LIS... Gilles Artigues, député UDF de la Loire : « Un mur commence à se fissurer » ...MÉDITE !
« Un mur commence à se fissurer » Par Gilles Artigues, député UDF de la Loire. Vous n’allez pas être d’accord avec notre arithmétique, sans doute, mais si l’on additionne les 31,5 % de Nicolas Sarkozy et les 18,5 % de François Bayrou au premier tour, n’obtenons-nous pas une majorité pour la droite ? Gilles Artigues. Cette addition n’a sincèrement aucun sens, les électeurs de François Bayrou sont loin d’être tous à droite, et ceux qui y sont se vivent comme de droite modérée. Nous pensons à l’UDF que de toutes façons le clivage gauche-droite est dépassé, je récuse avec force cette affirmation. On constate tout de même, à travers les programmes de ces deux candidats, qu’ils vont vers moins de protection collective et plus de droits individualisés. Ce qui peut être pris comme un signe de droitisation. Gilles Artigues. Je crois que l’enseignement principal du premier tour de cette élection est l’avènement d’une force nouvelle, une troisième force incarnée par François Bayrou, qui souhaite non pas opposer les principes que vous évoquez, mais faire en sorte que la France puisse être dirigée en tenant compte de valeurs qui peuvent être de droite comme de gauche. Nous n’y sommes pas arrivés complètement, mais incontestablement cela nous positionne dans d’excellentes conditions pour 2012. Quand François Bayrou dit que « l’État ne peut pas s’occuper de tout », c’est bien qu’il se positionne là par rapport à une valeur traditionnelle de la gauche, une tradition jacobine ? Gilles Artigues. Effectivement, sur ce point-là, il rejette cette volonté de mettre de l’État partout. Il pense que le citoyen doit être également responsable. Ce qui ne veut pas dire ne pas tendre la main à celui qui est en difficulté. La France a une vocation de solidarité, de générosité. Et quand un de nos concitoyens a un coup dur, il faut être là non pour l’assister ou le plaindre, mais le remettre en selle. Ça, c’est une valeur plutôt du centre. Encore une fois les clivages ne sont plus entre gauche et droite, il suffit de voir qu’ils sont sur certains sujets à l’intérieur même des partis, que certains à gauche pensent comme à droite. Il faut casser ce mur de Berlin entre les deux, qui a commencé à beaucoup se fissurer en 2007. Il est bien ébranlé. Diriez-vous qu’il y a plus de convergences que de divergences entre les programmes de Ségolène Royal et de François Bayrou ? Gilles Artigues. Je suis plutôt de centre droit, ça m’est difficile de me tourner vers cette gauche-là. Mais quand Nicolas Sarkozy laisse supposer que l’identité nationale serait menacée par l’immigration, depuis qu’il dit que tout est prédestiné à la naissance, moi, je ne peux pas, cela heurte trop mes convictions. Pour le second tour je m’en tiendrai à une neutralité parfaite, je voterai blanc. En dépit des promesses d’abord, des menaces ensuite, reçues de l’UMP. J’y résisterai, parce que sincèrement je pense qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’avenir du pays, et ma petite personne a bien peu d’intérêt à ce niveau-là. Entretien réalisé par Lionel Venturini Article paru dans l'édition du 28 avril 2007.