De lamour je veux la paix, la révolution, la fantaisie.
dimanche 4 mars 2007 (13h01) :
Aux forces libres de l’amour

de Alina Reyes
De l’amour je veux la paix, la révolution, la fantaisie. Qu’il me fasse faire un grand écart jouissif entre mon besoin d’accomplissement intime et ma volonté de changer le monde.
Qu’il fasse danser ensemble le désir et la satisfaction, ces deux pôles qu’il faut toujours maintenir en équilibre sur un fil, un équilibre aussi gracieux, émouvant et plaisant que possible, pour ne pas laisser vaincre la souffrance ou l’ennui.
"Un article politique devrait être écrit comme une lettre d’amour", disait Milena Jesenska. Une lettre d’amour doit aussi être politique. Non qu’elle doive parler de politique.
Mais si une lettre d’amour n’est pas porteuse des enjeux politiques les plus élevés, alors elle n’est que vent. Je t’aime n’est politique que s’il implique une remise en question de soi et du monde. Partir par amour, se libérer, se transformer, agir, entreprendre par amour… cela est politique. Le reste n’est que sentimentalisme, sensualité ou conformisme.
Dans ma vision le désir n’est pas simplement hédoniste. Je dis non seulement que le désir est le moteur de la vie, mais aussi ce qui fait que la vie est mouvement. Il est pratique de liberté et d’aventure, mais il donne sans cesse lieu à un exercice de mesure, posant des questions de choix très intimes qui sont aussi très politiques .
Car c’est la somme de nos choix et de nos non-choix de vie qui fonde notre société. Dans une démocratie ce sont eux qui guident le législateur, et non l’inverse. Aucun texte de loi, même sacré, ne peut résister aux forces libres de l’amour, combattantes d’une révolution permanente personnelle, mais aussi collective.
La vérité de l’amour est en chacun de nous, qui veut bien l’y chercher.
L’amour est blanc parce qu’il est la somme de toutes les couleurs, parce qu’il est la gomme qui m’efface, m’épelle et fait valser l’alphabet de mon identité.
L’amour est blanc comme la nuit, l’aube, l’œil aveugle du voyant. L’amour est blanc comme une chemise, et de n’importe quelle couleur les draps sont toujours blancs, où dansent nos corps en ombres chinoises, les draps sont les pages tissées de toute éternité par les fileuses de destins.
Les draps sont blancs parce que si longtemps les femmes les ont empilés dans de sombres armoires, une lumière secrète, parce que je les ai vus étendus par terre au soleil, offrandes, où ils étaient l’image même de l’Amour couché sous le Ciel, ouvert, extasié dans l’herbe scintillante des prés.
L’époque est sombre et j’ai envie de lumière, de vies tissées d’envies de vivre, de désirs solides et joyeux, je veux des choses concrètes, anciennes et humaines, comme les rêves, la pensée, la musique, la danse, les livres et le plaisir. Je veux de l’amour.
De : Alina Reyes
dimanche 4 mars 2007

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