>> CE QUI NE PEUT PLUS DURER : "La division de ceux qui luttent"
Par >>> Jacques Bidet <<<<<<<<<<<<<<<
>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Philosophe
<< Il nous faudra, ce dimanche soir [22.04.2007], des nerfs solides. Une nuit des Césars, le temps d’un flash. Divers prix en jeu. Un prix de second tour, espérons-le, transformable en palme ou lion d’or. En compétition spéciale, plus à gauche, un premier prix d’interprétation masculine, très attendu. Un prix du meilleur scénario, contesté mais assuré. Un prix du meilleur second rôle, au mérite. Sans compter d’autres, de consolation et de protestation, générosités d’un vaste jury populaire.
Une floraison, en somme. Avec l’assurance d’un bouquet de sentiments mêlés au sein de la même famille : de la vaine gloire au brin d’amertume, en passant par les regrets sincères. Rage et colère, peut-être. C’est pourtant de cette situation qu’il va nous falloir repartir. Et sans attendre. Car demain on est aux législatives, aux municipales. Avec tout ce que cela signifie pour après-demain : écoles, emplois, salaires, dignité…>>
Quelque chose, donc, ne peut plus durer :
la division des combattants de la même cause.
D’autant qu’une ligne rouge vient d’être franchie. Déjà, le bipartisme s’insinuait dans les institutions et les médias. Mais il n’osait pas dire son nom. Le bipartisme, c’est quand la gauche cesse d’affronter la droite. C’est l’entente cordiale. Et voilà où nous en sommes lorsque des voix incontestables du PS, bien mollement démenties, appellent à converger avec Bayrou, qui paraît au centre quand Sarkozy campe à l’extrême droite. La gauche, en France, était cette alliance, sous l’impulsion des forces populaires, à travers les décennies de luttes de l’après-guerre, qui s’était imposée à tout un monde de cadres et compétents. Et jusque dans ses déroutes successives, la « gauche » restait à tout le moins une référence.
C’est l’idée même de gauche qui est en train de nous échapper. Il est vrai qu’elle ne flotte pas d’elle-même dans les airs. Elle n’existe que sur l’union des forces d’en bas. Qui est à refaire.
Et voilà l’équation qu’il nous faut résoudre.
Qu’est-ce qui nous divise ?
Et qu’est-ce qui nous rassemble ?
Ce qui divise la classe fondamentale, le peuple d’en bas,
ce ne sont pas, en dernière instance, ces divergences manifestes d’intérêts entre appareils politiques, qui poussent certains à rêver de casser les machines.
Les causes [de cette division] sont plus profondes.
>> Ce sont les mécanismes inédits et pervers du néo-libéralisme qui ont brisé les chaînes de solidarité.<<
Dans le monde du travail, pulvérisé en micro-situations, interdisant l’organisation syndicale.
Entre les générations, aux perspectives de vie incomparables.
Entre ceux qui ont encore un emploi reconnu, protégé par des règles durement acquises, et ceux qui n’ont que du court terme, ceux qui se savent menacés ou n’ont plus rien.
Entre ceux d’ici, et ceux d’ailleurs que l’on maintient dans l’illégalITÉ pour les exploiter plus encore.
Entre ceux qui se voient descendre, qui feront moins que leurs parents, et ceux qui ne vivent que de la débrouille au jour le jour.
Entre ceux dont la solide formation ne vaut plus, et ceux qui s’identifient à leur sort de paria.
Entre ceux qui ont le temps de penser à la planète, et ceux qui ont faim et froid, tout simplement.
Pour certains, c’est leur PROPRE problème ;
pour d’autres, tout aussi lancinant pour eux, C'Est celui de leurs enfants ou petits-enfants.
Le tourbillon de la vie néolibérale les mélange, tous, comme jamais.
Mais en les dispersant.
Ce qui nous rassemble, pourtant,
le fil qui raccorde toutes ces histoires,
c’est que ces effets extraordinairement divers
proviennent des mêmes causes.
>> Plus encore que le capitalisme antérieur, le néolibéralisme, qui démantèle toute l’institution sociale, frappe aveuglément. Tout ce qui vit n’est pour lui que matière à profit.
Et il cherche de toute part de nouvelles marges, de nouveaux espaces, de nouvelles frontières.
Il prend nos vies sur 'tous-les-côtés-à-la-fois' :
sur la santé,
sur nos capacités de projeter, d’inventer,
sur le temps d’exister.
Il gagne sur tous les stress, sur toutes les fragilités, sur toutes les souffrances.
Derrière tout cela, c’est toujours lui !
Mais l’unité de l’adversaire ne suffit pas... à rassembler [LARGEMENT] contre lui. Car il provoque chacun à part.
Chacun en prend pour son compte...
...mais les comptes sont incomparables.
*Les luttes*, donc, se font dans le désordre.
Imprévisibles, imprescriptibles, éphémères.
*Elles flambent et retombent*.
>> On défile par millions contre le CPE. Et l’on voit, un an plus tard, la droite pavoiser et la gauche passer à droite. <<
Le peuple indocile, pourtant, n’a pas disparu.
[ BIEN AU CONTRAIRE ! ]
Mais il n’a pas trouvé sa forme politique...
[NI TOUT À FAIT ENCORE, *SON-fond-essentiellement-commun*
et historiquement spécifique*]
...pour le temps d'uN mouvement...
[QUI, CETTE FOIS, POURRAIT DURER... ... ... LE TEMPS HISTORIQUE NéCESSAIRE À SA résolution !]
Il nous faut, bien-sûr définir, des orientations et des programmes.
L’heure, pourtant, est venue d’une structure politique de convergence, qui ait pour tâche essentielle d’apprendre à tous à se reconnaître dans les luttes de chacun.
Seule façon d’identifier l’adversaire commun.
eT prendre les choses à la racine !
>> Ce qui ne peut plus durer, c’est l' [aNtique] division de ceux qui luttent. <<