*Élodie* TUAILLON LA LOUVE ROUGE : *[Aux Législatives] - le 10 juin 2007- aucune voix ne devra manquer à nos candidat-e-s !*
[Aux Législatives] - le 10 juin 2007- aucune voix ne devra manquer à nos candidat-e-s !

de Elodie TUAILLON
Au lendemain du 22 avril 2007, une fois séchées les larmes et ravalée la rage de nous être faits aussi injustement dépouillés de notre droit de vote, il y a plusieurs choses à dire et à faire, nous le sentons tous et toutes.
D’abord, et encore une fois, remercier Marie George pour la magnifique campagne qu’elle a faite et qu’elle nous a permis de faire avec elle. J’ai été, personnellement, émue et admirative.
Émue par la foi dans la lutte, la foi dans l’idéal communiste, admirative de l’élégance, de la dignité, avec laquelle elle s’est battue, admirative de la ténacité et de la réelle intelligence politique de la dame (car oui, celle-là, c’est une GRANDE dame).
C’est incroyable, vraiment, de s’être battue ainsi, alors que les cartes étaient données depuis longtemps, dès l’origine, et qu’elle le savait sans doute…
C’est un bel héritage qu’elle nous laissé là, de courage, de volonté , et d’espoir, et nous essaierons d’en être dignes et de le perpétuer. De le faire vivre et fructifier pour l’avenir.
À ce titre donc, le 22 avril est un jour heureux malgré tout pour nous communistes.
La tâche ne fut pas aisée pourtant car en notre sein nous fûmes divisés, en tout cas pour certains, entre deux pôles tous deux néfastes, quoi que cela ne ce soit pas ressenti dans la majorité de la base.
L’un, qui par une peur peut être légitime de voir se dissoudre le communisme dans une « dynamique-antilibérale-machin » s’est recroquevillé sur des réflexes archaïques voire autistes, dans une logique de la citadelle assiégée.
Cette tendance-ci est, elle-même, divisée... et représente notamment une ligne que l’on ne peut même pas appeler « dure » mais qui est purement et simplement passéiste et rétrograde ; elle veut faire passer une nostalgie pro-soviétique pour une volonté de préserver le « dogme » communiste, ce en quoi elle ne trompe personne.
Pour autant, elle est très susceptible de faire des dégâts immenses avec l’aide d’une poignée de camarades.
L’autre pôle, plus ennuyeux à mon sens, qui, par une peur très personnelle (ou plutôt, personnalisée..), de ne plus « exister » a tiré de toutes ses forces vers un rapprochement, sinon une fusion, avec un PS devenu social-démocrate, faisant presque campagne pour Royal.
Ces deux pôles sont très éloignés et pourtant ils ont, comme tous les pôles, des caractéristiques communes. Ils sont les pôles de la peur, pour de bonnes ou de mauvaises raisons.
Aussi, leur confrontation, au lieu de se résoudre dans le fruit d’un dialogue constructif entre frères, a cristallisé davantage encore les tensions et les antagonismes, l’un prétendant répondre et exister à cause de l’autre, (ce qui d’ailleurs n’est pas faux, mais à quoi on ne peut s’arrêter).
C’est donc un tour de force de notre candidate d’avoir su faire une telle campagne de réunion et d’enthousiasme dans une situation digne de Caïn et Abel…
Et à cause de ce tour de force, il est impératif, à mon sens, que Marie-George BUFFET conserve un rôle important dans la direction du Parti.
Toute notre difficulté, mais aussi toute la beauté et la grandeur de notre devoir est là aujourd’hui et réside dans le nœud de cette contradiction, qui s’est tissée au fil des années et s’est nourrie de défaites.
Comment faire (re)vivre le communisme (qui a repris aujourd’hui un peu de souffle mais est encore convalescent), et le PCF, support de cette Idée, sans sombrer dans l’un ou l’autre excès des deux pôles ?
En d’autres termes, comme me disait un camarade il y a quelques jours, comment passer de la dialectique « perdre avec le Parti ou gagner sans le Parti » à celle de « gagner avec le Parti » ?
Pour moi, la question d’une fusion ou d’un rapprochement avec le PS aujourd’hui (tendance Robert HUE donc) est radicalement exclue. Je ne veux même pas y songer.
Cela étant posé, je ne peux pas non plus me reconnaître complètement dans des crispations identitaires nostalgiques et hostiles à toute « rénovation », car la rénovation de notre Parti est nécessaire et d’ailleurs, nous l’avons entamée.
Il est évident cependant que je préfère pour ma part travailler avec des camarades pour qui le communisme a encore un sens spécifique, une raison d’être, et qui osent parler d’anticapitalisme plutôt que « d’alternative au libéralisme », plutôt qu’avec des gens qui se demandent encore s’ils vont place du Colonel Fabien ou rue de Solférino et pour qui le Parti, après leur avoir tant servi, n’est plus qu’un frein à leur ascension personnelle, fut-elle misérable…
Toute la difficulté va donc être d’avoir un discours juste et de faire la part des choses.
Notre rôle aujourd’hui, à nous communistes, c’est bien de trouver le moyen de propager le vrai socialisme dans la société, non pas par la force ou l’argument d’autorité, mais en faisant comprendre à nos concitoyens que là est le Salut de l’Homme.
Il faut donc susciter l’adhésion sans perdre son âme.
Il ne s’agit pas non plus pour nous de simplement transformer le prolétaire pauvre en prolétaire riche. Non, il s’agit au contraire de redonner au communisme toute sa dimension utopique et de tout faire pour que cette utopie advienne « naturellement ».
Notre devoir, c’est bien aussi, outre de défendre les intérêts des prolétaires, de faire la guerre à l’argent–roi et à la société de consommation, nouvel opium du peuple.
Notre rôle c’est bien de savoir montrer l’abîme dans lequel le système capitaliste entraîne l’humanité toute entière.
Il ne s’agit nullement de souhaiter que nous vivions tous et toutes dans la misère, ni de nous transformer tous et toutes en propriétaires nantis, mais peut être que nous sachions créer l’alternative au fait de penser le monde en termes de riches et pauvres, car la libération de l’homme est aussi au prix de lui apprendre à renoncer (au bon sens du terme) à certains désirs.
En cela, nous avons une vraie voie à ouvrir et certains comptes à régler, car le fondement du communisme a pour l’instant été majoritairement matérialiste…
« A chacun selon ses besoins » – ce qui implique d’abord que nous trouvions en nous la force et l’amour fraternel permettant de délivrer l’Homme de sa pesante condition d’animal de consommation, en faisant la peau aux « faux besoins », y compris idéologiques.
Notre seul but doit être de permettre à nos semblables de retrouver la voie de la liberté et du bonheur sans leur infliger le malheur de la misère.
Evidemment on reproche toujours au communisme d’être « totalitaire par essence », notamment parce qu’être communiste implique prétendre détenir la clef de la félicité humaine et présuppose un comportement de masse.
Ce reproche est à la fois fondé et erroné et il faut également en discuter entre nous pour lui tordre le cou définitivement.
Ce reproche est fondé par l’expérience si l’on examine une partie de l’Histoire ; il est fondé par la crainte que suscitent les utopies de masse, supposées être irréconciliables avec l’Individu.
Mais il est erroné par ce que justement, ce constat nie la formidable capacité de l’Homme à résoudre les contradictions les plus ardues par l’imagination et l’amour fraternel.
Erroné parce qu’il fait un procès d’intention pour l’avenir et postule que l’on ne peut faire confiance à quelqu’un ou à quelque chose qui a déjà failli (et en cela il y a une vision complètement consumériste des Idées : « ça n’a pas marché ? Je jette, passons à autre chose… »).
C’est oublier aussi que l’histoire humaine est infinie et nous dépasse, et que chaque échec, fut-il lourd et sanglant même, a aussi et avant tout pour mission de semer pour l’avenir de la prochaine réussite.
Quoi que nous fassions de vraiment important à l’échelle humaine, il est probable que ni vous ni moi ni nos enfants ne le voient en actes. Mais peut être leurs petits-enfants…
Combien d’hommes se sont écrasés au pied de la montagne avant de savoir voler ? Combien d’hommes se sont noyés avant de savoir nager ?
Bien-sûr, il ne s’agit nullement de nier les erreurs du communisme (et d’ailleurs, il s’agissait bien plus en fait du dérèglement de certains dirigeants qui ont dévoyé l’idéal communiste pour d’obscurs motifs, plutôt que d’erreurs du communisme en soi car, comment une Idée peut-elle faillir ?).
Mais il ne s’agit pas non plus d’être dans une posture de pénitent éternel, et de nous excuser sans cesse d’être communistes !
Nous avons fait notre mea culpa pour les crimes perpétrés au nom de l’idéologie que nous défendons.
Nous l’avons peut-être mal fait, en ce sens que nous ne sommes pas allées jusqu’au bout et que nous n’avons pas fait la part des choses.
Mais voilà.
NOUS , nous l’avons fait.
Où est, par exemple, la repentance socialiste pour le colonialisme ou la trahison de la guerre d’Espagne ?
Et quel journaliste demande à Mme Royal de rendre des comptes à ces sujets ?
Bref.
Cela signifie aussi que nous devons absolument abstraire le communisme de la logique de résultat, logique consumériste également, dans laquelle il s’est enfermé par précipitation, par peur, encore une fois.
Pas de panique – il y a bien des échéances, et elles ont leur importance mais elles sont en réalité dérisoires si nous avons pris nos précautions financières - et il m’a semblé comprendre que tel était le cas.
Alors « relax » ! De la lutte oui, plus que jamais et bien dure, car il y a le feu à la gauche en France. Mais pas de précipitation cependant.
Nous devons prendre notre temps, le temps de nous redonner des bases bien solides, de restaurer les fondations, le temps de la politique, qui est infiniment long, et qu’il faut savoir jumeler avec le temps électoral, qui lui est très bref.
Les élections. Bien-sûr, il faut les gagner – pas de politique communiste sans pouvoir communiste et pas de pouvoir communiste sans victoires électorales communistes.
Mais nous en perdrons encore ! Et alors ? Si pendant ces moments d’opposition, nous mettons à profit notre temps pour nous renforcer et reconstruire, où est le drame ? La défense de la classe ouvrière ? Evidemment ! Mais que défendrons nous si nous sommes « morts » ?
Or, et c’est là l’étrange beauté de ce 22 avril 2007, nous ne sommes pas morts ! Je le répète comme un leitmotiv, mais c’est en réalité l’assertion d’une évidence : nous sommes encore et toujours la 3ème force politique française !
Qu’il ait échappé à certains camarades élus, qui n’ont pas bougé de leurs fauteuils pendant la campagne, qu’une vraie vague d’espoir et d’affection s’était avancée vers nous pendant ces derniers mois, ne m’étonne pas.
C’est le jugement « du haut de la colline », et pour moi il n’a aucune valeur.
Car nous, les militants, nous l’avons vécu et vu sur le terrain à maintes reprises.
En tant qu’il est un anticapitalisme, le communisme dérangera toujours les puissants et sera évidemment combattu avec un acharnement frôlant parfois l’hystérie !
La difficulté à résoudre aujourd’hui est qu’en devenant puissant, l’anticapitalisme ne broie pas à son tour les êtres (même si on en fait pas d’omelette sans casser des œufs…).
Face à cette tâche à laquelle nous devons nous atteler dès aujourd’hui, nous devons être unis et fraternels comme nous l’avons été ces dernières semaines. Nous devons être humbles aussi.
Toutefois, il ne faut pas douter de la justesse et de la nécessité de notre combat.
Que ceux ou celles qui ne veulent pas le mener avec nous s’en aillent. La porte est ouverte à ceux qui veulent nous rejoindre et l’est également à ceux qui veulent nous quitter.
Pour l’heure, cette campagne nous a décomplexés, dans notre grande majorité, et nous avons reconquis notre dignité, cette dignité qui nous vient de l’accueil chaleureux et attentif que le peuple a réservé aux communistes durant toutes ces journées et ces soirées de combat politique.
Quel qu’ait été notre score, nous avons renoué avec une dynamique de combats. Il ne faut pas lâcher cette dynamique.
Nous avons vu, dans les meetings, dans les réunions, les porte-à-porte, la ferveur que suscitait encore notre Idéal, l’espoir que générait notre combat, porté par la fougue des nouvelles générations avec l’aide de l’expérience des générations plus âgées.
Et cela est une force immense ! Nous sommes, je le pense sincèrement, le dernier endroit où existe un tel dialogue entre vieux et jeunes, le dernier endroit aussi où existe une mixité réelle, merveilleuse peinture de l’humanité aux couleurs chatoyantes et mélangées…
Bien-sûr, aujourd’hui, nous allons nous battre contre la droite de Sarkozy, c’est notre mission première, dans ce contexte, "TOUT FAIRE POUR NE PAS AGGRAVER LES SOFFRANCES DE CEUX QUI N"EN PEUVENT DÉJÀ PLUS".
Et, pour ce faire, la majorité du PS - qui ne connaît plus rien à l’anticapitalisme - va avoir bien besoin de nos renforts - qu’ils le veuillent ou pas.
Alors, oui, nous allons continuer à faire entendre nos voix dans cette campagne !
Mais il faut le dire avec détermination : nous devons nous démarquer absolument et radicalement de Ségolène Royal et de son programme - celui du PS - avec lequel je suis, aujourd’hui, en opposition sur sa presque totalité.
Non, le communisme n’est pas soluble dans la démocratie chrétienne, fut-elle de « gôôôôche » !
Les idées véhiculées par Mme Royal et son équipe sont hérétiques pour tous vrais socialistes !
Et,il n'est pas question que je cautionne ses propositions libérales... saupoudrées de misérabilisme.
Ce que nous voulons, Madame Royal, ce n’est pas la charité !
Ce que nous voulons, c’est vivre libres et dignes.
Aussi, nous devrons , après nous être battus pour faire échouer le projet de l’ultra- capitaliste Sarkozy, nous battre de nouveau, non pas contre les socialistes, mais contre la politique du PS et de ses dirigeants, qui déraillent complètement et doivent être arrêtés dans leurs dérives, dérives dans laquelle ils entraînent toute la gauche.
Nous devrons faire en sorte, si Mme Royal est élue, qu’elle n’ait aucun répit qui pourrait lui permettre d’oublier que c’est grâce aux voix communistes et à nos combats qu’elle est à l’Elysée.
Et qu’à ce titre, elle a des devoirs.
Et avec elle, l’ensemble des dirigeants PS.
Cela ne signifie pas que nous quémandons des « accords » pour les législatives !
Ces sièges au Parlement, nous allons les prendre par la lutte et la victoire, et non parce qu’on les aura troqués contre notre docilité.
Et si nous les perdons, ce ne sera pas grave.
Mais nous devons sortir de cette logique de prisonniers consentants et ça, ça doit se faire dès maintenant.
(Parce qu’il faut aussi que nous rénovions la vie politique et que, pour ce faire, il faut commencer par donner l’exemple nous-mêmes.)
Nous serons donc dans l’opposition -face à Royal et au PS, après le 6 mai, même en ayant contribué volontairement à la porter au pouvoir - car le PS, aujourd’hui... vraiment, nous ne pouvons plus nous rejoindre…
Aussi faut-il appeler chaque électrice et chaque électeur communiste à voter massivement contre Nicolas Sarkozy -sans état d’âme- non pour faire gagner Royal, mais pour battre la droite et défendre nos vies.
Il faudra donc amplifier la lutte et pour cela, mes camarades, mes ami-e-s, sans désemparer, gagner la campagne des législatives.
Le 10 juin 2007, aucune voix ne devra manquer à nos candidat-e-s !
Il faut laver l’affront fait à la liberté causé par ce « vote utile ».
Chaque fois que nous le pourrons, chaque fois porter les nôtres en triomphe au Palais Bourbon.
En ce qui me concerne je serai candidate dans le 16ème arrondissement parisien (15ème circonscription).
Autant dire que ce sera -sans nul doute possible- une candidature « de témoignage », mais que je ferai -néanmoins- de toutes mes forces avec l’aide de tous les camarades qui se joindront à nous.
De grâce, ne recommençons pas les manœuvres qui nous ont conduits là où nous sommes depuis 2002 et qui ont été initiées dès 1995 !
Qu’il soit bien clair pour tout le monde que les communistes vont faire campagne à fond et jusqu’au bout pour le peuple et pour le projet communiste avant tout.
Dans cette bataille, nous serons incorruptibles, car c’est le meilleur moyen d’être libres.
Et être libres, c’est le meilleur moyen de faire le communisme du 21ème siècle.
Peuple de gauche, le Parti communiste français est aujourd’hui l'ultime et seul parti véritablement Socialiste en France qui puisse gouverner et changer les choses pour notre bien à tous et à toutes.
Quoi que vous votiez, dans quelques jours, le 6 mai prochain - pour beaucoup, la mort dans l’âme - il faudra vous ressaisir dès le 7 mai pour battre la droite durablement, ce qui ne sera possible qu’avec une gauche de courage qui porte haut les couleurs du communisme.
Le 22 avril est déjà derrière nous et le 6 mai n’est jamais qu’une étape !
Camarades, serrons les rangs et luttons !
Elodie TUAILLON
mardi 24 avril 2007