Pour une RE- naissance de la GAUCHE.
"Les grands mots et les grandes poses ne servaient qu’à masquer les canailleries les plus mesquines." (Marx, à propos de Napoléon III le petit, voir l'article)
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Notre République tire au bonapartisme tant les pouvoirs du Président y sont exorbitants, une sorte de "coup d'état permanent" (1). L'élection qui vient de porter à la tête de cet "empire républicain" le candidat de l'ultra-droite néo-libérale, régressive et autoritaire, est donc lourd de conséquences. Elle a bien sûr de nombreuses causes et... remèdes. Je n'ai pas la prétention d'en passer la revue, simplement d'en pointer quelques unes...et quelques uns, qui comptent le plus pour moi.
A savoir: si la droite la plus dure est désormais, ainsi qu'elle le proclame, "décomplexée", affirmant haut et fort le socle foncièrement individualiste/égoïste de ses valeurs avec la politique économique et sociale de jungle (loi du plus fort) qui en découle, la gauche par contre, de renoncements en divisions, n'est plus audible par les classes populaires.
Habillée du blanc de la pureté par les spécialistes du marketing politique, servie par les talents personnels et l'ambition d'hommes prêts à tout pour accéder au pouvoir et le conserver, faisant appel d'abord à la peur -peur de l'étranger, peur de la "racaille" et de la violence, peur de la mondialisation, peur des actionnaires et des rentiers pour leurs sous -, martelée par les plus importants medias, la politique proposée par les capitalistes s'est emparée des "masses". Les idées dominantes sont bien les idées de la classe dominante !(2)! Et la classe dominante veut maintenant aller plus loin dans sa domination.
En face, la gauche doit elle aussi faire re-naître ses valeurs.
Elle a dans le passé porté les principales conquêtes démocratiques et sociales de notre pays: les Révolutions de 1789 et 1848, la Commune de 1871 dont de Gaulle reconnaissait qu'elle avait "assumé la France", le Front populaire de 1936, la Libération du nazisme et du pétainisme que nous fêtons aujourd'hui, mai 68 et ses 10 millions de grévistes: tous ces mouvements et quelques-uns à la suite ont apporté à notre peuple des conquêtes matérielles et morales dont nous bénéficions encore: les droits de l'homme et du citoyen, l'éducation, la république démocratique et sociale, les congés payés, la sécurité sociale, les entreprises et services publics, le salaire minimum, la réduction du temps de travail, les droits syndicaux, etc.
Mais aujourd'hui, pour paraphraser Victor Hugo, si la gauche sait d'où elle vient, elle ne sait pas où elle va.
La gauche gestionnaire, obnubilée par la ligne jadis fixée par Léon Blum d'être "les gérants loyaux du capitalisme", n'en peut plus des concessions au "marché" et à l'idéologie libérale qui lui ont fait perdre une bonne part de son identité.
La gauche transformatrice, mélange des gauches "protestataire" et "révolutionnaire" (3), en est arrivée, par progressive dilution du militantisme, à oublier que le parti n'est pas une fin en soi mais un moyen au service d'une cause, et que, si son "appareil" doit être préservé, il ne saurait se réduire à lui. Le "parti" d'ailleurs n'est pas forcément celui qui existe déjà: naissant "du sol de la société moderne" (2), sans doute revêtira-t-il une forme inédite, plus réseau transversal doté d'une coordination que parti centralisé comme les partis actuels regroupés autour des professionnels de la politique (élus et permanents).
Je voudrais aider la gauche gestionnaire à retrouver une identité de gauche claire, moderne mais claire, plutôt que de se perdre dans le marécage "centriste". Je voudrais aider à fédérer la gauche transformatrice, plutôt que d'engager une nouvelle guerre des chapelles. Je voudrais aider à l'union des deux gauches dans l'exercice des responsabilités plutôt que de continuer à se distribuer les rôles du consul (qui gouverne) et du tribun (qui parle au nom...).
Et pour cela, promouvoir le dialogue plutôt que l'anathème , la recherche d'accords de fond plutôt que du plus petit dénominateur commun, le respect des différences qui enrichit plutôt que la recherche de l'hégémonie qui appauvrit, l'intervention de la "base" - même et surtout non encartée - plutôt que les projets imposés d'en haut.
La démocratie ne devrait pas résulter seulement de la pluralité des partis - qui à gauche est excessive - mais surtout de la pluralité des projets, pluralité qui ne peut émerger que de l'irruption du peuple avec ses besoins et ses aspirations dans le débat. Avec cette intervention directe des citoyens, il doit d'ailleurs devenir possible de dégager des majorités dépassant largement l'absurde 51/49: l'unanimité est quand même le but ultime de la démocratie, puisque celle-ci doit permettre de déterminer l'intérêt général, lequel n'est pas représenté par l'avis de 51 ou 53 citoyens contre l'avis des 49 ou 47 autres.
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Rassembler car "nous n'avancerons qu'en nous unifiant" (4), tel me semble être le maître mot de la re-naissance (la deuxième naissance) de la gauche. Le Congrès de Tours en 1920 a vu la scission entre communistes et socialistes; les dangers du monde, les risques qui pèsent sur notre terre, la nouvelle ligne que la réalité trace entre réformes et révolution, n'indiquent-ils pas que le moment est venu de se fixer l'horizon d'un Congrès de Tours à l'envers, pour unir toutes les forces progressistes responsables ?
L'union n'uniformise pas, au contraire elle différencie, elle "super-personnalise" (4) en permettant à chacun d'exprimer le meilleur de lui-même; l'union n'additionne pas seulement, "elle produit" (4), elle est plus, autre et mieux que la somme des éléments qui la composent.
Rassemblons-nous ! Au niveau syndical (unité d'action),au niveau politique (à commencer par les législatives), dans les associations, pour résister à l'offensive réactionnaire qui vient -car il ne s'agit pas de "réforme" mais bien de retour en arrière, de réaction - et préparer, dans une France où "la politique ne se décide pas à la corbeille" (5), un avenir qui ait du sens pour chacun et pour tous, un avenir à visage humain.
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