LA GAUCHE ANTILIBÉRALE : « Ambition-stratégie-candidatures »
http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-11-06/2006-11-06-839889 [ L’intégralité du texte ]
La gauche antilibérale
« Ambition-stratégie-candidatures »
[morceaux choisis]
[...] Militantes et militants politiques, syndicaux, associatifs, et plus largement citoyens engagés, nous avons été ensemble ces dernières années dans les luttes contre les offensives de la droite et du patronat. Nous avons mené ensemble la campagne pour « le non » de gauche au traité constitutionnel européen, en contribuant à une dynamique commune des forces antilibérales qui a permis la victoire du 29 mai. Ce rassemblement, cette victoire expriment un espoir : elles appellent une perspective politique à la hauteur.
1 - Battre la droite - Ouvrir une autre voie à gauche
[...] Depuis des années, la gauche est traversée par deux orientations contradictoires qui se sont notamment exprimées à l’occasion du référendum sur le traité constitutionnel européen : l’une, sociale-libérale, d’acceptation et d’adaptation au libéralisme et à la mondialisation capitaliste ; l’autre en rupture avec le libéralisme et porteuse de propositions de transformation sociale et démocratique, et d’un projet de développement qui rompe avec le gaspillage lié à la course au profit. C’est cette orientation alternative que nous voulons faire vivre et développer pour qu’elle devienne majoritaire à gauche et dans le pays. La bataille du référendum sur le traité constitutionnel européen a montré que seul l’antilibéralisme peut à la fois rassembler une majorité à gauche et mobiliser l’énergie populaire pour le changement. À l’inverse, le social-libéralisme fait obstacle au rassemblement du peuple de gauche, il désespère les catégories populaires et débouche sur l’incapacité puis le renoncement pur et simple à transformer l’ordre des choses. [...]
[...] Nous ne serons pas d’un gouvernement dominé par le social-libéralisme qui, dans sa composition comme dans son projet, ne se donnerait pas les moyens de rompre enfin avec le libéralisme, [et] ne répondrait pas aux attentes.
Le Parti socialiste, notamment, a adopté un programme qui tourne le dos à une rupture franche avec le libéralisme. Il est hors de question, pour nous, de négocier sur cette base un contrat de gouvernement dont l’action, décevant une nouvelle fois, déboucherait inéluctablement sur le retour d’une droite plus dure encore. De même, il est hors de question d’accepter l’idée proposée par le PS d’une « fédération de la gauche » autour d’une telle orientation. [...]
[...] Nous entendons impulser une dynamique politique nouvelle, un rassemblement durable de toutes les forces antilibérales de gauche, en faisant converger toutes celles et ceux qui luttent pour l’émancipation. Plus cette dynamique prendra de l’ampleur, [plus elle] se traduira dans les urnes en 2007, [plus elle] changera les rapports de forces à gauche, [et] plus nous créerons [ainsi] les conditions pour que se constitue ‘une majorité pour mettre en oeuvre au gouvernement une politique de rupture avec le libéralisme’.
Dans le cas où nous ne participerions pas au gouvernement, notre groupe à l’Assemblée ne participera pas à une majorité constituée pour soutenir ce gouvernement, mais votera en faveur de toute disposition législative allant dans le sens des intérêts de la population.
Nous utiliserons aussi notre force parlementaire, avec tous ceux qui seront partie prenante de mobilisations sociales, [1] pour faire adopter un certain nombre de mesures positives ou retirer les mesures négatives ; [2] pour faire transcrire notre programme dans la loi et dans les faits. Nous nous réserv[er]ons d’apprécier et de discuter publiquement la manière dont agi[ront] le gouvernement et sa majorité tout au long de la législature.
À la présidentielle et aux législatives, dans les cas où nos candidats ne ser[aient] pas arrivés en tête de la gauche au premier tour, nous nous mobiliserons pour battre la droite et l’extrême droite en appelant à voter pour le candidat de gauche le mieux placé, sans conditions ni négociations d’un accord politique entre les deux tours.
2 - Une campagne unitaire et populaire
Notre campagne devra échapper à la dérive présidentialiste encouragée par les institutions, d’où l’importance du groupe de porte-parole que nous mettrons en place sur la base de l’accord unitaire conclu, de sa conception, de son rôle et de son travail collectif. Nous lions présidentielle et législatives en une même campagne et démultiplions ainsi les porte-parole. [...]
[...] Comme lors de la campagne référendaire, c’est l’implication citoyenne qui sera le levier démultiplicateur de notre action.
Nous construisons des collectifs unitaires et populaires comme cadre d’implication des citoyens et outil de la campagne. Unitaires, cela signifie que nous visons à rassembler, sans exclusive, toutes les forces, sensibilités, personnalités qui rejettent les politiques libérales et aspirent à une alternative (militants communistes, socialistes, d’extrême gauche, écologistes, alternatifs, altermondialistes, syndicalistes, associatifs, citoyens, etc.). Populaires, cela signifie que notre ambition est d’aller au-delà des cercles de militants politiques et d’impliquer des dizaines de milliers de syndicalistes, d’associatifs ou de citoyens qui veulent apporter leur contribution à cette bataille. [...]
[...] Ce n’est que si les citoyennes et citoyens s’emparent de nos (leurs) propositions qu’elles pourront devenir majoritaires dans les urnes.
Notre démarche à vocation majoritaire implique de s’adresser à tous les électeurs et électrices et pas seulement aux cercles déjà convaincus. [...]
3 - Procédure pour le choix de nos candidats
[...] Il paraît difficile de vouloir trancher cette question par un vote pour départager plusieurs candidats (quel corps électoral ? constitué comment ?). La concurrence et la confrontation poussées au bout nous feraient courir le risque de fractures difficilement réparables.
Il faut débattre pour se convaincre et chercher à bâtir un double consensus : au sein des collectifs et entre les organisations pour choisir celle ou celui qui incarnera sur le bulletin de vote notre rassemblement. Le choix de notre candidature (au sein d’une équipe pluraliste de porte-parole) interviendra à l’automne en lien avec l’accord unitaire sur le programme, la stratégie, le rassemblement durable. [...]
[...] Nous ne partons pas pour faire un coup électoral. L’enjeu est bien plus vaste. Il s’agit de construire un rassemblement durable des forces antilibérales de gauche. Changer la gauche pour que ça change vraiment et durablement !
Saint-Denis, le 10 septembre 2006.