>> Nous vivons une période particulière - de Jean-Paul LEGRAND
Nous vivons une période qui bouscule bien des idées reçues, que ce soit les idées de gauche ou de droite.
Tout le système idéologique et politique du pays (médias, partis, institutions, dirigeants, patronat) ne comprend pas ce qui se passe ou l’interprète d’une façon tellement classique que la classe dominante a une vision qui est très déformée de la réalité. Cela risque d’entraîner un décalage très profond entre de grandes masses du peuple et les élites dirigeantes.
L’accumulation de frustrations et d’humiliations sur plusieurs années voire de décennies, l’impasse dans laquelle on emmène la jeunesse, le mépris dans lequel on maintient les gens au travail comme dans la plupart des institutions, la condescendance des dirigeants et leur admiration pour le système de l’argent, cette accumulation de coups portés à la dignité d’un peuple nous conduit à une situation explosive, peut-être les débuts d’une situation pré-révolutionnaire car la crise capitaliste n’a pas dit son dernier mot et de nouveaux séismes financiers sont à prévoir prochainement.
Ce n’est pas faute de l’avoir souligné ici, sur ce blog, depuis plusieurs années maintenant.
Mais la classe des riches qui se vautre pour la majorité de ses membres dans une orgie financière dévastatrice avec ses serviteurs zélés de l’appareil d’Etat n’a que faire de tels avertissements. Elle ne "comprend" que le ><rapport de force>< et c’est ce qui est en train de se passer !
Il est fort possible qu’une dure répression soit employée par le pouvoir.
Mais la répression, l’intimidation, les pressions de toutes sortes si elles peuvent dissuader durant un moment d’agir, ne peuvent venir à bout d’une volonté populaire qui s’est construite progressivement dans le temps.
Cette lente maturation, cette transformation silencieuse de l’idéologie de millions de gens, c’est la capitalisme en crise qui en est l’initiateur, le responsable.
La classe dominante a une pensée trop mécanique ou plutôt n’a pas beaucoup de choix pour parvenir à juguler de tels phénomènes : "je crois qu’elle va choisir la violence de classe comme elle l’a toujours fait dans notre histoire".
Hélas la majorité des dirigeants des appareils syndicaux et politiques ne sont pas d’un grand secours aux hommes et femmes en lutte car ils n’ont pas préparé les gens à de telles éventualités de radicalisation du combat et de son élargissement aux plus grandes masses, la plupart ont ronronné dans ce qu’ils appellent le "jeu social et politique", se lamentant de la faiblesse des effectifs de leurs organisations qui n’était que le résultat de leur surdité et de leur aveuglement, de leur refus d’écouter les exploités car la réalité les dérangeait trop.
Un responsable syndical permanent disait il y a quelques jours sur un ton ironique "si ça continue, nous les bureaucrates on aura plus grand chose à faire, ils vont nous retirer le pain de la bouche" en parlant de tous ces gens qui se mobilisent et qu’on n’avait jamais vu auparavant. Des gens totalement déterminés, prêts à aller loin , très loin si il le faut et qui semblerait-il sont en train de s’organiser un peu partout dans le pays.
Tous les observateurs sérieux reconnaissent qu’il se passe quelque chose d’inédit.
Demain peut-être la répression qui risque de s’abattre atténuera la multiplication des actions. Le pouvoir capitaliste a-t-il encore le choix ?
Jouer la carte Sarkozy jusqu’au bout semble être sa décision, sans doute celle qui par l’autoritarisme et la répression pourrait "calmer" leur "jeu".
Mais pour les prolétaires, ce n’est plus un jeu, d’autant qu’ils sont des millions qui n’ont plus rien à perdre ou qui sont idéologiquement acquis au rejet total de ce système.
Le pouvoir sait une chose : il a déclaré 'la guerre de classe' et cherche l’affrontement car il est convaincu qu’il va la gagner.
Il peut la gagner mais ce sera au prix de terribles destructions et il en portera l’unique responsabilité !
La meilleure des solutions c’est qu’il la perde au plus tôt. Au plus vite.
Et... pour qu’il la perde, l’élargissement et l’unité, la créativité, la solidarité du mouvement populaire sont indispensables.
Qu’il la perde, oui, pour que le pays retrouve la sérénité et la confiance dans ceux qui le font fonctionner.
Pour cela il n’y a qu’une voie, celle que le peuple devienne celui qui décide vraiment
et exerce une souveraineté qui jusqu’ici lui est refusée
comme l’a montré la honteuse annulation de son vote de 2005 contre la constitution capitaliste de l’Europe.
Jean-Paul LEGRAND