'Repórter Social' a dévoilé la liste complète des membres du Congrès fédéral également détenteurs dun média. 67 % des intéressés sont issus des rangs des trois principales formations dopposition au
Ils sont 80, élus ou réélus au Congrès fédéral de Brasilia à l’issue des élections générales d’octobre pour la mandature 2007-2010, à pouvoir revendiquer le titre de « Citizen Kane » brésilien.
Ces 53 députés et 27 sénateurs - soit un tiers des élus de la Chambre haute - ne pèsent pas seulement par les suffrages. Tous ont en commun d’être les actionnaires principaux, voire les propriétaires d’au moins une télévision ou une radio (on les appelle des « concessionnaires »).
S’appuyant sur une enquête de l’Institut d’études et de recherches en communication du Rio Grande do Sul (Epcom) et sur les données des Tribunaux électoraux, l’agence de presse indépendante Repórter Social a dévoilé la liste complète des membres du Congrès fédéral également détenteurs d’un média.
Presque tous les partis politiques sont concernés, mais 67 % des intéressés sont issus des rangs des trois principales formations d’opposition au gouvernement Lula : le PMDB (Parti du mouvement démocratique brésilien, centre droit), le Parti du front libéral (PFL, droite) et le PSDB (Parti de la social-démocratie brésilienne, centre), dont le candidat Geraldo Alckmin a été battu le 29 octobre au second tour de la présidentielle. L’enracinement géographique de ces « Citizen Kane » de l’hémicycle est également révélateur. Peu nombreux dans les régions Nord (7), Centre-Ouest (3) et Sud (8), ils sont 18 à être élus dans la région Sud-Est, qui regroupe notamment les Etats de São Paulo et de Rio de Janeiro, les plus peuplés et les plus riches du pays. C’est en région Nordeste, terre traditionnellement conservatrice et hostile au pouvoir fédéral, où les journalistes courent d’ailleurs le plus de risques, que le nombre de « parlementaires-concessionnaires » explose, avec 44 concernés.
L’influence personnelle et le passé politique jouent pour beaucoup. Sur les 80, on dénombre deux anciens chefs de l’Etat, José Sarney (1985-1990) - dont les deux enfants font aussi partie du lot - et Fernando Collor de Mello (1990-1992), onze anciens gouverneurs d’Etat, un ancien ministre de la Communication, un ancien président du Sénat et un ancien président de la Chambre des députés. Recordman des concessions, le sénateur de l’Etat du Rio Grande do Norte, Garibaldi Alves, possède à lui seul deux télévisions et sept radios locales, dont l’une baptisée opportunément Trampoline de la victoire.
Le conflit d’intérêt est patent. Car, non contentes de posséder des médias, certaines de ces personnalités font la pluie et le beau temps au pays des fréquences.
Douze députés-patrons de presse siègent à la commission des sciences et technologies, de la communication et de l’informatique, qui a le pouvoir d’octroyer ou de révoquer les licences d’émission.
Au Sénat, Wellington Salgado, qui détient 50 % du capital du groupe audiovisuel Rede Vitoriosa de Comunicações dans l’Etat du Minas Gerais où il est élu, cumule un siège à la sous-commission permanente du cinéma, du théâtre, de la musique et de la communication et un autre à la sous-commission des sciences et technologies… Benoît Hervieu, bureau Amériques de Reporters sans frontières.