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Et l’on se prend à espérer qu’une page se tourne vraiment, celle du poison de la division syndicale.

Publié le par R.B, BR, ou RBBR selon l'état des Forces Réelles

Editorial par Paule Masson

La dynamique unitaire s’installe

 

 

Nicolas Sarkozy a obtenu le feu vert du Conseil constitutionnel pour promulguer la loi sur les retraites. Il ne va pas s’en priver.

Dès le départ, tout le monde avait compris l’enjeu pour le chef de l’État : faire ce cadeau aux marchés financiers en essayant, au passage, de mater les syndicats.

Mais la France n’est pas l’Angleterre. Si, dans les années quatre-vingt, Margaret Thatcher a tenu tête aux mineurs au point d’affaiblir durablement le syndicalisme outre-Manche, en France, la culture de contestation sociale ne se balaye pas d’un revers de manche.

La droite décomplexée a voulu saisir sa chance : toucher à un aspect essentiel de la protection sociale, la retraite à 60 ans, en faisant fi de syndicats jugés trop faibles pour emmener un grand mouvement de riposte.

Mauvaise pioche !

 

Les syndicats n’ont pas, ou pas encore, gagné !

Mais ils sont la cheville ouvrière d’un conflit inédit, puissant,

dont la portée est beaucoup plus importante que ce que l’on imagine.

 

La France est le pays d’Europe qui compte un des plus bas taux 
de syndiqués (7%
à 8 %) et le plus grand nombre d’organisations. Mais les syndicats français conservent une capacité de mobilisation, une force militante, partout enviée.

 

Cette réalité percute comme un boomerang les calculs élyséens. Nicolas Sarkozy aurait dû se méfier.

Car les prémisses de cette crédibilité retrouvée étaient là, depuis deux ans au moins, voire depuis l’épisode victorieux contre le contrat première embauche.

 

Cette année-là, en 2006, pour la première fois, les syndicats ont accepté de travailler vraiment tous ensemble, à huit, délaissant le clivage pourtant bien ancré entre les « représentatifs » et les autres. Ils ont aussi noué des liens solides avec les organisations de jeunes, Unef, UNL... Déjà, la force du mouvement social interdisait à quiconque de tenter l’aventure de la division. Avec la crise, ils sont partis en campagne, à l’unisson, contre la volonté du gouvernement de présenter la facture aux salariés. Et l’on a vu apparaître les premiers cortèges remplis de millions de salariés... La contestation 
de la réforme des retraites conjugue ces facteurs. 
Et en ajoute d’autres.

Quelque chose change. Doucement, sans fanfaronner, les syndicats sont en train de prendre l’habitude de travailler ensemble. Et cette situation gonfle le capital confiance des salariés. Ils ne se laissent pas impressionner, assument leurs différences et se rassemblent sur l’essentiel. FO joue les trouble-fêtes mais la stratégie de ce syndicat, qui consiste à n’être ni dedans ni dehors, ne prend pas pour le moment le dessus sur le désir d’unité des salariés. Le mouvement sur les retraites a instillé ce souffle unitaire jusque dans les plus petits recoins de France. C’est peut-être là une de ses plus grandes nouveautés : dans les villes, les départements, 
les liens tissés entre les syndicats, entre les salariés 
du public et du privé ensemencent des terrains jusque-là laissés en jachère.

En janvier 2009, au plus fort de la crise, 
les syndicats s’étaient dotés d’une plate-forme revendicative. Ils viennent d’annoncer une réunion le 29 novembre pour l’actualiser, non pas fermer le dossier retraites, mais pour l’élargir à d’autres revendications.

 

Et l’on se prend à espérer qu’une page se tourne vraiment, celle du poison de la division syndicale.

http://www.humanite.fr/09_11_2010-la-dynamique-unitaire-s%E2%80%99installe-457459

 

Publié dans VAINCRE ENFIN !

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