Rapport sur la situation internationale

Publié le par R.B

http://www.lagauche.com/lagauche/article.php3?id_article=1416

 



c) C’est en Amérique latine que cette contradiction entre le libéralisme et les résistances populaires est la plus explosive. Il y a un basculement à gauche de l’Amérique Latine, avec les dernières défaites de la droite et l’arrivée de sociaux-libéraux au pouvoir dans des pays comme l’Uruguay, le Chili... et les défaites probables de la droite au Mexique, au Costa Rica, au Nicaragua. Mais aussi avec la victoire de Morales en Bolivie. Bientôt il n’y aura plus comme grand pays que la Colombie pour rester le relais direct de Washington.

Dans ce cadre, il y a une première polarisation entre l’impérialisme et la droite réactionnaire ou golpiste qui ont une stratégie de confrontation. L’intervention de la droite est souvent le facteur qui radicalise les processus.

Les Américains interviennent régulièrement sur cette ligne depuis Miami. Il y a le plan Colombie. Il y a les interventions des paramilitaires ici et là. N’oublions pas la citation que Chavez reprend de Trotsky : « La révolution avance souvent sous les coups de fouets de la contre-révolution ».

Il y a une deuxième polarisation entre, d’un côté, les sociaux-libéraux (Lula, Kirshner, Tabare Vazquez, Bachelet, Palacios, Duarte et demain Lopez Obrador au Mexique et Ortéga au Nicaragua) et, de l’autre, Cuba, Chavez, Morales... et un point d’interrogation sur Ollanta Umalla au Pérou...

Cette deuxième polarisation est plus feutrée. D’abord pour des raisons d’État et du fait de l’aspiration populaire à un projet d’intégration latino-américain... Tous se réclament face à l’impérialisme états-unien d’une autre Amérique. Ils ont refusé la ZLÉA... mais alors que le Brésil et l’Argentine mettent l’accent sur le Mercosur, en y ayant intégré le Venezuela, tant Chavez que Castro mettent surtout l’accent sur l’Alternative bolivarienne pour l’Amérique (ALBA)...

Mais il faut prendre toute la mesure du projet Kirshner et Lula. Forts des nouvelles positions de leurs pays, ils peuvent jouer sur le Mercosur, prendre appui sur leurs capacités à maîtriser le mouvement de masses, sur le fait qu’ils ont réussi à imposer une certaine stabilisation... Ils ont une réelle autonomie dans le cadre de la mondialisation, même si sur le moyen terme il n’y a pas de place pour un nouveau projet péroniste ou cardéniste... comme dans les années 1930 au Mexique ou dans les années 1950 en Argentine.

Il y a deux enjeux :

-  l’un sur Chavez. Est-ce que Lula et Kirshner peuvent le tirer à droite et à l’amener à de nouveaux accords avec l’impérialisme ?

-  l’autre sur Morales. Qui le gagnera ? Chavez ou... Lula et Kirshner ?

Ce sont les deux enjeux centraux car dans tous les dispositifs en place - option confrontation ou option négociation dans un cadre social libéral - il y a deux grains de sable : Chavez et Morales...

Nous discuterons du Venezuela. Mais l’autre pays en ébullition et où la situation est explosive, c’est la Bolivie. Il y a là un mouvement de masse qui garde l’initiative : les coordinations sans terre ont dès les premiers jours mobilisé pour une négociation avec Morales et il y a une pression de toute une série d’autres associations. Si le Venezuela est dominé par Chavez, la Bolivie, elle, est encore pour le moment dominée par le caractère explosif du mouvement social. Evo Morales ne sera pas Lula d’abord parce que la pression sociale est beaucoup plus forte. Ensuite, dans ses déclarations et ses initiatives (vis-à-vis de l’état-major..., par la baisse de son salaire de 57 %...) il montre une certaine direction. Il y a bien sur d’autres forces : celle de Santa Cruz, celle dans son propre camp du vice-président favorable à un capitalisme andin... mais la situation reste ouverte, très ouverte. Et nous devons concentrer notre attention sur ces deux pays.

   

Publié dans THÉORIE - PRAXIS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article