Bernard Thibault : « Le premier ministre est dans l'impasse »

Publié le par R.B

http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-03-25/2006-03-25-827014

 

 


La Une en PDF

 

Dans

l'humanité des débats

 

 

 

 

 Pcf

 

 

 

 

 

Avec 8 000 nouveaux membres, le PCF comptait fin décembre dernier

 

 

 

 

Près de 135 000 adhérents

 

 

 

 

chiffre en hausse pour la première fois depuis longtemps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Communisme

 

 

 

 

 

« Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence,

 

 

 

 

c'est, au contraire, leur existence sociale qui détermine leur conscience. »

 

 

 

 

Karl Marx (1818-1883)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le communisme a-t-il de l'avenir  ?

 

 

http://www.humanite.fr/journal/2006-03-25/2006-03-25-826973

 

 

 

 

 

Rappel des faits

 

 

 

 

 

 

Tandis que le PCF tient son 33e Congrès, et puisque nous évoquons ici l'avenir

 

 

 

 

et non ce passé aux ombres multiples,

 

 

 

 

tentons de résumer par l'absurde l'opinion dominante

 

 

 

 

de ce début de XXIe siècle gouverné par les appareillages techno-télé-médiatiques.

 

 

 

 

Ça pourrait donner ceci :

 

 

 

 

le communisme est mort

 

 

 

 

et enterré depuis la chute du mur de Berlin,

 

 

 

 

le capitalisme mondialisé impose désormais son ordre...

 

 

 

 

Massivement schématisé, voilà donc « réglé » le sort de

 

 

 

 

Deux des « ismes » les plus célèbres de l?histoire humaine.

 

 

 

 

Seulement voilà, « l?acte de décès » érigé par ceux qui rêvèrent et rêvent encore

 

 

 

 

d?une « fin de l?histoire » n?a pas été paraphé par tous. Pour plusieurs raisons.

 

 

 

 

  Le capitalisme, plus libéral et marchand que jamais, reste la source des inégalités

 

 

 

 

et des plus insupportables désordres

 

 

 

 

qu?on puisse imaginer.

 

 

 

 

  Dans un sondage CSA publié par l?Humanité le jeudi 23 mars,

 

 

 

 

près d?un Français sur deux dit vouloir transformer le capitalisme ou le réformer en profondeur.

 

 

 

 

  Si toutes les civilisations du passé ont fini par disparaître,

 

 

 

 

notre civilisation du capitalisme et du libéralisme semble bien en crise radicale.

 

 

 

 

  N'assiste-t-on pas, avec la mondialisation,

 

 

 

 

à la généralisation et à l'exacerbation de ses maux,

 

 

 

 

comme à l'apparition de nouveautés radicales et de potentiels de transformations

 

 

 

 

systémiques ?

 

 

 

 

  De même, doit-on rester aveugle devant

 

 

 

 

la généralisation de la salarisation dans tous les pays, accompagnée

 

 

 

 

de l'explosion de la précarité

 

 

 

 

avec le chômage massif persistant

 

 

 

 

et la mise en concurrence des salariés du monde entier ?

 

 

 

 

  Le communisme - malgré les crimes de régimes étatiques qui s?en revendiquèrent ?

 

 

 

 

ne demeure-t-il pas un idéal de justice sociale inépuisable

 

 

 

 

et philosophiquement vivant ?

 

 

 

 

Dans Spectres de Marx (Éditions Galilée), Jacques Derrida, dès 1993, mettait en garde contre la mise en abîme programmée (donc dogmatique) du marxisme et du communisme.

 

 

 

 

Et le philosophe rappelait opportunément que,

 

 

 

 

dès la première page,

 

 

 

 

nous pouvons lire dans le Manifeste (1847) : « Un spectre hante l?Europe

 

 

 

 

 le spectre du communisme. »

 

 

 

 

  Vieille histoire,

 

 

 

 

donc, toujours recommencée, toujours repensée

 

 

 

 

- peur des uns, espérance des autres.

 

 

 

 

Pourtant, en réfléchissant à l?intitulé même de ce propos,

 

 

 

 

un autre titre en forme de question possible avait fini par surgir de nos cerveaux capricieux et provocateurs :

 

 

 

 

 « Le communisme est-il l'avenir du capitalisme ? »

 

 

 

 

 

 

 

 

Était-ce seulement un trait d'humour ?

 

 

 

 Par Jean de Leyzieu

 

 

 

 

"Beaucoup plus qu'une utopie"  

 

 

 

 http://www.humanite.fr/journal/2006-03-25/2006-03-25-826975

 

 

 

 

 

 

Le capitalisme est devenu irrespirable. Mais est-il dépassable ?

On s'évertue à nous ôter cette perspective de la tête. Dites, si vous

y tenez, que c'est une utopie, mais au sens où l'utopie est ce qui n'a aucune chance d'exister jamais nulle part. Le capitalisme serait définitif.?.

Or s'il y a - et il y a - d'immenses aspirations à un autre monde et

une autre vie, alors que tout est fait pour nous en dissuader, cette donnée subjective ne peut s'expliquer que par une réalité objective : les grandes idées ne tombent jamais du ciel.

Marx : « L'humanité ne se propose jamais que des tâches qu'elle peut résoudre », car si le projet lui en vient, c?est nécessairement que les conditions objectives pour les résoudre sont au moins « en voie de devenir ».

Pour dépasser le capitalisme vers un communisme de nouvelle génération

(dépasser n'est pas exclusif de supprimer, mais l'inclut

au contraire dans une vision bien plus pertinente

de la transformation historique), maints présupposés seraient-ils

donc objectivement en voie de devenir... sous nos yeux ?

Je renverse la question : comment peut-on ne pas les voir ?

Exemple : avec l'investissement sans cesse plus poussé des sciences dans la production, la productivité réelle du travail va vers de tels niveaux que l'objectif du bien-être pour tous sort de l'utopique : « À chacun selon ses besoins » n'est pas un rêve.

Si on ne le voit guère, c'est que la dilapidation par le capital atteint aussi un niveau fabuleux.

L'explique-t-on assez ?

Casse inexprimablement ruineuse des moyens de production, des hommes, de la nature, manque à produire [résultant] du chômage structurel de masse, coûts stériles effarants de la concurrence, de la publicité, coulages de gestion colossaux, investissements inimaginables dans la guerre et sa préparation, prélèvements inouïs du luxe de caste, formation parasitaire et éclatement périodique de bulles financières astronomiques...

Chacune de ces dix rubriques du gâchis capitaliste mondialisé pèse son millier de milliards de dollars, voire bien davantage.

Et le capitalisme serait le dernier mot de l'efficacité sociale ? Et le bien-être pour tous ne serait qu'utopie ?

Cette vue matérialiste des contradictions du capital comme formant, contre son gré, des présupposés négatifs et positifs de son dépassement possible, si nous savons nous en emparer, c'est tout Marx.

Il nous faut mieux qu'hier... penser et agir avec lui aujourd'hui.

Dans l'extraordinaire frénésie néolibérale où monte la possibilité du pire pour l'humanité, s'accumulent aussi, comme jamais, des préconditions de son dépassement vers le meilleur.

Quand le capital en est à casser le salariat, l'heure d'un dépassement historique du salariat capitaliste ne sonne-t-elle pas ?

Quand le processus productif exige l'initiative responsable des producteurs, leur intervention à part entière dans les gestions peut-elle être différée ?

Quand s'emballe un peu partout ce que révèle l'explosion du phénomène Internet, le dépérissement des pouvoirs de classe au profit d'une vraie démocratie participative en tout domaine ne vient-il pas à l'ordre du jour ?

Quand se généralise la crise de toutes les discriminations et se répand le souci d'une solidarité interhumaine planétaire, se fait jour en maints domaines - fût-ce de façon tâtonnante - la revendication de gratuité, peut-on hésiter à diagnostiquer l'entrée dans 'une transition de phase' de la civilisation humaine ?

« Le communisme », en tant que forme sociale aboutie, n'a jamais encore existé nulle part.

C'est en quoi la visée communiste, qui donne si grand sens au combat politique et à l'engagement personnel, tient de l'utopie.

Mais en même temps le communisme, sans guillemets, c'est le « mouvement réel qui dépasse l'état de choses actuel ».

Ce mouvement-là, pour être efficace, a l'absolu besoin de savoir de quoi il peut partir pour mieux savoir vers quoi il peut aller. Là où n'existent pas encore de présupposés 'objectifs' du communisme, tout communisme est impossible - d'où le drame du XXe siècle.

Dans le monde et la France d'aujourd'hui, de tels présupposés se mettent à foisonner. Faisons-nous assez pour les étudier comme tels et prendre appui sur eux ?

Le communisme aura à coup sûr de l'avenir si nous savons le travailler au présent.

 

 

Par Lucien Sève, philosophe.

 

 

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