« Une dérive droitière qui fait peur »

Publié le par R.B

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« Une dérive droitière qui fait peur »

 

Sécurité . Les déclarations de Ségolène Royal inquiètent à gauche, divisent le PS. Un climat qui réjouit la droite et l’extrême droite.

Ségolène Royal a confirmé hier matin, sur France 2, ses déclarations de Bondy sur la sécurité. « Je ne me place pas sur le terrain de Nicolas Sarkozy, je me place sur le terrain des gens qui souffrent », s’est-elle justifiée, ajoutant que les deux principales souffrances, « c’est le chômage et la précarité, et c’est la question de l’insécurité et des violences ». Admettant que les termes « encadrement militaire » pour les délinquants avaient « pu surprendre », elle s’en est expliqué : « Qui va sur le champ des catastrophes humanitaires dans le monde ? Les militaires, les pompiers, les gendarmes, les associations humanitaires, c’est-à-dire des professions sous uniforme, parce qu’elles ont des compétences », a-t-elle fait valoir.

Ses prises de position lui ont valu en tout cas la une des médias. « Le coup d’éclat autoritaire », titre Libération, dont l’éditorialiste fustige tous ceux qui la critiquent.

« Le conservatisme royaliste en matière d’ordre peut-il aider la gauche à gagner la présidentielle sans se renier ? » semble à ses yeux la seule question qui vaille.

Après le soutien de Julien Dray et celui d’Emmanuel Valls, qui avait approuvé la proclamation de l’état d’urgence à l’automne, la candidate socialiste a reçu celui de l’adjoint de Bertrand Delanoë, Christophe Girard. « Dans un monde socialement et économiquement de plus en plus violent, il faut être vraiment bouché, voire irresponsable pour ne pas rechercher des solutions nouvelles », a déclaré le néosocialiste. Par contre, au sein du PS, les déclarations critiques se multiplient, de Laurent Fabius à Dominique Strauss-Kahn ou Anne Hidalgo... Jack Lang, après avoir, dans un premier temps, approuvé, s’est ravisé et a exprimé sa perplexité « sur la tonalité de ce qui a été dit ». Mélenchon dénonce « une dérive droitière qui fait peur », et le MJS demande « la mise sous tutelle des mesures démagogiques ».

À l’UMP, on continue à se réjouir. « Quel hommage elle rend ! » à Nicolas Sarkozy, s’exclame Michel Barnier, tandis que Dominique Paillé affirme que « Ségolène Royal chausse les bottes de Jean-Marie Le Pen ». Pour le député européen du FN Carl Lang, « la lepénisation des esprits dépasse toute notre espérance ».

Dominique Voynet accuse la candidate à l’investiture socialiste « d’aller sur le terrain des démagogues et des populistes ». Le président de l’UNEF, Bruno Julliard, lui reproche de jouer « la mère Fouettard ».

« J’aurais aimé que Ségolène Royal, lorsqu’elle se déplace en Seine-Saint-Denis, parle culture, emploi, jeunesse, développement, plutôt que de marcher sur les pas de Nicolas Sarkozy et d’assimiler ce département à la délinquance », a déclaré Marie-George Buffet, qui reproche à Ségolène Royal « d’aller encore plus loin (que Nicolas Sarkozy) dans les postures martiales et sécuritaires ».

Olivier Mayer

Publié dans THÉORIE - PRAXIS

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