les Echos, qui pourrait demander au patronat de faire remonter des informations, se tourne vers les sociologues pour diagnostiquer un état d’esprit politique dans « les classes populaires » que le journal juge inquiétant [7]. À la lecture des enquêtes et des études, on ne peut qu’être frappé par la convergence croissante des expressions de rejet des institutions (ce que les salariés, les retraités, les dominés appellent « le système ») qui en ressortent. Alain Mergier présente ainsi les résultats d’une enquête qu’il publie sous le titre Le descenseur social, en expliquant que « la rupture de confiance dans l’action politique n’est pas simplement liée à l’inefficacité de telle ou telle mesure, ni à telle ou telle promesse non tenue, ni même à tel ou tel acteur politique. Non, elle est liée à la méconnaissance dans laquelle le système politique s’est tenu à l’égard de ce que les gens vivent au jour le jour. Méconnaissance tellement profonde, tellement régulière qu’elle est vécue comme du mépris. C’est le système tout entier qui est rejeté, puisqu’il a fait la preuve depuis dix ou quinze ans que, s’il est incapable de remettre les choses à l’endroit, c’est soit par ignorance soit par dédain. Par système, il faut aussi entendre non seulement le système des pouvoirs mais aussi le système de pensée » [8]. De son côté, l’enquête du Centre de la vie politique française (Cevipof) publiée le 14 mars décrit la campagne présidentielle comme marquée par « l’incertitude, la défiance et l’infidélité ». Six Français sur dix ne feraient confiance ni à la gauche ni à la droite pour gouverner le pays. À deux mois des élections, près de la moitié des électeurs n’auraient pas encore choisi le candidat pour lequel ils vont voter. Les électeurs volatiles, prêts à changer de camp, seraient de plus en plus nombreux.

Proposée à partir d’une ou de deux sources, une interprétation politique de portée générale est toujours risquée. Le propos de cet article n’est pas d’examiner toutes les études, mais de défendre l’idée que des organisations d’extrême gauche ne devraient pas laisser un vide politique que ceux qui ont dans leurs cartons des plans pour une VIe République vont s’empresser de remplir. Leur responsabilité ne serait-elle pas d’aider les salariés et les dominés à comprendre les racines et le bien fondé de leur rejet du système politique, et surtout à relier ce rejet à la question de la propriété des moyens de production et du capitalisme ? « Votre défiance est juste. Elle a un fondement. Cette République est la plus éloignée qui soit de quoi que ce soit qui représente la démocratie et sur lequel vous puissiez avoir prise ». N’est-ce pas là ce que les organisations d’extrême gauche, brochures et tracts à l’appui, pourraient et devraient dire aux salariés et aux exploités ?

À Carré Rouge nous sommes nombreux à avoir appartenu à une organisation, l’OCI-PCI, dont l’un des piliers de l’intervention était la dénonciation, brochures bien documentées à l’appui, du caractère profondément anti-démocratique de la Ve République. Nous ne nous contentions pas de rappeler que celle-ci était issue en 1958 d’une forme de coup d’État. Nous soumettions à l’analyse critique toutes les expressions de ses traits bonapartistes, du recours continu à des moyens de gouvernement plébiscitaires quand ils n’étaient pas autocratiques. Aujourd’hui ce n’est pas dans les publications du Parti des travailleurs qu’on trouvera l’actualisation de la critique de la Ve République, pas plus d’ailleurs que dans celles de Lutte Ouvrière ou de la LCR. À l’OCI-PCI, la critique virulente de la Constitution, qui s’est atténuée à l’approche de 1981, s’est longtemps accompagnée de l’annonce périodique de l’accumulation de signes avant-coureurs de « la crise des institutions de la Ve République ». Aujourd’hui que la crise est là, que les expressions des prémices d’un rejet populaire massif de ces institutions augmentent, le Parti des travailleurs n’en dit rien ou si peu. Il s’est coulé dans le moule de ces institutions et a fait de la présentation d’un candidat aux élections présidentielles l’un des « moyens de sa construction » Mais construction de quoi ? D’une toute petite formation souverainiste. Après s’être plié (sans grande difficulté) aux exigences du parrainage, le PT présente un homme, Gérard Schivardi, peu susceptible de faire du caractère anti-démocratique de la Ve République l’un de ses thèmes de campagne. Les deux candidats de Lutte Ouvrière et de la LCR en auraient davantage la capacité. On peut donc s’étonner d’apprendre dans Rouge (n° 2196 du 8 mars 2007), dans un article paru sous la signature d’Olivier Besancenot, que la direction de la LCR a écrit aux groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat pour leur dire qu’il était de leur responsabilité de « déverrouiller la situation » des parrainages. On apprend de même que la LCR a proposé « une réforme du système du parrainage », dans laquelle 50 000 ou 70 000 signatures d’électeurs inscrits remplaceraient les signatures actuelles. Depuis, il y a eu un début de rectification du tir. Dans le Monde du 27 mars, Olivier Besancenot se prononce pour l’abrogation de la Constitution de la Ve République et la mise en place d’une assemblée unique constituante, élue à la proportionnelle intégrale, qui désignerait un exécutif responsable devant elle. Besancenot évoque également la révocation des élus.

Mais ce thème n’est pas repris dans Rouge. Au total, on reste donc très, très loin dans l’extrême gauche d’une campagne d’explication du lien entre les institutions, la mise en œuvre des réformes néolibérales et les conditions d’existence quotidiennes des salariés et des dominés. Aussi est-ce un ancien député socialiste, André Belon, qui commence le travail dans Le Monde Diplomatique de mars 2007 [9]. Pour lui, « la Constitution de la Ve République, censée garantir la force de l’État, a facilité la soumission du pouvoir politique aux intérêts économiques et financiers mondialisés ». Puisant dans l’expérience du Parti socialiste et de l’Union de la gauche, il illustre son affirmation : « Lorsque le gouvernement socialiste de M. Pierre Mauroy ouvre, en 1983, la “parenthèse de la rigueur”, il place la continuité du pouvoir avant la souveraineté populaire, qui s’était prononcée pour une politique inverse en 1981. Il évite ainsi de revenir devant les électeurs. La stabilité se réalise contre la démocratie ». La référence à 1983 est très importante : elle marque le point de départ de l’alignement sur les gouvernements Reagan et Thatcher et le début de la libéralisation et de la déréglementation.

Dans le cadre de la Ve République, explique Belon à l’adresse de ceux qui veulent comprendre le type de campagne politique qu’on leur fait subir, « toute la vie politique est suspendue à l’élection présidentielle. Celle-ci conduit à la personnalisation du pouvoir, avec tout ce que cela suppose de réducteur dans les débats et les enjeux. On voit ainsi les partis fonctionner en “écuries”, la concurrence des personnes remplacer, pour l’essentiel, les débats d’idées. Les militants sont embrigadés derrière des candidats, réduits à des figures médiatiques, jouets des communicateurs. Dans ce cadre, l’élection présidentielle s’apparente de plus en plus à un plébiscite. La conception de l’homme - ou de la femme - providentiel imprègne d’autant plus les esprits qu’elle correspond à un système médiatique qui se conçoit comme partie prenante des classes dirigeantes et non plus comme vecteur d’une information critique, expression des enjeux de politique étrangère ou sociale ».

Le rejet de ces institutions qui commence à se révéler au grand jour aujourd’hui reçoit de Belon une interprétation dans laquelle le Non au référendum de 2005 représente un chaînon important. « Comment, demande-t-il, présenter aujourd’hui encore l’élection présidentielle comme la “rencontre entre une personne et le peuple” alors que l’élection en cours met essentiellement en compétition des candidats partisans d’un traité constitutionnel européen rejeté, avec une nette majorité, par les électeurs le 29 mai 2005 ? Le sens profond du 29 mai n’est-il pas, au-delà du clivage droite-gauche, le rejet d’un jeu politique de plus en plus pervers qui ne permet plus une véritable représentation du corps social ? » Et André Belon d’ajouter à l’adresse des porte-parole de la « gauche du Non » que « c’est sans doute l’erreur des collectifs dits “antilibéraux”, qui souhaitaient une candidature du “non”, de s’être eux-mêmes piégés dans le jeu de l’incarnation, d’être entrés dans le jeu réducteur de la personnalisation ».

Dans l’article que j’ai écrit fin février et qui a été mis sur les sites de Carré Rouge et d’A l’Encontre, j’ai dit mon accord avec Daniel Bensaïd lorsqu’il explique que la politique n’est pas réductible au mouvement social. Elle a effectivement un champ propre par rapport auquel il faut avoir une stratégie. Au cœur de celle-ci, il y a la capacité à identifier des moments qui offrent des opportunités. La crise en gestation des principales institutions en France (la Présidence, l’Assemblée, le Sénat, le Conseil constitutionnel qu’on transforme pas à pas en instance politique hors d’atteinte, à la façon de la Cour de justice de l’Union européenne) n’ouvre-t-elle pas une « fenêtre d’opportunité » que les travailleurs pourraient exploiter à leur profit ? Dans une perspective de stratégie, dans le champ propre de la politique, ne faudrait-il pas engager la campagne d’explication sur la nature de la Ve République au plus vite, dans le cours même de la campagne actuelle, même si cela exige de prendre un sérieux virage ? La réponse de Besancenot au Monde ne fait au mieux que l’amorcer. Ne faut-il pas exposer les prémices d’une réponse démocratique au plein sens du terme, et la proposer aux travailleurs pour qu’ils s’en emparent, celle d’institutions politiques qui établiraient une « République sociale » susceptible d’être un tremplin vers un socialisme renouvelé ? Cela exige évidemment d’avoir un horizon stratégique où le combat pour les « États-Unis socialistes et démocratiques d’Europe » a une place centrale.

Hors d’une Europe des travailleurs, il n’y a pas d’avenir pour les salariés et la jeunesse

Carré Rouge s’est expliqué sur l’importance de cette question dans des articles comme dans le long document que nous avons préparé au moment de la campagne pour le Non. Cet article est déjà long. Je serai donc bref. La tradition des organisations trotskystes a été fortement internationaliste. On s’attendait donc à ce que, sur ce terrain, les organisations d’extrême gauche marquent leur différence de façon claire et nette avec toutes les autres formations, en rompant le cadre « franco-français » du débat politique et la vision étroitement « nationale » des problèmes. Le chaînon est « l’Europe des travailleurs », popularisation des États-Unis socialistes d’Europe dont Trotsky avait été le défenseur et même l’avocat inventif. Ici, les candidats de ces organisations pourraient jouer le rôle auquel elles prétendent. Ils pourraient se servir de leur tribune pour dire aux salariés et aux secteurs les plus politisés de la jeunesse : « Votre seul avenir se situe dans une Europe des travailleurs, il n’y a qu’une Alliance des salariés de quelques pays clefs, à commencer par l’Allemagne et la France, qui puisse vous permettre de modifier les rapports avec les bourgeoisies, reconstruire une position de force face au capital et aux gouvernements impérialistes, une position à partir de laquelle des relations nouvelles pourraient alors être construites avec le reste du monde, à commencer par les pays les plus pauvres, les plus écrasés ». Si les candidats des organisations d’extrême gauche faisaient de cette vision un élément fort de leur campagne, ils auraient alors la légitimité pour s’adresser aux travailleurs des autres pays européens et leur dire : « Voici ce que nous défendons comme perspective dans les élections en France, ne pouvez-vous pas la défendre aussi chez vous ? Ne devons-nous pas concrétiser un projet précis pour une Europe des travailleurs ? ». La question n’est pas académique. D’une part, on constate que les travailleurs subissent une pression grandissante pour les persuader que leur seul salut consiste à faire bloc avec leur bourgeoisie, leurs dirigeants d’entreprises et même une partie des actionnaires de celles-ci. Le cas d’Airbus, où ce discours a droit de cité, est une expression du poison nationaliste qui est véhiculé bien au-delà des formations d’extrême droite. D’autre part, qui peut sérieusement penser que « l’exception française » va durer de toute éternité ? Si elle n’est pas transformée en point d’appui vers les travailleurs d’Europe, à commencer par ceux d’Allemagne, la situation sociale et politique propre à la France, dont l’une des composantes est la place des organisations d’extrême gauche (celle-ci est même « l’exception française » par excellence), aura vécu sans avoir produit quoi que ce soit de durable.

Notes

1- Voir Marx en 1843 dans La Question Juive « Dans les instants de particulière conscience de sa valeur, la vie politique cherche [...] à se constituer comme la vie générique de l’homme, véritable et non contradictoire. Elle ne le peut cependant que par opposition violente contre ses propres conditions d’existence, que si elle déclare la révolution comme permanente », Aubier, Paris, p. 81, ainsi que le commentaire de Jacques Texier, Révolution et démocratie chez Marx et Engels, Actuel Marx Confrontations, PUF, 1998.

2- Manifeste du Parti communiste, chapitre II.

3- Ce sont les collectifs qui publient en France A Contre-Courant, Carré Rouge (www.carre-rouge.org) et L’Émancipation sociale, et en Suisse La Brèche et le site À l’Encontre (www.alencontre.org)

4- Trotsky, Préface à l’Histoire de la révolution russe.

5- Cornelius Castoriadis, La montée de l’insignifiance, Le Seuil, Paris, 1996.

6- Il est déjà formidable qu’écrivant d’où, et au moment où il écrivait, c’est-à-dire en exil, sous la pression des attaques staliniennes, Trotsky ait été capable de donner une définition si claire de la révolution : « Le trait le plus incontestable de la Révolution, est l’intervention directe des masses dans les évènements historiques ». La relecture de ce très grand livre avec des yeux dessillés par rapport à la théorie du « parti » y montre constamment le rôle central joué par les masses. Cette lecture est permise par Trotsky lui-même indépendamment de ce qu’il a pu écrire dans d’autres circonstances, car maintes et maintes fois il s’y écarte de l’orthodoxie pour souligner à quel point les masses ont été des protagonistes décisifs de la révolution, mettant ainsi à mal la théorie de « l’omniscience » de Lénine et du Parti bolchevique.

7- « Le vote amer des classes populaires », Les Echos, 8 mars 2007.

8- Interview au Nouvel Observateur, n° 2206, 15 février 2007.

9- C’est aussi à un autre membre du Parti socialiste, le professeur de droit constitutionnel Paul Alliès, qu’on doit un livre très intéressant, auquel on ne peut pas faire justice en quelques lignes. Il est adressé au Parti socialiste, mais il devrait être lu comme une alerte par l’extrême gauche, Le grand renoncement, la gauche et les institutions de la Ve République, Éditions Textuel, 2006


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Publié dans THÉORIE - PRAXIS

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