**UNE CONTRIBUTION THÉORIQUE *ESSENTIELLE* DE LA LOUVE ROUGE !**

Publié le par RBBR

 

mercredi 9 mai 2007 (16h32) :

POUR UN COMMUNISME DU 21ème SIECLE (ou : leçons du 6 mai 2007)

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"Pour un communisme du 21ème siècle" - 6 mai 2007 : Angélisme irresponsable ou volonté coupable de la gauche ?

de La Louve

Nicolas Sarkozy n’a pas été élu le 6 mai 2007.

Colporter cette rumeur, c’est accroître les responsabilités déjà énormes des partis de gauche par un angélisme tout à fait déplacé et irritant.

Il a été élu le 21 avril 2002, sinon même avant.

Techniquement parlant d’abord. L’élection plébiscitaire de Jacques Chirac dans les conditions que nous connaissons a permis à Sarkozy de prendre fermement les rênes de l’UMP et surtout, de s’imposer pendant presque 5 ans à des postes-clefs du gouvernement, les Finances et l’Intérieur. Il en a profité pour placer ses hommes liges partout où il pouvait et tisser ainsi sur tout le territoire national une immense toile d’araignée relationnelle néo-conservatrice et ultra-libérale.

Idéologiquement parlant ensuite. Il a profité de la désertion totale du PS et de l’effondrement du PCF pour « donner le ton » de cette campagne bien avant qu’elle ne s’ouvre officiellement, avant même d’être investi par l’UMP, dès qu’il est entré en fonctions.

Le silence, l’inaction dans les combats de la plupart des élus et dirigeants du PS, voire parfois, du PCF, ont fait le reste.

Sur ce point d’une relative inaction, je me permets de rappeler pour exemple (mais il y en a d’autres) deux manifestations « anti-lois Perben » les 5 et 10 février 2004 si ma mémoire est bonne, assez inhabituelles pour êtres notées pourtant, puisqu’elles avaient réuni, sous l’égide du Bâtonnier d’alors - pas franchement gauchiste - une partie importante du Barreau de Paris qui a manifesté, en robe, place Dauphine et devant l’Assemblée nationale, contre les lois Perben liberticides.

Ayant participé, avec des confrères de tous horizons, à ces manifestations, je peux vous assurer n’avoir vu aucun député PCF venir nous saluer ou nous encourager lorsque nous fûmes massés au pied du Palais Bourbon, qu’il n’y eût avec nous aucune délégation PCF, et que la seule pointe de rouge dans nos cortèges était celle amenée par la CGT- magistrature et deux ou trois représentants de la CNT…

Il fut ensuite facile de mettre ce non-soutien à une cause importantissime (protéger nos libertés publiques, déjà) sur le dos d’une volonté délibérée de ne pas participer à des manifestations qui auraient été « corporatistes » - puisque organisées par les deux principaux syndicats d’avocats, l’UJA et le SAF ; en effet, c’est plus ou moins ce que l’on nous a expliqué à l’époque… Je m’étrangle encore de rage rien qu’en y pensant.

Nous avons également été nombreux à déplorer le silence et l’immobilisme des partis tels que le PCF et la LCR face au maintien prolongé et abusif de Sarkozy place Beauvau.

Je ne parle pas du combat pour les sans papiers, que j’ai vu se durcir et dont j’ai pu expérimenter personnellement la difficulté grandissante à le mener dès l’accession de Nicolas Sarkozy à l’Intérieur… Evidemment, je ne suis pas la seule.

Ce sont des raisons comme celles-ci, qui, personnellement, m’ont rendue en partie hermétique aux appels à voter Royal au second tour sur le thème « Sarko - facho ». Non que cela ne soit pas juste, mais quand on est persuadé d’un danger depuis longtemps, on vit assez mal le fait de se le faire claironner dans les oreilles in extremis, lorsqu’il est trop tard, parfois par des « ralliés de la dernière heure »…

Aussi, croire que Nicolas Sarkozy a été élu le 6 mai 2007 est une nouvelle erreur de jugement dont je ne sais si elle est volontaire (pour tenter de masquer l’étendue du travail qui n’a pas été fait) ou involontaire (réflexe presque inconscient de victimisation et de justification d’erreurs internes par des facteurs exogènes…)

Face à un dynamisme et à une force physique qui semblaient rejaillir en une force intellectuelle, aussi manifestement déployés par le leader conservateur, il n’y a eu aucun rempart sérieux à gauche.

Nous avons confondu quantité et qualité en nous lançant dans l’expérience hasardeuse des « collectifs anti-libéraux », imaginant avec une candeur qui serait risible si elle n’avait pas fait autant de dégâts, que l’agrégation quasi mathématique de forces politiques parfois irréconciliables, l’addition des scores feraient l’addition des voix et donc au final, la victoire en chantant…

A ce sujet, il est à mon sens fondamental de mettre un terme à ces collectifs et de nous désengager de cette dynamique grippée officiellement et rapidement.

En ce qui nous concerne, le PCF a négligé d’entamer ce qu’il aurait dû commencer au moins en 2002 à savoir, pour commencer, une analyse critique et radicale des changements qui se produisaient au PS. Peut-être aveuglé par un suivisme trop anciennement établi, mais aussi, enfermé dans un refus de connaître vraiment « l’ennemi » de l’intérieur, notre Parti a raté cette marche..

Il est donc passé complètement à côté de la révolution (réelle) sociale-libérale (pudiquement appelée au PS « sociale-démocrate ») qu’était en train d’accomplir ce Parti autrefois socialiste, et a ainsi fini de creuser sa tombe, avant de mettre le premier pied dedans.

Aussi n’a-t-il qu’insuffisamment perçu ce que certains n’ont eu de cesse de dénoncer dès que cela est devenu clair, à savoir en fait que non seulement le PS n’était plus un parti de gauche, mais surtout, que cette élection nationale servait en réalité de 2d référendum interne au PS, à quelques leaders assoiffés de pouvoir. Voilà ce qui explique le satisfecit que s’est décerné Royal dimanche soir : « Je pèse 47 % de voix de Français au sein du PS donc je suis le chef »…

Par ailleurs, personne à gauche, à ma connaissance, n’a encore osé émettre l’hypothèse que l’engouement provoqué par Sarkozy ne signifiait pas que la France se « droitisait ». Pour ma part, je ne le crois pas. Au contraire : la France se « gauchise » et nous allons en avoir bientôt la preuve, mais la France en revanche , se fragilise, et est fragilisée, depuis des années, ce qui l’a rendue infiniment plus perméable au populisme et aux effets de manche tribuniciens.

Si l’on veut essayer d’être objectif, le discours de Sarkozy, ses prestations, ont été éminemment « populo » et ont reposé,sans doute, sur une analyse assez fine et juste, non pas de ce qu’est réellement la société française mais de ce qu’elle pense être (à force de lui avoir bien répété que c’est ce qu’elle était) et donc, au final, de ce qu’elle attend qu’on lui renvoie d’elle-même…

Je ne veux pas faire d’élitisme, et ce qui va suivre ne traduit pas mon sentiment profond, mais il me semble le 6 mai 2007, c’est la victoire de la France des « Bronzés » (ce n’est pas un hasard symbolique que Clavier, l’ami de Sarkozy, a été à ses côtés tant qu’il a pu). La victoire de Mireille Mathieu, d’Enrico Macias et de Johnny Halliday. C’est la victoire du petit qui sue et qui s’habille comme un plouc, un parvenu, « too much », un « revanchard de la vie » dans lequel, paradoxalement, beaucoup de nos concitoyens ont pu se reconnaître. En face de cela nous avions Cali, Benabar, Emmanuelle Béart etc etc. Royal, ses brushings, ses tailleurs impec’ et ses airs de grande bourgeoise atteinte de bovarysme…

Le discours et la campagne de Sarkozy se sont constamment déroulés autour de 2 axes : des « valeurs populaires » et une mise en abîme de la question de l’immigration. Ces deux axes ont été servi et argumentés avec des raisonnements sophistes, binaires, extrêmement bien construits et que personne n’a pris la peine de pulvériser.

Qu’on veuille le reconnaître ou pas, du haut de nos vertus communistes (nous qui nous prenons trop souvent, malgré tout, pour l’élite éclairée de l’humanité souffrante), du haut de ces vertus donc, cette campagne populaire, nous l’avons appelée, avec un dédain qui empêchait l’analyse salutaire, « populisme ».

C’était vrai mais insuffisamment argumenté. Car tout chez Sarkozy a respiré (à tort évidemment) « le peuple » ! Son vocabulaire, et jusque dans sa syntaxe ! Par exemple, « le travail » (et non « l’emploi », non « l’entreprise ») est une valeur éminemment populaire, au sens strict du terme, puisque le peuple est prolétaire ! Ajouté à cela, « la Fance qui se lève tôt » - encore un coin enfoncé dans l’imaginaire ouvrier…Les tâcherons qui bossent, les ouvriers aux mains abîmées et aux yeux fatigués, opposés aux « branleurs »…

Il était quand même assez troublant de constater que des 2 candidats du second tour, celui qui donnait le plus l’impression d’être issu de la bourgeoisie de province, qui se pavane, qui exclut, qui calcule petit, n’était pas celui de l’UMP…

A ce titre, la campagne de la candidate du PS a été une campagne insupportable : elle a été une campagne « d’intellos de gauche », parisienne, élitiste, à côté de la plaque, pleine de blabla, et donc, a attisé les détestations personnelles, à l’image, physique, de la candidate.

Mise en abîme de la question de l’immigration ensuite, LA question qui emmerde (il n’y a pas d’autres mots) la gauche depuis 25 ans ; LA question qu’elle n’a jamais su poser correctement, et donc, à laquelle elle n’a jamais su répondre correctement ; LA question sur laquelle elle a trahi et re-trahi tant qu’elle pouvait, pour laquelle elle n’a jamais eu de discours juste car n’ayant jamais eu de réflexion juste.

Et... développement du sujet en deux temps extrêmement manichéens : d’un côté les « nouveaux étrangers », le « robinet à fermer MAINTENANT », et de l’autre les « anciens étrangers », le « gisement à exploiter MAINTENANT ».

Autour de tout cela, un Sarkozy se permettant grâce aux attaques stupides de Le Pen, de passer pour un fils d’immigré (sous-entendu un fils de prolo car là aussi la notion n’est pas claire pour la gauche…), revendiquant haut et fort des porte-parole femmes, « successfull », séduisantes, issues de l’immigration. Un comble quand on connaît la réalité de ses pratiques ! J’attends maintenant ce qui serait une suite logique, et mon cauchemar personnel (pas sur le fond, au contraire, j’y suis éminemment favorable) : que Sarkozy tienne les promesses du PS et du PCF, et accorde le droit de vote aux étrangers…

La victoire de Nicolas Sarkozy dimanche 6 mai est celle qui parachève une défaite en forme de tsunami (dont les vagues se font sentir de loin et pendant longtemps) et qui est celle de l’ensemble des partis de la gauche française. A quelques exceptions personnelles, et d’un point de vue « marketing », les partis de gauche échouent à être populaires ou vus comme tels parce que le PS ne l’est plus depuis longtemps et qu’il leur fait de l’ombre sociale-libérale.

Au passage, merci à Blair et à Prodi d’avoir aussi chaleureusement félicité Sarkozy pour sa victoire…J’espère au moins que ces messages auront rendu clair le fait que la social-démocratie dont se réclame désormais ouvertement une majorité du PS, est plus proche de la droite que de la gauche…

Autre problème : la lutte des classes a été abandonnée ( à tort, évidemment, puisque le MEDEF, lui, a continué à la mener) ; avec elle, l’éducation des couches populaires à cette lutte. Nous le payons. Nous payons notre désertion quasi-physique dans les entreprises et les industries, notamment.

Mais nous ne payons pas que cela ! Nous payons aussi l’abandon répété et manifeste, par doute, par lassitude, et par calculs électoralistes aussi, parfois, de nos valeurs centrales : humanisme, internationalisme, utopisme, anticapitalisme.

Et ce qui est fou, c’est que bon nombre d’électeurs populaires de Sarkozy croient, de bonne foi, avoir voté pour tout cela en votant pour lui, tout cela « plus quelque chose », et ce quelque chose, c’est l’ordre.

En cela, la politique de Royal qui a été d’accoler « juste »à « ordre » a aggravé son erreur (courir après Sarkozy sur les terres ancestrales de la droite au lieu de faire une autocritique raisonnée qui aboutisse à une « re-gauchisation » du PS) ; la politique de gauche aujourd’hui est de nouveau assimilée au désordre injuste, à l’insécurité frappant de préférence les classes populaires des banlieues… « La chienlit » quoi !

Merci Royal de nous avoir fait régresser à ce sujet. Non pas qu’il nous faille devenir des « partis d’ordre », tout au contraire – il fallait arriver à penser les choses autrement, ce qui impliquait d’abord de se débarrasser des étiquettes.

Nous avons également échoué, pour l’instant à remplacer la promesse de « créer une France de propriétaires » par une autre promesse d’avenir.

Parce que finalement, l’idéal communiste s’est délité au fil des ans pour devenir un projet consistant à transformer le prolétaire pauvre en petit bourgeois endetté. En notre sein même, nous n’avons pas réglé nos comptes avec le matérialisme et la place de l’argent et de la propriété dans l’histoire de l’Homme. Aujourd’hui encore, nous pensons que nous aurons gagné notre combat si nous parvenons à augmenter fortement les salaires de telle sorte que chacun puisse vivre décemment. Or je ne crois pas que cela doive être notre unique objectif.

D’autant que sur cet terrain, nous avons fort à faire pour combattre l’illusion capitaliste, que nos armes ne sont pas ou plus au point (car comment répondons-nous aujourd’hui à la question « quand faut-il cesser d’augmenter un salaire » ? quand estime-t-on que le niveau de vie décent est atteint ? et pourquoi ne pas aller plus loin ? qui met fin à cette course à l’échalote et en vertu de quelles règles ?…)

Non pas que cet objectif d’améliorer les conditions de vie des prolétaires, surtout les plus pauvres et les plus fragiles, doive être abandonné, non. Car il faut donner des forces à ceux qui souffrent pour permettre d’initier de véritables luttes, plus profondes et plus radicales (en prenant bien conscience aussi que pour l’instant rien ne nous permet d’affirmer qu’une fois tiré d’affaire le prolétaire voudra encore lutter contre le capitalisme dont il commence à grignoter une ou deux miettes…).

En d’autres termes, je crains fort que pour l’instant, rien ne nous permet d’être autre chose qu’une machine à transformer le pauvre en riche, le prolétaire en classe moyenne bourgeoise.

Entendons-nous bien, je ne plaide évidemment pas pour une paupérisation qui aurait pour objectif de nous garder un réservoir de voix factice. Non, évidemment.

Mais il me semble que cet objectif d’amélioration des conditions de vie des plus souffrants, des plus exposés, ne doit être qu’une étape, un objectif intermédiaire, ou plutôt, qu’il doit être à la fois une cause en soi et également un outil pour autre chose.

Et nous avons beaucoup d’autres choses à faire au PCF durant ces 5 ans à venir.

Bien-sûr, notre responsabilité de communiste aujourd’hui est encore, et plus que jamais de gagner des élections. A ce titre, je ne vous cache pas que j’attends peu des législatives en termes de résultats pour nous . Cela nous sauvera d’ailleurs peut-être en partie. J’en attends en revanche beaucoup en terme de campagnes menées, comme lors de cette présidentielle.

Mais nous ne gagnerons plus d’élections de manière significative si nous ne mettons pas en œuvre les moyens adéquats pour y parvenir.

Ces moyens quels pourraient-ils être et d’abord, quels ne sont-ils pas ?

Ils ne sont ni une fermeture névrotique et identitaire, ni une ouverture liquidatrice du Parti, mais une rénovation interne, raisonnée et fraternelle. Ce qui implique une refondation, sans doute ,de nos propres pratiques (allant jusqu’à une refondation comportementale : nous devons nous comporter comme le grand parti, non pas que nous avons été, mais que nous devons redevenir). Etre ce que nous voulons devenir en somme.
Ni une lutte acharnée avec nos alliés les plus « naturels », ni une fusion dans l’illusion d’une Linke allemande.

Ensuite, ces moyens, quels sont-ils ?

Ils sont essentiellement au nombre de trois, à utiliser et à approfondir simultanément et sans désemparer, avec dialogue, sans tabou et en faisant la part des choses le plus précisément possible, avec respect et esprit d’ouverture en notre sein.

1. Une refondation idéologique 2. Une transformation éthique de nos pratiques politiques 3. Un renouveau communicationnel

1. Une refondation idéologique :

Une redéfinition de nos concepts-clefs, qui ne sont peut être plus maîtrisés ou pas appropriés – en cela le Congrès de décembre est une très bonne idée, si et seulement si répondre à la question de la place « des » communistes dans la société française au 21ème siècle, implique nécessairement passage par la définition de la place « du » communisme en France au 21ème siècle… Ne pas abandonner la pratique de l’économie mais lutter contre « l ‘économisme », maladie qui gangrène la pensée politique des partis de gauche ( à l’exception notable de la LCR), non pas pour abandonner l’économie, non mais au contraire, pour la remettre sainement à sa place. Nous sommes un parti politique, pas une société d’experts-comptables ! Fort logiquement, l’économie doit être au service de notre politique et pas l’inverse.

On a beaucoup critiqué le fait que cette campagne n’était pas « programmatique », surtout lorsque les médias disaient, de manière fausse, qu’elle l’était. Nous l’avons déploré haut et fort mais nous avons échoué à démontrer que cette absence de programme économique viable et cohérent était suicidaire à moyen terme. Mais les Français ne veulent pas savoir quel est le programme – ils veulent des idées et des projets ; comme lorsqu’ils achètent une voiture : ils veulent qu’elle soit belle et roule sans problème, le plus longtemps possible – ce qui se passe sous le capot, ils s’en fichent, et quelque part, ils n’ont pas tort. On ne peut pas éternellement balayer les attentes populaires d’un revers de main méprisant, en pensant que le peuple n’a rien compris et que nous ferons son bonheur contre son gré – attention à l’enfer, pavé de bonnes intentions.

Cela ne signifie pas abandonner une construction programmatique, non ! Cela signifie, en faire notre seule responsabilité d’experts – il doit exister et il doit fonctionner – mais nous devons « vendre » autre chose.

Enfin, nous emparer de thèmes « d’avenir », notamment l’écologie sur laquelle nous sommes incroyablement en retard (en réglant la question du nucléaire une fois pour toutes), ou en prenant appui sur ce que nous avons commencé à construire et qui est incroyablement moderne pour le coup, à savoir les questions LGBT, auxquelles il faut, à mon sens donner encore plus de visibilité et de dynamique, pas seulement pour régler les problèmes posés au fond mais aussi pour en faire des « supports de communication » efficaces de notre modernité.

2. Une transformation éthique de nos pratiques politiques : Réfléchir et édicter des règles à appliquer d’abord en notre sein, pour lutter contre la professionnalisation de la vie politique (il est non seulement scandaleux mais aberrant que des élus aient pu faire de la politique une carrière de vie, voire, aient ainsi parfois, pu se construire des « fortunes » que le travail d’une vie civile ne leur aurait jamais permis d’acquérir). Evidemment être d’une fermeté extrême sur le non-cumul des mandats, la nécessité de ne pas être élu 20 ans d’affilée, le combat contre toute forme de corruption, de népotisme, de clientélisme etc… La fin du « crétinisme parlementaire » lié à tout cela qui nous oppresse et nous bloque. La pratique d’une forme de vertu comme exemplarité nécessaire. La pratique du dialogue, du respect du militant, la fin de la langue de bois, l’introduction de valeurs comme la joie, l’amour, (bref, des valeurs éminemment hédonistes), pas seulement sur le fond, mais surtout pour guider nos pratiques…

3. Un renouveau communicationnel enfin : « Dépoussiérer » notre IMAGE en termes presque marketing et oublier nos fausses pudeurs. Je sais bien que l’on pense devoir convaincre le peuple et non le séduire, et que cette croyance est fondée sur un respect absolument nécessaire qui est le respect de l’intelligence populaire. Mais nous ne convaincrons personne si nous n’amenons pas d’abord le citoyen à nous prêter une oreille en le séduisant un peu. Cela peut passer par une modification du nom, par un rajeunissement des cadres, des élus, évidemment cela sera d’autant plus facile à faire en notre sein que cela ne traduira pas une altération de l’idéologie communiste et qu’au contraire, cette modification « marketing » s’accompagnera d’un travail de renforcement de cette idéologie.

Je comprends bien que certains camarades soient réfractaires par méfiance à ce type de rajeunissement d’image parce qu’ils redoutent, parfois avec raison, qu’on en profite pour tuer le communisme dans le PCF. Il faut trouver un moyen de rassurer ces camarades pour que nous travaillions tous ensemble, et ce moyen , c’est la consolidation idéologique.

En cela, je répète qu’il n’y a rien de plus séduisant qu’une idée bien construite et qu’il est dix fois plus facile de communiquer sur un sujet qui est complètement travaillé, bouclé d’un point de vue idéologique, que sur une notion « problématique » (et qui pose surtout problème à ceux et celles quoi doivent d’en servir…).

Il y a évidemment énormément de choses qui n’ont pas pu être dites ici ; et d’ailleurs, je ne prétends pas avoir tout dit ni, bien-sûr, avoir raison dans tout ce que j’ai dit, ni même avoir bien dit ce que j’avais à dire – je fais comme toujours, j’applique à moi-même une des vertus que je recherche et qui est le dialogue, l’échange d’idées, pour, contre, différentes...

Un vrai dialogue implique le droit à l’erreur pour toute personne désirant assumer une prise de parole publique en notre sein, dans la mesure où certaines limites ne sont pas franchies (ces limites sont notamment celles énoncées plus haut : liquidation, repli, zizanie…). Une sorte d’immunité qui fait que l’on ne remettra pas la personne en cause parce que en réalité, on n’a pas le courage ou le désir de se frotter aux idées. En d’autres termes, il faut partir du principe qu’en général (sauf exceptions avérées et notoires), tout membre du Parti communiste entend rester tant communiste que membre du Parti.

Dialoguer, réfléchir, discuter, donc. Agir également.

Mais ne pas paniquer. Ne pas se précipiter. Quitter la politique du « lapin pris dans les phares », mortifère, irrationnelle, stupide.

Nous avons perdu une bataille (ce n’est pas la première ni la dernière) mais, évidemment, nous n’avons pas perdu la guerre.

Cette guerre, elle se joue depuis toujours, et se poursuivra sans doute longtemps après nous, c’est la guerre contre le capitalisme.

Pour la mener, nous devons nous armer de patience, d’humilité, de rêves, et d’amour.

Chers camarades, le communisme du 21ème siècle n’est pas mort !

Il n’est pas encore né.



De : La Louve
mercredi 9 mai 2007

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=48050  [ Avec tous les commentaires sur ce site ]

http://osemy.blogspot.com/2007/05/pour-un-communisme-du-21me-siecle-ou.html  [ Texte original sur le site d'Osémy...et premiers commentaires ]



 

 

Publié dans THÉORIE - PRAXIS

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