>> "Mieux vaut tard que jamais" !

Publié le par R.B, BR, ou RBBR selon l'état des Forces Réelles

Gerin, Dang Tran et les idées du Front National
17
07-2011

La direction du PCF s’est enfin publiquement dissociée des prises de position d’André Gerin sur l’immigration. Mieux vaut tard que jamais. Par son nationalisme, par sa campagne sur le thème de la burqa (menée aux côtés du député UMP Eric Raoult), par ses communiqués visant ceux qu’il appelle « les talibans » des quartiers populaires, par sa proposition d’expulser du territoire les délinquants « étrangers » et toute leur famille [1], par son opposition à une régularisation massive des travailleurs sans-papiers, le député de Vénissieux n’a cessé de stigmatiser les « étrangers » et la communauté musulmane. Ses nombreuses déclarations sur ces questions vont dans le sens de la propagande du Front National et d’autres mouvements racistes – qui n’ont pas manqué d’approuver et reprendre ses propos. Le 23 juin dernier, par exemple, le Front National de la Jeunesse publiait un article intitulé : Monsieur Gerin, on vous attend dans nos rangs.

L’association du PCF aux idées de l’extrême droite, par la voix d’un de ses députés, est totalement inacceptable. La direction du parti aurait dû réagir depuis longtemps. Car le problème ne date pas d’hier. Rappelons que dans son livre, Les Ghettos de la République, publié en 2006 et préfacé par Eric Raoult, André Gerin approuvait les propos de Jacques Chirac sur le prétendu parasitisme des familles d’origine étrangère. Il approuvait notamment la tristement célèbre formule sur « le bruit et l’odeur ».

Le calcul de Gerin est le même que celui de Chirac à l’époque. Convaincu que cette propagande « fait recette » sur le plan électoral, Gerin reprend à son compte des éléments du programme et de l’idéologie du Front National. Le député de Vénissieux assortit ces idées réactionnaires de critiques « de gauche » à l’encontre de la direction du PCF. Certes, la direction du parti est critiquable sur bien des points. Mais quand la critique se base sur des idées empreintes de nationalisme et de racisme, elle n’apporte rien de positif au parti.

Malheureusement, Gerin n’est pas le seul opposant à la direction du PCF qui reprenne à son compte certains aspects du programme du Front National. Emmanuel Dang Tran, le secrétaire de la section de Paris 15e, est dans le même cas. Au 34e Congrès du parti, en 2008, Gerin et Dang Tran ont présenté ensemble un texte alternatif. Et le 14 juin dernier, devant les caméras de France 3, Dang Tran affirmait que les militants du Front National « distribuent des tracts qui, à 80 % ou 85 %, défendent la position qu’on [le PCF] devrait défendre. »(ici). Quand un représentant du parti tient de tels propos à la télévision, il ne faut pas s’étonner si des travailleurs en déduisent que les communistes n’ont pas d’arguments sérieux à opposer au programme du Front National.

Parmi les positions du FN que le PCF devrait défendre, selon Dang Tran, il y a celle sur l’Union Européenne. En effet, sur cette question, Dang Tran (comme Gerin) reprend pratiquement mot pour mot la position du Front National, qui prône la « sortie de l’Union Européenne » – sur la base du capitalisme – et le retour au franc français.

Voici comment Dang Tran pose le problème de la monnaie, dans un texte publié le 28 mai dernier et intitulé Des dirigeants du PCF à la rescousse de l’euro ? : « … les chroniqueurs Francis Wurtz et Jean-Christophe le Duigou dénoncent fermement toute revendication de "sortie de l’euro". En décembre dernier déjà, Pierre Laurent se prononçait pour une réorientation de la BCE mais s’exclamait à propos de l’euro : "ne bazardons pas l’instrument !". Il y a de quoi être étonné. Le PCF est l’organisation qui a le plus précisément depuis l’origine dénoncé et combattu l’Europe supranationale du capital. De l’Acte unique en 1986 au Traité d’Amsterdam en 1998, en passant bien sûr [par] la grande campagne de 1992 contre Maastricht, nous avons avec force argumentation expliqué les dangers de la monnaie unique, l’arme supplémentaire qu’elle allait représenter pour les capitalistes européens contre les peuples.

Tout ce que nous avions annoncé et dénoncé se réalise. L’euro sert à aggraver la mise en concurrence des travailleurs des différents pays à la fois de la zone euro elle-même et de la périphérie. Il contribue à exacerber la xénophobie un peu partout en Europe. La monnaie unique encourage les délocalisations, favorise les secteurs capitalistes les plus puissants, compromet le développement des activités productives les plus faibles, pays par pays. L’euro, comme le démontre le "Pacte pour l’euro", est un instrument redoutable pour tirer les salaires, les acquis sociaux vers le bas, dans tous les pays, y compris l’Allemagne.

Le rapport de force que nous avons contribué à construire de façon déterminante contre l’UE du capital se retrouve, renforcé, contre l’euro aujourd’hui. Les 55% de NON au projet de "constitution" européenne, un vote de classe, ne se sont pas évaporés. Le lien entre la monnaie unique et la "vie chère", principalement l’insuffisance des salaires et des pensions par rapport à l’envolée de toutes les dépenses de base, est largement établi, même si c’est parfois de façon simpliste en apparence. L’euro comme instrument pour affamer les peuples au profit de la finance internationale est bien identifiable dans les crises grecque, portugaise ou irlandaise. Dans ces conditions, comment pouvons-nous, communistes, laisser la revendication de la sortie de l’euro au FN ? »

Des gens confus ne peuvent produire que de la confusion. La citation ci-dessus en est une parfaite illustration. Dang Tran part d’une idée juste pour arriver à une idée complètement fausse. Il est exact que tous les traités ayant contribué à construire l’Union Européenne étaient dans l’intérêt exclusif des capitalistes. Dans la période qui a précédé l’introduction de la monnaie unique, les partis et les médias capitalistes, avec le concours de la direction du PS, ont mené une puissante campagne de propagande pour faire croire aux travailleurs que le traité de Maastricht et la monnaie européenne allaient jeter les bases d’une période de stabilité et de croissance économique, dans une Europe « sociale » et harmonieuse. Mais en réalité, l’euro visait à protéger les intérêts des capitalistes – et surtout des plus puissants d’entre eux – en éliminant notamment les risques inhérents aux fluctuations monétaires sur le marché européen. Pour les travailleurs de France et de tous les autres pays concernés, la monnaie unique ne pouvait rien apporter de bon. Un simple changement monétaire de ce genre ne pouvait en aucun cas éradiquer, ni même atténuer les contradictions fondamentales du système capitaliste, contradictions qui généraient à l’époque – et génèrent encore – la surproduction, les récessions, le chômage de masse et la régression sociale. La propagande visant à faire croire le contraire était fausse et mensongère. Il fallait donc s’opposer au traité de Maastricht et à l’introduction de l’euro. Cependant, contrairement à ce qu’affirme Dang Tran (ou le Front National), et pour précisément les mêmes raisons,le rétablissement du franc français ne produirait aucune amélioration des conditions de vie des travailleurs. En acceptant cet aspect du programme du FN, Dang Tran commet la même erreur, dans le sens inverse, que ceux qui acceptaient la propagande destinée à promouvoir l’euro, à l’époque.

« Je réfute tout de suite, écrit Dang Tran, l’argument consistant à dire qu’aucune de nos propositions ne peut être assimilée au FN. Si nous avions raisonné comme cela, nous n’aurions pas combattu Maastricht ou le TCE. » Cet argument rate sa cible. Il serait bien évidemment idiot d’affirmer que le PCF ne doit en aucun cas avancer une revendication qui se trouverait dans l’arsenal d’un autre parti, fût-ce le Front National. Mais lorsque la revendication en question est un piège, lorsqu’elle est destinée à empoisonner la conscience des travailleurs en y injectant des idées fausses, comme c’est le cas pour la « sortie de l’euro », elle n’a pas sa place dans le programme du PCF. En outre, le taux de compatibilité entre lesidées du communisme et celles du Front National n’est pas de 80 ou 85 %, mais de 0 %. Par exemple, il est vrai que le PCF et le FN faisaient tous deux campagne pour le « non » au Traité constitutionnel européen (TCE), en 2005. Mais derrière une même consigne de vote, il y avait deux positions politiques irréconciliables. Les militants communistes s’opposaient au caractère pro-capitaliste et réactionnaire du TCE, sans renoncer à leur internationalisme. Le Front National, lui, s’opposait au TCE sur la base d’une démagogie nationaliste, réactionnaire et pro-capitaliste. Les objectifs des communistes sont diamétralement opposés à ceux du FN – et non seulement sur la question européenne, mais sur toutesles questions. Lorsque Marine Le Pen affirme, par exemple, qu’elle est favorable à la retraite à 60 ans, il faut dénoncer le caractère purement démagogique et électoraliste d’une telle déclaration, dont le but est de tromper les électeurs et de masquer le vrai programme – archi-réactionnaire et pro-capitaliste – du Front National.

« Bien évidemment, poursuit le secrétaire du PCF Paris 15e, la fin de l’euro, le retour au franc ne signifient pas l’avènement du socialisme en France. J’en suis le premier conscient. Le pouvoir resterait dans les mains du capitalisme français. En Grande-Bretagne, la même politique d’austérité peut être menée par les socio-démocrates ou les conservateurs sans besoin de l’euro. » Là encore, Dang Tran passe à côté du problème. Certes, on ne saurait rejeter une revendication parce que sa réalisation laisserait intact le pouvoir des capitalistes. Par exemple, une augmentation des salaires ou la construction de logements sociaux ne met pas fin au système capitaliste, mais constitue une amélioration tangible des conditions de vie des travailleurs concernés. Cependant, nous chercherions en vain, dans tous les écrits de Dang Tran – ou de Gerin, ou du Front National – le moindre argument sérieux indiquant comment le rétablissement des monnaies nationales constituerait une avancée pour la classe ouvrière française et européenne. Par exemple, Dang Tran affirme que l’euro « favorise les délocalisations ». Mais il ne dit pas commentl’abandon de l’euro servirait à les décourager. De même, il affirme que l’euro est responsable d’une exacerbation de la « xénophobie ». Cela nous semble très difficile à démontrer, mais admettons que ce soit vrai. Peut-on en déduire que ce phénomène reculerait avec le retour du franc français ? Absolument pas. Toute l’argumentation de Dang Tran repose sur cette « méthode » fallacieuse : l’euro « facilite » la politique réactionnaire des capitalistes – et donc, par inférence, le retour du franc français serait une mesure « anti-capitaliste » !

Le Front National affirme qu’un retour du franc permettrait de mieux défendre les « productions nationales ». Cette idée n’a aucun fondement. Ce n’est qu’un leurre, comme tout le reste du programme du Front National. L’économie « nationale » est inextricablement liée à l’économie mondiale, et en particulier à l’économie européenne. Elle l’était déjà avant l’euro, elle l’est depuis l’introduction de l’euro et le serait même si la France abandonnait l’euro au profit du franc. Au fond, la régression sociale n’est pas le produit d’un système monétaire. Elle est la conséquence du fait que la bourgeoisie – en France comme partout en Europe – est désormais une classe totalement parasitaire, qui s’efforce par tous les moyens d’augmenter ses profits par la destruction de toutes les conquêtes les sociales du passé. Le capitalisme signifie la régression sociale permanente, quels que soient les dispositifs monétaires en vigueur.

En quoi le rétablissement du franc permettrait-il d’inverser la régression sociale ? Selon le FN, une monnaie nationale ouvrirait la possibilité de « dévaluations compétitives », afin de rendre les importations plus chères et donc moins compétitives, tout en donnant un avantage aux exportations françaises sur les marchés étrangers. Mais cette politique protectionniste est une impasse. Elle entraînerait une augmentation des prix sur le marché intérieur, ainsi qu’une augmentation massive de la dette publique (qui est en euros). Elle provoquerait inéluctablement des mesures de rétorsion de la part d’autres pays, et notamment de l’Allemagne, des Etats-Unis et la Chine. De manière générale, les mesures et contre-mesures protectionnistes mèneraient à une contraction du volume des échanges internationaux. Une politique protectionniste ne permettrait pas de défendre les emplois et les « productions nationales ». Au contraire, elle se traduirait par leur destruction à une échelle encore plus massive qu’à présent.

Clairement, le retour au franc ne résoudrait aucun problème des travailleurs. Il n’y a donc aucune raison de suivre Dang Tran et Gerin quand ils exigent que le PCF adopte ce volet du programme du Front National. Ces idées mèneraient le PCF dans une impasse. Oui, il faut « sortir » de l’Europe capitaliste. Mais un retour au franc français n’aboutirait pas à cela, ni à rien d’autre de positif du point de vue des travailleurs. La seule façon d’en finir vraiment avec l’Europe capitaliste, c’est de mobiliser les travailleurs de France et des autres pays européens autour d’un programme communiste et internationaliste.

La crise sociale et économique engendrée par le capitalisme est bien trop grave pour être combattue par un programme qui se limite à des mesures réformistes superficielles. Il est nécessaire de réarmer le PCF avec un programme authentiquement communiste. C’est la seule façon de lutter efficacement contre le poison du racisme et du nationalisme. Les travailleurs qui sont tentés de voter pour le Front National ne sont pas atteints de « xénophobie ». Ce terme n’est pas approprié, car cela donne l’impression que les travailleurs en question sont animés par une crainte irrationnelle des étrangers. Or, ils sont au contraire confrontés à des problèmes très concrets auxquels ils cherchent une solution. S’ils s’inquiètent de l’immigration, s’ils se laissent convaincre qu’il y a trop d’étrangers en France, c’est une expression de ce que les Communards de 1871 appelaient « la concurrence ruineuse entre les travailleurs ». Les travailleurs sont au chômage ou craignent de l’être ; ils voient comment les employeurs profitent de l’immigration pour réduire les salaires ; ils constatent la pénurie de logements, de places dans les crèches, de lits dans les hôpitaux, etc. Lénine disait que la question nationale était, au fond, « une question de pain ». Ne voyant aucun moyen d’inverser la dégradation constante de leurs conditions de vie, ne voyant pas d’alternative aux dures réalités du capitalisme, des travailleurs se disent que quand il n’y a pas assez pour tout le monde, quelqu’un mangera et quelqu’un ne mangera pas. Avec sa politique de « préférence nationale », le Front National exploite les craintes des travailleurs pour leur propre avenir et celui de leurs enfants. Il les dresse les uns contre les autres pour ne pas qu’ils voient les véritables causes de l’exploitation et de la régression sociale qui les frappent tous, indépendamment de leur nationalité ou de leur religion. Les « étrangers » sont les boucs émissaires du système capitaliste.

L’immense majorité des communistes rejettent sans appel les idées véhiculées par Gerin à propos des « étrangers », qui vont à l’encontre de nos traditions internationalistes. Notre but n’est pas de diviser les travailleurs, mais de les unir tous autour d’un programme qui associe la lutte pour la défense de leurs intérêts matériels – salaires, retraites, santé, éducation, logement, etc. – à des mesures qui s’attaquent à la source même du pouvoir des capitalistes, à savoir la propriété privée des banques et des grands moyens de production. Et notre but n’est pas de séparer la France capitaliste de l’Union Européenne, mais d’en finir avec le capitalisme, en France et à travers le continent.

Greg Oxley et Jérôme Métellus (PCF Paris)


POST-SCRIPTUM : Parmi les réactions à cet article qui nous parviennent, plusieurs nous reprochent d’attribuer à Dang Tran les idées de Gerin sur l’immigration. On les invite à bien relire notre article, car nous ne disons (ni ne "sous-entendons") rien de tel. Nous savons parfaitement que Dang Tran a critiqué les idées de Gerin sur la burqa, etc. L’article ci-dessus vise les idées de Dang Tran sur l’Europe, qui recoupent celles du Front National (et de Gerin). Inutile de faire dire à cet article ce qu’il ne dit pas.


Voir aussi : Le Front National et la « sortie de l’Union Européenne »

 

[1] Dans son livre : Les Ghettos de la République

 


Vos réactions...

Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 17 juillet 2011, par Corinne BECOURT

 

Si je comprend bien, quand le FN dit "halte aux délocalisation" dans ses tracts , cette idée devient son bien propre et nous ne pourrions plus la défendre .

De quel droit, amalgamer le débat de fond sur la "sortie de l’euro" au FN et son populisme ?

Si j’approuve l’argumentation concernant André Gerin, cet article ciblé contre Emmanuel Dang Tran avec des insinuations honteuses, diffamatoires, basées sur des explications incohérentes, des paralléles plus que douteux n’honore pas les hauteurs.

Vraiment de basses manoeuvres ...ET VOUS PARLEZ DE NE PAS DIVISER LES TRAVAILLEURS

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 18 juillet 2011, par revizor

 

Ancien membre du PCF que j’ai quitté en 2003 je me retrouve assez largement dans les positions exprimées par les camarades Gerin et Emmanuel Dang Trang.

Concernant l’immigration rappelons ce que disait le PCF à l’époque où il n’était pas encore complètement inféodé à la social-démocratie et à l’union européenne et à l’époque ouù il n’avait pas encore complétement substitué à la lutte de classe la défense des sans-papiers, la légalisation du mariage homosexuel bref toutes revendications de la bourgeoisie.

Maintenant le PCF est devenu une simple succursale du PS et d’une façon générale est politiquement correct et n’a plus de visiblité politique nationale depuis qu’il s’est livré à l’ancien trotskiste-socialiste Mélenchon.

En 2012 je ne peux plus voter à gauche, donc abstention ou vote blanc ou alors peut-être Sarkozy.

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 18 juillet 2011, par Illitch

 

Il est bien de défendre la direction liquidatrice actuelle du P"C"F, mais déjà faut-il ne pas se mélanger les pinceaux. André Gérin est un député communiste honnète, sincère. Sa démarche hume bon le patriotisme et n’est pas sans rappeler les grandes heures du PCF, du Front populaire à la Résistance au nazisme, du "Front national uni" appelé de ses voeux par Jacques Duclos en 1952 au "Produire français" lancé par le PCF de Georges Marchais. 
Car soyons sérieux et disons-le franchement : oui, l’immigration et le regroupement familial vont à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière française et servent les intérêts de la bourgeoisie transnationale. 
Oui tout communiste doit combattre l’existence de ghettos ethniques, religieux et territoriaux autoconstitués, largement indépendants de la condition sociale de leurs habitants. 
Oui, l’électorat communiste s’est "réfugié" dans le vote FN. Au lieu de ratiociner contre André Gérin, analysez plutôt les résultats des votes à La Courneuve, à Saint-Denis ou dans le Nord...

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 18 juillet 2011, par Fabio Moroni

 

Tenter de mettre sur le même plan Dang Tran et Gérin est une bien basse manœuvre pour encore une fois légitimer le front de gauche et la liquidation du PCF. La section du PCF 15ème a toujours dénoncé les dérives racistes de Gérin comme en témoigne cet article qui date de 2009 (http://pcf-paris15.over-blog.com/ar...). 
Gerin est un élu qui gère sa carrière politique comme il l’entend. Dang Tran est responsable d’une organisation de base du PCF qui avec beaucoup d’autres secrétaires de sections pose la question de la rupture avec le front de gauche et la reconstruction du PCF sur une ligne Marxiste-Leniniste. Tenter d’assimiler ces organisations de base du PCF a des racistes témoigne bien de la nature opportuniste de La Riposte, organisation Trostkyste, qui attend avec impatiente l’officialisation de sa tendance dans le Front de Gauche.

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 18 juillet 2011, par Greg Oxley

 

Camarades,

Corinne Bécourt écrit : « Si je comprends bien, quand le FN dit "halte aux délocalisations" dans ses tracts, cette idée devient son bien propre et nous ne pourrions plus la défendre. » Nous sommes obligés de lui répondre : non, camarade, tu n’as pas bien compris. L’article dit précisément le contraire. Je cite : « Il serait bien évidemment idiot d’affirmer que le PCF ne doit en aucun cas avancer une revendication qui se trouverait dans l’arsenal d’un autre parti, fût-ce le Front National. »

Le problème est ailleurs, à savoir que Gerin et Dang Tran reprennent à leur compte des idées politiques et des éléments du programme du Front National qui n’ont absolument rien de progressiste, mais qui, au contraire, constituent un leurre – un mensonge, si l’on préfère – destiné à tromper les travailleurs et détourner leur attention des vraies causes de la crise, et donc des vraies solutions. Voilà ce que nous leur reprochons.

Le programme du Front National sur l’Europe n’est sans doute pas son « bien propre ». Si Gerin et Dang Tran veulent l’adopter, ils sont libres de le faire. Nous ne voudrions pour rien au monde les priver de cette liberté. Seulement, nous sommes libres, nous aussi, ne pas être d’accord avec eux. A notre avis, les communistes ne doivent pas suivre sur ce chemin.

Je tiens juste à faire une autre précision : Dang Tran et Gerin ne sont pas sur la même ligne sur tout, et notre article ne prétend pas le contraire. Ici, il s’agit de question européenne, sur laquelle ils défendent des idées très proches, pour ne pas dire identiques. Par contre, Dang Tran ne partage pas les idées de Gerin sur l’immigration. Notre article est parfaitement clair à ce sujet.

Fraternellement,

Greg Oxley

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 18 juillet 2011, par Eric Jouen

 

Chers camarades,

cet article ne tente pas de "mettre sur le même plan Dang Tran et Gerin" : ils se mettent eux-mêmes sur le même plan en reprenant (en le revendiquant haut et fort) 80 à 85 % des propositions du FN.

De plus, de nombreux camarades (de base comme moi) luttent contre le "social-chauvinisme" et défendent les idées prolétariennes et internationalistes de Marx et Lénine. Toute idée qui consiste à diviser les travailleurs (qu’ils soient européens, asiatiques, américains, africains etc..) doit être combattue. Toute idée qui consiste à défendre "la souveraineté nationale", qui est en fait la souveraineté de la classe dirigeante capitaliste, est un leurre et un poison pour les travailleurs français. 
Un responsable de parti ne doit pas tomber dans le piège des soit-disant directives de l’UE. Notre principal ennemi est le capitalisme français. 
Fraternellement 
Eric Jouen

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 18 juillet 2011, par ROCH Sylvain

 

Ou la la à la lecture des commentaires tentant de défendre Gérin et Dang Tran je constate que le débat sur de l’argumentaire semble difficle avec certains !! Il paraitrait que j’appartiendrais à une "tendance" souhaitant la liquidation du parti et voulant une reconnaissance au sein du front de gauche ? Camarade pourriez-vous me dire d’où vous tirez cela ? 
Ensuite revizor tu nous dit : "Concernant l’immigration rappelons ce que disait le PCF à l’époque où il n’était pas encore complètement inféodé à la social-démocratie et à l’union européenne et à l’époque ouù il n’avait pas encore complétement substitué à la lutte de classe la défense des sans-papiers, la légalisation du mariage homosexuel bref toutes revendications de la bourgeoisie."Ce PCF qui n’était pas « inféodé » à la social-démocratie et à l’union européenne, l’était (inféodé) surtout au Stalinisme !!! 
Quand à la défense des sans-papiers explique moi en quoi cela serait bourgeois, le marxisme est bien internationaliste, non ? 
Et ce pour des raisons tout à fait pratique et tactique (et non pour un quelconque sentimentalisme petit-bourgeois !!), réclamer la fin de l’exploitation pour une partie seulement de la classe ouvrière revient à la scinder et donc à l’affaiblir !! (« la question juive » de Marx est un article qui, pour moi, explicite clairement ce que doit être notre argumentaire) 
Pour la légalisation du mariage homosexuel, si le PCF doit être contre toute discrimination tendant à scinder la classe ouvrière (voir plus haut), elle ne devrait pas défendre une institution avec un caractère si bourgeois (ça c’est mon point de vue), mais si les homos veulent se marier pourquoi pas. 
Enfin puisque tu en arrive à préférer Sarko à un vote Mélenchon (même si il est loin d’être ce que nous voudrions !), je crois que tu montre toute l’innocuité du peu d’argumentaire que tu avances. 
Fraternellement 
Sylvain

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 19 juillet 2011, par Bruno

 

Merci a la riposte pour cet article clair et circonstancie sur ce que certain proclamme la gauche du pcf. En effet ces courants sont une survivances des positions nationalistes du pcf, qui confondent defense des travailleurs francais et replis sur soi. Ceci n’est que la continuation logique de la vision staliniste du socialisme dans un seul pays. Pour gerin il faut y ajouter la dose raciste de l’anti musulmanisme, qui le rapproche chaque jour d’un parcour politique d’un Doriot. Cependant si la Riposte a raison de critiquer cette derive, celle-ci a ses raisons profondes dans la regression capitaliste de la France, comme le souligne l’article. De plus loin de stigmatiser les musulmans, il est certain que la progression des fondamentalistes et autres talibans dans les quartiers, doit etre combattu, non par l’invective, et le rejet des autres, mais sur le terrain des idees, de la lutte, en derniere analyse, sur nos idees communistes, qui sont la seul perspectives pour un mieux vivre maintenant, et pas dans l’au dela defendus par tous les bigeots et charlatans religieux.

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 19 juillet 2011, par Gautier WEINMANN

 

Deux phrases antinomiques révèlent le mauvais procès intenté, comme le note Corinne Bécourt :

1) «  Malheureusement , Gerin n’est pas le seul opposant à la direction du PCF qui reprenne à son compte certains aspects du programme du Front National. »

2) « Il serait bien évidemment idiot d’affirmer que le PCF ne doit en aucun cas avancer une revendication (du) Front National. »

Donc, si je résume, quelque chose est « malheureux », mais la Riposte doit bien reconnaître que ce quelque chose n’est pas forcément « idiot ». Comprenne qui peut !

Quand Emmanuel Dang Tran dit que l’on peut être d’accord avec une grande partie le contenu de tracts du FN, il dénonce évidemment le virage « social » du FN. Le FN ne joue plus la carte de l’ultralibéralisme, même si, comme le dénonce très bien Dang Tran sur Fr3, le « poisson » est toujours là. Il veut mettre en garde les travailleurs qui, à la sortie de l’usine, peuvent être bernés par certains tracts.

Autre critique ridicule, Dang Tran ne prône pas, comme le FN, la « sortie de l’Union Européenne » – sur la base du capitalisme – et le retour au franc français ». Quelle mauvaise foi ! Dang Tran prône le communisme.

La Riposte dit vouloir s’attaquer à « la source même du pouvoir des capitalistes, à savoir la propriété privée des banques et des grands moyens de production. » C’est une excellente idée, mais il faut avoir l’honnêteté d’admettre que cela rejoint complètement le programme défendu par Dang Tran (pour personnifier le débat) !

Regardons les propositions défendues dans le cadre du 35ème congrès : « (re)nationalisation des secteurs clefs de l’économie, (…) être plus clairs et plus offensifs que de vagues « pôles public (…) renationalisation d’EDF et de GDF (…) mobiliser pour la nationalisation des banques et des établissements de crédit  ». Pourquoi la Riposte passe-t-elle ce projet sous silence ?

Au temps du 34ème congrès, déjà, je me souviens que la Riposte tentait de faire croire que le texte Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ne voulait « pas remettre en cause le capitalisme". Ainsi, « l’appropriation sociale des moyens de production » était une formule floue, « introduite dans le vocabulaire du parti à l’époque de Robert Hue » ( !).

Il est de notoriété marxiste que cette formule est le B.a- BA du projet communiste. Je ne citerai que F. Engels : « L’appropriation sociale des moyens de production élimine non seulement l’inhibition artificielle de la production… ». Il est vrai qu’Engels n’a jamais eu la prétention de s’attaquer aux rapports de production capitaliste, à la propriété privée des moyens de production, n’est-ce pas Greg Oxley et Jérôme Métellus ?

Par ailleurs, la Riposte devra expliquer comment des nationalisations sont compatibles avec l’UE. Un tel programme implique la sortie de l’UE, c’est l’évidence ! Pas pour la Riposte, qui dit s’opposer à l’UE et à l’euro uniquement parce qu’il s’agit « d’une propagande fausse et mensongère ».

Mais de quoi parle-t-on ? Pas de mirage ! l’UE, ses traités, ses directives, sa monnaie sont des choses très concrètes, il ne s’agit pas de miroirs aux alouettes, il s’agit d’ARMES DE DESTRUCTION MASSIVES contre les travailleurs, contre le communisme !

Un programme communiste de maîtrise de nos vies impose bien évidemment la fin de la BCE, conçue au-dessus des peuples dans l’intérêt du capital. La Riposte admet : « l’euro visait à protéger les intérêts des capitalistes – et surtout des plus puissants d’entre eux ». TB, mais, dans ce cas, pourquoi ne défend-elle pas la sortie de l’euro ?

Le rétablissement d’une monnaie nationale, en lien avec une monnaie mondiale de coopération, aurait cet immense avantage de ne pas laisser sa gestion aux mains des marchés financiers et des libéraux monétaristes. Nos sociétés sont bien des sociétés monétaires de production, la question de la politique monétaire n’est pas neutre, que l’on soit en régime capitaliste ou communiste (ma préférence !).

Sortir de l’euro est une condition nécessaire, mais pas suffisante. Comme le souligne parfaitement le camarade Dang Tran, évidemment, « la fin de l’euro, le retour au franc ne signifient pas l’avènement du socialisme en France. (…) Le pouvoir resterait dans les mains du capitalisme français. ». Donc, pourquoi la Riposte résume les propositions de Dang Tran à la sortie de l’euro ? La réponse est bassement politicienne : pour pouvoir le mettre dans le même sac que Le Pen, avec Gerin !

Lénine : « Le réveil des masses sortant de la torpeur féodale est progressif, de même que leur lutte contre toute oppression pour la souveraineté du peuple, pour la souveraineté de la nation. De là, le devoir absolu pour le marxiste de défendre le démocratisme le plus résolu et le plus conséquent, dans tous les aspects du problème national. Secouer tout joug féodal, toute oppression des nations, tous les privilèges pour une des nations ou pour une des langues, c’est le devoir absolu du prolétariat en tant que force démocratique, l’intérêt absolu de la lutte de classe prolétarienne.  »

Certes, Lénine dénonce le caractère bourgeois, l’utopie réactionnaire de « rester dans sa Nation ». Mais il dit très bien les choses : la souveraineté nationale n’est pas une fin en soi, c’est bien la condition de l’édification du socialisme, quand les pays qui nous entourent sont capitalistes et impérialistes.

Au niveau de la Commission européenne, du Parlement européen et des différents sommets européens se règlent les politiques qui visent à venir à la rescousse du capitalisme. C’est pour cela qu’une fois au pouvoir en France, nous n’aurions plus rien à faire dans de telles instances, avec des dirigeants d’autres pays qui ne partageraient pas nos vues.

Clou de la sottise, la Riposte indique que, « d’une manière générale, les mesures et contre-mesures protectionnistes mèneraient à une contraction du volume des échanges internationaux. Une politique protectionniste ne permettrait pas de défendre les emplois et les « productions nationales ». Au contraire, elle se traduirait par leur destruction à une échelle encore plus massive qu’à présent. »

On ne saurait mieux défendre le libéralisme mondial ! J’ai entendu les mêmes propos récemment de la bouche du président de l’OMC, Pascal Lamy !

La Riposte est décidément loin d’Hugo Chávez, ce dernier ayant mis en place l’ALBA pour, justement, promouvoir la logique coopérative dans les échanges plutôt qu’une zone de libre-échange avec les États-Unis !

Comment Chávez aurait-il pu entamer la construction du socialisme sans reconquérir la souveraineté nationale de son pays ? Dans notre texte du 34ème, nous disions : « depuis quelques années, le socialisme refait surface dans différents points du globe. Ainsi, plusieurs pays d’Amérique Latine se sont engagés dans des expériences progressistes. Elles reposent toutes sur la reconquête de la souveraineté nationale grâce à la nationalisation des banques et des grands secteurs de l’économie  ».

Que la Riposte propose mieux, plus efficace et concret ; en attendant, on peut toujours rêver du communisme dans toute l’Europe (ou mondial).

Finalement, la Riposte rejoint entièrement le Front de gauche sur l’analyse de l’UE.

Et avec ce texte abject sur Emmanuel Dang Tran, après avoir soutenu Chassaigne en interne, elle montre qu’elle est prête à tout pour regagner du terrain à la « gauche » du Parti et pouvoir continuer sa petite boutique…

Gautier WEINMANN, adhérent à Leforest (62).

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 19 juillet 2011, par St Just

 

Mes chères et chers camarades, ce que je lis des uns et des autres me laisse perplexe. Certes, depuis que le parti communiste est tombé dans le piège des sables mouvants du réformisme, nous assistons à des déchirures, des combats fratricides qui, malheureusement, ne servent nullement la cause révolutionnaire. Ne sommes-nous pas en train de nous tirer des balles dans le pied alors que la pensée marxiste devrait générer un formidable élan populaire en vue de renverser l’ordre établi en lui substituant la marche vers le socialisme ? 
Certes, il y a des erreurs stratégiques à ne pas commettre car elles sont dommageables et prêtent effectivement à confusion. 
Ceci étant, en qualité de militants responsables, ne pourrions - nous pas reprendre ces erreurs et les corriger de manière pédagogique afin d’interpeller les auteurs mais en même temps créer une cohérence discursive qui mène au combat : en fait, pour reprendre les critiques ci-dessus à l’encontre de nos deux camarades, il me semble que c’est le FN qui récupère des idées en les remaniant pour son propre compte dans sa tentative d’attirer le peuple dans son giron : cela est vrai pour l’immigration, pour l’Europe, pour la retraite... 
La crise structurelle du capitalisme monopoliste financier, le chômage endémique, la RGPP...contribuent à la mise en concurrence des travailleurs, des territoires...et là, nous savons bien, hors les naïfs et ceux qui veulent bien être trompés, que ce terreau sert les intérêts de la grande bourgeoisie qui travaille à la mise en scène des idées les plus régressives. Le FN est l’outil politique privilégié pour ce faire. 
Mais je pense que nous avons intérêt à repenser le monde avec Marx et Lénine : prenons justement l’Europe : que disait Lénine en ...1913 ? :"Du point de vue des conditions économiques de l’impérialisme, c’est-à-dire de l’exportation des capitaux et du partage du monde par les puissances coloniales « avancées » et « civilisées », les États-Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires". Il me semble que nous sommes dans ce cas de figure, pire, nous vivons les premiers pas de la dictature de l’empire. 
Aussi, même si cela nécessite de travailler y compris sur nous, je pense que la seule voie que nous devons ouvrir et qui sera efficiente consiste à repenser la société de telle sorte que l’homme sera l’alpha-oméga de cette société, et ce dans le cadre d’une démarche autogestionnaire concrète à l’aide d’un outil non neutre que serait un parti communiste retrouvant ses fondamentaux révolutionnaires sans lesquels,il ne sera qu’une coquille vide se baladant au gré des vents...

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 20 juillet 2011, par ROCH Sylvain

 

Cher St just, très jolie phrasé, mais peut-on savoir où tu veux en venir ? 
Tu trouve qu’il est judicieux de faire croire aux salariés français qu’une sortie de l’euro serait "moteur" de changement comme tend à le laisser croire Dang tran et Gérin ? Que un des problèmes important pour les salariés est le port du voile intégrale par une poignée d’islamistes extrème comme le dit Gérin ? 
Je n’arrive pas à voir où est ta vision ? 
Les erreurs de Gérin et Dang tran ne sont pas des erreurs stratégique comme tu le laisse croire mais bien des fautes politiques et théoriques, fautes qui sont bien plus préjudiciable à notre cause que le populisme d’extrème droite !! Donc notre rôle est de les dénoncer avec force !! 
Fraternellement 
Sylvain

 


Gerin, Dang Tran et les idées du Front National

Le 20 juillet 2011, par La Riposte

 

Nous avons répondu à la longue critique (ci-dessus) du camarade Gautier Weinmann dans l’article suivant :http://www.lariposte.com/sortir-de-l-ue-reponse-au-camarade,1656.html

 


 

 


http://www.lariposte.com/gerin-dang-tran-et-les-idees-du,1654.html
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